Faute de preuves qu'il connaissait les activités des terroristes qu'il avait hébergés, Jawad Bendaoud, été remis en liberté le 14 février. En innocentant celui que la presse présentait comme le «logeur de Daech», le tribunal correctionnel de Paris a déclenché une tempête de réactions. Le verdict a en effet ravivé l'émotion suscitée par les attentats de 2015.
Beaucoup, à l'image de Marine Le Pen ou encore d'Yves Pozzo di Borgio, dénoncent le laxisme de la justice quitte à faire fi du principe d'indépendance du pouvoir judiciaire.
La justice libère #Jawad Bendaoud, hébergeur des terroristes du 13 novembre. Cet « innocent »pourra librement continuer à dealer de la cocaïne et offrir le gîte à Daesh. Le laxisme de notre justice est une incitation pour nos ennemis et une injure à nos martyrs. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 14 февраля 2018 г.
D'autres, comme c'est le cas du député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu, considèrent que le tribunal «a été trop influencé» par le jeu de dupe du logeur de Daesh.
"Incompréhensible, stupéfiante et très injuste": la mairie de Saint-Denis a "également fait appel" de la relaxe de Jawad Bendaoudhttps://t.co/GmTf2PPqDP pic.twitter.com/PZKTE0KpPQ
— franceinfo (@franceinfo) 15 февраля 2018 г.
Du côté des victimes, les réactions sont plus vives. «Révoltés», pleins de haine face à une décision «incompréhensible» ou «scandaleuse», les mots sont forts et la tentation de «se faire justice soi-même» est grande.
#jawad "C’est scandaleux, S’il faut on fera justice soi même " Patrick qui a perdu sa fille au Bataclan pic.twitter.com/nz22H9MlDk
— 🐸✨ERROR404✨ن 🐸™️ (@_Math_D69) 14 февраля 2018 г.
Pourtant, une autre tendance, bien que moins imposante, est en train d'émerger. De plus en plus d'internautes se déclarent en effet «fiers» d'une justice qui n'est pas parfaite, mais qui respecte le droit et ne sombre pas dans le jugement émotionnel.
La gens vont être choqué mais la justice dit le droit, elle ne fait pas de sentiments, elle n’est pas dans l’émotion. Si la justice dit qu’il n’y a pas de preuve suffisante pour le condamner, mais aux législateurs qui votent et créent la loi #Jawad
— Ezékiel Strong (@Mielocrockant) 14 февраля 2018 г.
Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan, illustrait cette tendance à la suite de l'annonce de la relaxe de Jawad Bendaoud et saluait une justice qui lui redonne confiance en vue du «futur procès des attentats du 13 novembre».
C'est con mais après ce verdict #Jawad je ressens avant tout une certaine fierté de faire partie d'un pays dans lequel la justice fonctionne bien.
— Emmanuel Domenach (@EDomenach) 14 февраля 2018 г.
Un joli message envoyé à la propagande des barbares et à leur justice.
Car, comme le rappelait Feïza Ben Mohamed, la justice doit rendre son verdict dans le respect de ses valeurs, parmi lesquelles le respect de la présomption d'innocence. Le caractère singulier de l'affaire, ponctuée de petites phrases et de déclarations (faussement?) naïves, avait enflammé les réseaux sociaux, au point que les tribunaux médiatiques avaient acté sa culpabilité et demandaient la tête du «logeur de Daesh».
Il faut analyser l’histoire de #Jawad comme l’illustration que la présomption d’innocence demeure essentielle dans une affaire judiciaire. Après plus de deux ans à l’isolement, on découvre qu’il est innocent des faits qui lui ont été reprochés. C’est terrible.
— Feïza Ben Mohamed (@FeizaBM) 14 февраля 2018 г.
Le tweet d'une internaute résumait assez bien le paradoxe dans lequel vit la société française après avoir pris connaissance de la relaxe de Jawad Bendaoud: entre fierté des institutions et haine du verdict.
Honnêtement, je suis assez fière de mon pays, de sa justice et du coup de la relaxe de Jawad MAIS putain j'ai une telle haine de le voir libre et heureux. Une haine que je n'arrive pas à contrôler. C'est plus fort que moi. #Jawad
— Cécilia♫ (@grain_2_sable) 14 февраля 2018 г.