Samedi dernier, une manifestation de désaccord avec la déclaration d'indépendance du Kosovo a été organisée à Prague. Les participants ont été invités à signer une pétition appelant le gouvernement à revenir sur sa décision de reconnaissance du Kosovo autoproclamé, datant du 21 mai 2008.
L'ancien chef de la diplomatie tchèque, Jan Kavan, a été le premier à avoir signé cette pétition. De son côté, le Président du pays Milos Zeman a plus d'une fois qualifié d'erreur cette reconnaissance.
Par ailleurs, le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache a déclaré à la veille de sa visite à Belgrade qu'il ne relevait que de la Serbie de reconnaître ou pas le Kosovo, et que presser la Serbie de reconnaître le Kosovo n'était pas la bonne voie.
La stratégie de l'Union européenne sur les Balkans qui tient compte de l'attitude de l'Espagne, qui ne reconnaît toujours pas le Kosovo et s'oppose résolument à son inclusion dans tout processus d'élargissement de l'UE, a beaucoup affecté Pristina, a rappelé à Sputnik Aleksandar Gajic, de l'Institut serbe d'études européennes.
«Les divergences sur le Kosovo ne datent pas d'aujourd'hui, et les États qui ne l'ont pas reconnu sont fermes sur leur position. D'autre part, la déclaration du vice-chancelier autrichien et les développements en République tchèque témoignent explicitement d'un changement progressif de l'opinion publique dans les pays qui ont reconnu le Kosovo indépendant. Aussi, la Serbie pourrait-elle s'appliquer à les faire revenir sur leur décision», a estimé M.Gajic.
Un autre interlocuteur de Sputnik, le politologue serbe Aleksandar Stojanovic n'a pas exclu lui non plus un tel processus de révision en Europe, l'UE tenant à sauvegarder ce qu'elle a créé depuis 50 ans et ses pays membres aspirant à revenir à l'unité et à la prise de décisions en commun.
«C'est justement la raison pour laquelle l'UE a soutenu Madrid sur la question de la Catalogne. Bruxelles n'a pas besoin d'une multitude d'États minuscules qui fonctionnent mal et qui soient économiquement et politiquement faibles. Le Kosovo s'est avéré un projet mal réussi», a résumé Stojanovic.
Placée sous administration de l'Onu en 1999, la province du Kosovo, historiquement serbe mais peuplée majoritairement d'Albanais, a proclamé son indépendance vis-à-vis de Belgrade en 2008. Ce statut n'est cependant pas reconnu par 35 pays, dont la Russie, la Chine et l'Espagne.