Faute de preuves qu'il connaissait les activités des terroristes qu'il avait hébergés, Jawad Bendaoud, été remis en liberté le 14 février. En innocentant celui que la presse présentait comme le «logeur de Daech», le tribunal correctionnel de Paris a déclenché une tempête de réactions. Le verdict a en effet ravivé l'émotion suscitée par les attentats de 2015.
Beaucoup, à l'image de Marine Le Pen ou encore d'Yves Pozzo di Borgio, dénoncent le laxisme de la justice quitte à faire fi du principe d'indépendance du pouvoir judiciaire.
D'autres, comme c'est le cas du député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu, considèrent que le tribunal «a été trop influencé» par le jeu de dupe du logeur de Daesh.
Du côté des victimes, les réactions sont plus vives. «Révoltés», pleins de haine face à une décision «incompréhensible» ou «scandaleuse», les mots sont forts et la tentation de «se faire justice soi-même» est grande.
Pourtant, une autre tendance, bien que moins imposante, est en train d'émerger. De plus en plus d'internautes se déclarent en effet «fiers» d'une justice qui n'est pas parfaite, mais qui respecte le droit et ne sombre pas dans le jugement émotionnel.
Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan, illustrait cette tendance à la suite de l'annonce de la relaxe de Jawad Bendaoud et saluait une justice qui lui redonne confiance en vue du «futur procès des attentats du 13 novembre».
Car, comme le rappelait Feïza Ben Mohamed, la justice doit rendre son verdict dans le respect de ses valeurs, parmi lesquelles le respect de la présomption d'innocence. Le caractère singulier de l'affaire, ponctuée de petites phrases et de déclarations (faussement?) naïves, avait enflammé les réseaux sociaux, au point que les tribunaux médiatiques avaient acté sa culpabilité et demandaient la tête du «logeur de Daesh».
Le tweet d'une internaute résumait assez bien le paradoxe dans lequel vit la société française après avoir pris connaissance de la relaxe de Jawad Bendaoud: entre fierté des institutions et haine du verdict.