«Tous les dirigeants du pays devraient écouter les exigences et les souhaits du peuple. […] Le régime précédent […] a tout perdu précisément parce qu'il n'a pas écouté la voix et les critiques de la population.»
Rappelons qu'Hassan Rohani est un politique modéré, bien loin de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad. Lors de son premier mandat à la tête du pays, Rohani avait prôné une politique d'ouverture, notamment par l'accord sur le nucléaire iranien de 2015. L'étau sur l'économie iranienne devait donc se desserrer et le rapprochement avec les grandes puissances occidentales devait justifier le virage politique du président actuel.
Mais cette tendance était peu sensible à la fin du premier mandat d'Hassan Rohani. Si bien que le Guide Suprême a tergiversé avant de confirmer la possible réélection du président en place. Refusant la candidature Mahmoud Ahmadinejad, Ali Khamenei a choisi un proche, l'ultra-conservateur Ebrahim Raisi.
Et, finalement, le peuple a réélu dès le premier tour le président sortant. Mais cette élection ne garantissait pas pour autant la fin d'une opposition nationale aux politiques libérales de Rohani. Les manifestations, qui ont débuté le 28 décembre 2017, et qui ont provoqué la mort de 25 personnes selon les chiffres officiels, ont rappelé la fragilité du chef de l'État dans un premier temps.
Cependant, il convient de faire une distinction dans les rangs des contestataires et dans ceux de l'élite au pouvoir.
Si c'est bien par l'intermédiaire de l'Ayatollah Khamenei que les manifestations prirent fin, les deux camps, modérés et conservateurs, ont pu être calmés.
Bloquée rapidement après les premières manifestations par les organes de sécurité nationaux, la messagerie Telegram, utilisée par plus de la moitié de la population iranienne, fut de nouveau accessible ce 14 janvier.
Si les conservateurs au pouvoir dans de nombreuses institutions politiques et sécuritaires avaient dénoncé la mollesse du gouvernement, Hassan Rohani a rapidement réagit. Il a critiqué la restriction des réseaux sociaux et son ordre de les rétablir a finalement été appliqué, lui conférant de fait une victoire de plus sur les conservateurs.
[Le Shah] «n'a pas écouté les conseils du peuple. Il n'a pas plus écouté les voix des réformateurs, de ses conseillers, des universitaires, de l'élite et des gens instruits.»
Face aux critiques des gardiens de la Révolution, Hassan Rohani leur rappelle donc l'histoire politique récente de l'Iran et il n'hésite pas à interpréter le bouleversement de 1979 pour mettre en garde ses opposants. Même si le contexte actuel, sur le plan international, semble jouer en sa défaveur. En effet, depuis l'accord de juillet 2015, la relation avec les pays occidentaux a, dans les faits, peu évoluée, principalement à cause du positionnement des États-Unis de Donald Trump.
Conscient de ce pouvoir presque sans limite, Hassan Rohani n'a donc pas attaqué frontalement les gardiens de la Révolution. Il a même réaffirmé son allégeance à l'«héritage» de Khomeiny et a prôné que le peuple iranien «préservera […] à jamais la République islamique».
Considérant, à l'instar de ses opposants sur le plan national, que les ennemis de l'Iran avaient tenté de profité des manifestations pour déstabiliser le pouvoir en place, le Président iranien a aussi évoqué dans son discours, relayé par l'AFP, l'importance de l'unité nationale:
«Aussi longtemps que le peuple chérira la culture de l'islam et l'Iran, et qu'il préservera son unité nationale, aucune superpuissance ne pourra changer le destin de cette nation»