Tunis sur une nouvelle liste noire de l’UE, «Bruxelles sabote le processus démocratique»

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C’est la deuxième fois en l’espace de deux mois que la Tunisie, «démocratie naissante» dont le premier partenaire stratégique est l’UE, est inscrite sur une liste noire européenne. Ce nouvel épisode mettrait en exergue, selon une source diplomatique, «un double discours» de Bruxelles à l’égard de la Tunisie.

La Tunisie a été inscrite, ce 7 février, sur la liste noire européenne des «États exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme», après qu'une motion de rejet votée par le Parlement européen ait manqué de peu la majorité requise.

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Des eurodéputés, auteurs de la motion, entendaient contester une décision de la Commission européenne pointant «des failles stratégiques dans (les) systèmes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme» en Tunisie, «une démocratie naissante qui a besoin de soutien» d'autant plus que la liste noire «ne reconnaît pas les récentes mesures prises pour renforcer son système financier contre les activités criminelles», soutiennent ces députés.

«La liste noire en question ne comportait début décembre que 11 pays, dont 5 pays du MENA- tous pays en guerre (Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen) plus l'Iran, mais pas la Libye ni aucun pays du Golfe. Que vient faire la Tunisie là-dedans?», s'est exclamée, lundi, l'eurodéputée GUE/NGL, Marie-Christine Vergiat devant le Parlement européen.

Si le Sri Lanka et Trinité-et-Tobago sont également concernés par cette inscription, il s'agit de la deuxième fois en deux mois que Tunis se retrouve blacklistée par Bruxelles. Le 5 décembre dernier, les ministres de finances de l'UE avaient inscrit ce pays dans une liste noire de paradis fiscaux, avant de revenir le 23 janvier dernier sur cette décision, perçue par Tunis comme «injuste».

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Le nouveau classement intervient, pour sa part, au lendemain d'une visite de travail effectué par le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui, à Bruxelles. Le chef de la diplomatie tunisienne avait alors espéré «des signaux forts» de la part de l'Union européenne pour soutenir la transition démocratique dans ce pays, où un soulèvement populaire a renversé le régime autoritaire de Ben Ali en janvier 2011.

D'une certaine manière, il a été servi…

Lors du même point de presse, son homologue européenne, Fédérica Mogherini, avait pourtant assuré les Tunisiens du soutien indéfectible de l'UE.

«Du double discours!» fustige une source diplomatique tunisienne, alors que le ministère des Affaires étrangères n'avait pas encore commenté, à 15 h GMT, cette décision.

«Alors que dans les discours publics, les Européens insistent sur l'importance que revêt à leurs yeux le processus entamé en Tunisie, dans les coulisses, on ne se gêne pas pour le saboter avec des décisions comme celle-ci, qui nuit clairement à l'image de la Tunisie, comme à nos relations avec l'UE, notre premier partenaire stratégique»,

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a poursuivi cette source à Sputnik en indiquant y voir une pression pour pousser la Tunisie à adhérer, aux conditions européennes, à l'Accord de libre-échange concret et approfondi (ALECA), actuellement en négociation.

Concrètement, ce classement impliquera une vigilance renforcée sur les transactions internationales, notamment dans le secteur privé.

«Autant d'alourdissement de procédures dont les Tunisiens se seraient volontiers passés, surtout par les temps qui courent», a conclu la même source.

La Commission européenne, par la voix de sa commissaire à la justice, Vera Jourova, s'est voulue rassurante. La décision pourrait être réévaluée cette année, «le plus tôt possible», et aboutir, éventuellement au retrait de la Tunisie. Ce sera, en revanche, selon «les progrès» réalisés en la matière, et « nous n'en sommes pas encore là». Entre temps, quelques heures seulement après le vote du Parlement européen, le gouverneur de la Banque centrale tunisienne a été démis de ses fonctions.

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