L'éventuelle réincarnation du Front national, fixée au mois de mars par Marine Le Pen, est expliquée comme «un nouveau chapitre» dans l'histoire du parti. Mais qu'est-ce qui n'est alors pas réalisable avec le nom actuel? Sputnik a interrogé à ce sujet Gilles Lebreton, député français et chef de la délégation du parti au Parlement européen.
«Le nom actuel plait beaucoup aux militants, mais il a un inconvénient: c'est qu'il est marqué par la personnalité de Jean-Marie Le Pen qui a fondé le parti. Et beaucoup d'électeurs ne veulent pas voter pour nous», dans ces conditions, a fait remarquer M.Lebreton. «Dans leurs esprits, c'est associé à Jean-Marie Le Pen. Et Jean-Marie Le Pen suscite chez une partie des électeurs un phénomène de rejet.»
En même temps, à l'échelle européenne le parti entend poursuivre son cap traditionnel d'opposition à l'UE, y compris en mettant en place sa propre organisation, tout nouvelle, a ajouté le député. Celui-ci vient d'être nommé à la tête de la délégation du FN au Parlement européen.
«L'objectif du Front national n'a pas changé. Nous sommes contre l'Union européenne, donc nous voulons en finir avec l'UE. Et à sa place nous voulons construire une autre organisation européenne qui respecterait la souveraineté des États. Marine Le Pen appelle cette nouvelle organisation l'Union des nations européennes», a-t-il résumé.
Ayant fondé le FN en 1972, Jean-Marie Le Pen en a été exclu en août 2015, après sa déclaration sur les chambres à gaz comme «détail» de la Seconde Guerre mondiale ou pour avoir défendu le maréchal Pétain.
En février 2018, la cour d'appel de Versailles a confirmé son exclusion, le laissant président d'honneur. Ce statut pourra être supprimé lors du congrès du parti qui va avoir lieu à Lille les 10 et 11 mars. Bien qu'il lui soit interdit d'accéder à ce congrès, M.Le Pen a menacé d'y arriver avec l'aide de la «force publique».
Parmi les derniers départs retentissants du parti, il y a celui du vice-président du Front national, Florian Philippot, considéré pendant de nombreuses années comme le bras droit de Marine Le Pen. Son départ, fin août, était une réaction à la décision de Mme Pen de lui retirer ses prérogatives de stratégie et de communication au sein du parti.