Qu'y a-t-il derrière le ripolinage à venir du Front national?

Tandis que Marine Le Pen s'est dit déterminée à rebaptiser le Front national au printemps, l'eurodéputé français Gilles Lebreton a évoqué pour Sputnik les difficultés que le parti compte surmonter grâce à un nouveau nom, ainsi que les défis à relever dans le cadre de sa ligne générale au niveau européen.
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L'éventuelle réincarnation du Front national, fixée au mois de mars par Marine Le Pen, est expliquée comme «un nouveau chapitre» dans l'histoire du parti. Mais qu'est-ce qui n'est alors pas réalisable avec le nom actuel? Sputnik a interrogé à ce sujet Gilles Lebreton, député français et chef de la délégation du parti au Parlement européen.

«Le nom actuel plait beaucoup aux militants, mais il a un inconvénient: c'est qu'il est marqué par la personnalité de Jean-Marie Le Pen qui a fondé le parti. Et beaucoup d'électeurs ne veulent pas voter pour nous», dans ces conditions, a fait remarquer M.Lebreton. «Dans leurs esprits, c'est associé à Jean-Marie Le Pen. Et Jean-Marie Le Pen suscite chez une partie des électeurs un phénomène de rejet.»

En mars prochain, vous pourrez dire adieu au Front national
En changeant de nom, le FN souhaite étendre ses possibilités: «Le changement, c'est pour nous l'occasion d'avoir un nom qui va nous permettre de capter une nouvelle catégorie d'électeurs. Puisqu'en changeant le nom, on va signifier très clairement qu'on a coupé les derniers liens avec Jean-Marie Le Pen et donc ça va permettre à beaucoup de gens de voter pour nous librement», a estimé M.Lebreton.

En même temps, à l'échelle européenne le parti entend poursuivre son cap traditionnel d'opposition à l'UE, y compris en mettant en place sa propre organisation, tout nouvelle, a ajouté le député. Celui-ci vient d'être nommé à la tête de la délégation du FN au Parlement européen.

«L'objectif du Front national n'a pas changé. Nous sommes contre l'Union européenne, donc nous voulons en finir avec l'UE. Et à sa place nous voulons construire une autre organisation européenne qui respecterait la souveraineté des États. Marine Le Pen appelle cette nouvelle organisation l'Union des nations européennes», a-t-il résumé.

«Coup de force» possible au sein du FN
Intervenant lors de l'émission Le Grand Rendez-vous sur la chaîne Europe 1, Marine Le Pen a affirmé qu'elle proposerait un nouveau nom pour son parti en mars, souhaitant transformer de cette façon le Front national en un parti d'opposition politique qui saurait rassembler une majorité pour la prochaine élection présidentielle française.

Ayant fondé le FN en 1972, Jean-Marie Le Pen en a été exclu en août 2015, après sa déclaration sur les chambres à gaz comme «détail» de la Seconde Guerre mondiale ou pour avoir défendu le maréchal Pétain.

En février 2018, la cour d'appel de Versailles a confirmé son exclusion, le laissant président d'honneur. Ce statut pourra être supprimé lors du congrès du parti qui va avoir lieu à Lille les 10 et 11 mars. Bien qu'il lui soit interdit d'accéder à ce congrès, M.Le Pen a menacé d'y arriver avec l'aide de la «force publique».

Parmi les derniers départs retentissants du parti, il y a celui du vice-président du Front national, Florian Philippot, considéré pendant de nombreuses années comme le bras droit de Marine Le Pen. Son départ, fin août, était une réaction à la décision de Mme Pen de lui retirer ses prérogatives de stratégie et de communication au sein du parti.

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