La Tunisie a été inscrite, ce 7 février, sur la liste noire européenne des «États exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme», après qu'une motion de rejet votée par le Parlement européen ait manqué de peu la majorité requise.
«La liste noire en question ne comportait début décembre que 11 pays, dont 5 pays du MENA- tous pays en guerre (Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen) plus l'Iran, mais pas la Libye ni aucun pays du Golfe. Que vient faire la Tunisie là-dedans?», s'est exclamée, lundi, l'eurodéputée GUE/NGL, Marie-Christine Vergiat devant le Parlement européen.
Si le Sri Lanka et Trinité-et-Tobago sont également concernés par cette inscription, il s'agit de la deuxième fois en deux mois que Tunis se retrouve blacklistée par Bruxelles. Le 5 décembre dernier, les ministres de finances de l'UE avaient inscrit ce pays dans une liste noire de paradis fiscaux, avant de revenir le 23 janvier dernier sur cette décision, perçue par Tunis comme «injuste».
D'une certaine manière, il a été servi…
Lors du même point de presse, son homologue européenne, Fédérica Mogherini, avait pourtant assuré les Tunisiens du soutien indéfectible de l'UE.
«Du double discours!» fustige une source diplomatique tunisienne, alors que le ministère des Affaires étrangères n'avait pas encore commenté, à 15 h GMT, cette décision.
«Alors que dans les discours publics, les Européens insistent sur l'importance que revêt à leurs yeux le processus entamé en Tunisie, dans les coulisses, on ne se gêne pas pour le saboter avec des décisions comme celle-ci, qui nuit clairement à l'image de la Tunisie, comme à nos relations avec l'UE, notre premier partenaire stratégique»,
Concrètement, ce classement impliquera une vigilance renforcée sur les transactions internationales, notamment dans le secteur privé.
«Autant d'alourdissement de procédures dont les Tunisiens se seraient volontiers passés, surtout par les temps qui courent», a conclu la même source.
La Commission européenne, par la voix de sa commissaire à la justice, Vera Jourova, s'est voulue rassurante. La décision pourrait être réévaluée cette année, «le plus tôt possible», et aboutir, éventuellement au retrait de la Tunisie. Ce sera, en revanche, selon «les progrès» réalisés en la matière, et « nous n'en sommes pas encore là». Entre temps, quelques heures seulement après le vote du Parlement européen, le gouverneur de la Banque centrale tunisienne a été démis de ses fonctions.