Mais ce calme apparent est-il le signe d'une véritable détente?
Les négociations qui se déroulent depuis une semaine entre Pyongyang et Séoul portent sur la réunification des familles coréennes séparées, la reprise des négociations sur la prévention des incidents militaires, ainsi que la cessation de toute activité créant une tension. Par contre, la question du désarmement nucléaire de la péninsule coréenne n'est pas abordée en principe: les représentants nord-coréens ont catégoriquement refusé d'évoquer ce problème, écrit le site d'information Gazeta.ru.
Cependant, on ignore pour quelle raison ce succès uniquement local et purement sportif du dirigeant nord-coréen a été proclamé comme un grand exploit dans le règlement de la situation sur la péninsule coréenne.
Les négociations avec la Corée du Nord sur la question nucléaire durent depuis 1992, époque à laquelle l'AIEA avait découvert que Pyongyang avait réduit la quantité de plutonium fabriqué par transformation de combustible nucléaire usagé. Cet événement est le point de départ de la longue histoire des négociations de la communauté internationale avec la dynastie Kim, qui se déroulent depuis plus d'un quart de siècle sans absolument aucun résultat. Durant cette période de vains débats verbaux, la Corée du Nord a créé l'arme nucléaire et ses vecteurs — des missiles intercontinentaux d'une portée supérieure à 12.000 km.
Mais pendant ce temps, il y aura indéniablement un progrès dans un autre domaine: la Corée du Nord fera non seulement passer ses forces nucléaires stratégiques à un niveau supérieur, mais elle pourrait également créer son propre groupe orbital de différents vaisseaux spatiaux et lancer l'arme nucléaire dans l'espace extra-atmosphérique.
Récemment, le président américain Donald Trump est également arrivé à cette conclusion. Il a jugé que le secrétaire d'État américain Rex Tillerson ferait mieux de ne pas négocier avec les autorités nord-coréennes car c'était, selon lui, «une perte de temps». «J'ai dit à notre excellent secrétaire d'État Rex Tillerson qu'il perdait son temps en essayant de négocier avec Rocket Man», a déclaré Donald Trump sur Twitter.
Au sujet du problème coréen le président américain ne garde pas la langue dans sa poche — et le leader nord-coréen le lui rend bien.
Donald Trump a qualifié Kim Jong-un de «chiot enragé», de «petit gros» et de «petit homme-fusée». La dernière expression a un double-sens — c'est aussi le surnom donné aux toxicomanes.
En commentant le discours du président américain à l'Assemblée générale des Nations unies, Kim Jong-un a qualifié les menaces proférées à l'égard de la Corée du Nord d'«absurdité inouïe» et a promis de «dompter par le feu le vieil américain fou», puis il a comparé Trump à un «gangster communiquant avec tous les pays avec des menaces et par le chantage», et conclu en disant que le discours de Trump ressemblait à un «aboiement de chien». D'autres représentants nord-coréens ont promis aux USA une «mer de feu» et la «fin du monde».
Bref, la moitié de ce qui a été dit suffirait amplement pour déclarer une guerre.
Il est certain à 100% qu'en aucune circonstance la Corée du Nord ne renoncera à la possession de l'arme nucléaire et à ses vecteurs, aussi convaincantes que soient les garanties de la communauté internationale. La bombe nucléaire, pour Kim Jong-un, est la seule condition du maintien de son régime.
Kim Jong-un considère très probablement ceux qui pensent que la pacification de Pyongyang peut être réglée uniquement par les négociations — comme Vladimir Lénine — comme des «idiots utiles» parce qu'ils lui permettent de gagner du temps et de renforcer davantage ses propres forces stratégiques.
La dénucléarisation de la péninsule coréenne, aussi regrettable que cela puisse paraître pour les combattants infatigables de la paix dans le monde, ne peut être accomplie de toute évidence que par la voie militaire. C'est précisément l'avis de la plupart des analystes militaires occidentaux.
Selon eux, il n'existe aucune autre solution — à part laisser en paix Pyongyang et observer passivement comment la quantité et la qualité de l'arsenal nucléaire de Kim Jong-un s'accroît.
Après tout, c'est ce qui a été fait avec l'Inde et le Pakistan — et personne ne menace ces deux grands pays asiatiques de guerres ni de sanctions.
Il faut croire que pour apaiser l'opinion publique mondiale, Kim Jong-un marque simplement une «trêve sportive» pendant la préparation et le déroulement des JO de Pyeongchang. Cependant à peine le drapeau olympique sera-t-il retombé et les derniers accords de l'hymne joués, les essais nucléaires et balistiques nord-coréens reprendront de plus belle.
Kim Jong-un a encore beaucoup de travail à accomplir pour la modernisation de son arsenal nucléaire: les spécialistes planchent actuellement sur la précision du guidage des missiles intercontinentaux nord-coréens, il faut poursuivre la miniaturisation des ogives et créer des munitions spéciales pour les missiles tactiques, les obus, les bombes aériennes non guidées et l'artillerie. A court terme, le dirigeant nord-coréen voudra certainement doter ses forces stratégiques nucléaires en ogives thermonucléaires et créer des forces stratégiques nucléaires navales.
De leur côté, les États-Unis n'auront pas de raisons de se considérer comme une puissance militaire de premier rang, ni de considérer leur théorie de frappe globale rapide comme viable tant qu'il ne régleront pas le problème des forces nucléaires stratégiques nord-coréennes.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.