Imaginés au XVIe siècle, les sous-marins ont longtemps suscité le scepticisme, avant de s’imposer pendant la Première Guerre mondiale. Ces cent dernières années, l’humanité les a transformés en véritable force militaire. Voici une liste de dix appareils qui ont marqué l’histoire de l’industrie des submersibles.
Projet 705 Lira, le plus révolutionnaire
Le sous-marin nucléaire d’attaque soviétique du projet 705/705K Lira (code Otan: Alfa), presque invulnérable aux armes de son époque, a révolutionné l’industrie des sous-marins. Le réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb-bismuth était bien en avance sur son temps. Ce submersible compact avec un équipage de seulement 30 personnes pouvait atteindre sa vitesse maximale en plongée (plus de 40 nœuds) en moins d’une minute et faire un demi-tour en 42 secondes sans ralentir. Ses systèmes de bord et même sa cuisine étaient automatisés au maximum. Sa coque était en titane.
Toutefois, la maintenance des sous-marins de classe Lira s’est avérée très complexe. Les ingénieurs ont constaté la fissuration des joints soudés de la coque en titane sur le modèle d’essai. Il fallait en outre maintenir en permanence le réacteur du sous-marin en état opérationnel pour que la température du fluide caloporteur ne descende au-dessus des 120°C, ce qui rendait problématique tout arrêt du réacteur pour des opérations de maintenance. Tous les sous-marins de cette classe ont été retirés du service en 1990.
K-278 Komsomolets, capable de plonger le plus profondément au monde
Le K-278 Komsomolets, le seul sous-marin nucléaire du projet 685 Plavnik, a battu le record du monde de profondeur de plongée en atteignant 1.027 mètres le 4 août 1985. Sa double coque était en titane.
Mais ce sous-marin a coulé le 7 avril 1989 en mer de Norvège à la suite d’un incendie qui s’est déclaré à son bord pour des raisons restées indéterminées.
K-162 Antchar, le plus rapide de l’histoire
Le sous-marin nucléaire lanceur de missiles K-162 Antchar (code Otan: Classe Papa), renommé plus tard K-222) reste aujourd’hui encore le submersible le plus rapide du monde. Le 18 décembre 1970, il a réussi à atteindre la vitesse de 44,7 nœuds (82,78 km/h) en plongée. Aucune torpille de l’époque ne pouvait le rattraper.
Malheureusement, ce sous-marin ultra-rapide long de 120 mètres était trop bruyant. Lorsqu’il avançait à plus de 35 nœuds, le niveau de bruit au poste central s’élevait à 100 décibels, ce qui est équivalent au bruit produit par un klaxon automobile ou par une rame de métro à une distance de 5 à 7 mètres. L’Antchar était facilement détectable de loin.
Son autre point faible était son prix exorbitant. L’URSS a fini par renoncer à la fabrication de ce submersible, baptisé «Poisson d’or» par les marins. Le K-162 a été retiré d’exploitation en 1984.
Projet 636.6 Varchavianka, le plus silencieux
Le point fort des sous-marins du projet modernisé 636.3 Varchavianka (Improved Kilo, selon le code de l'Otan) est leur discrétion. Les experts de l’Otan ont baptisé ce sous-marin diesel-électrique polyvalent de 3e génération «trou noir».
Chaque sous-marin de cette série est équipé de 18 torpilles et de huit missiles.
Le 31 octobre 2017, le sous-marin russe B-268 Veliki Novgorod, du projet 636.3 Varchavianka, a détruit plusieurs cibles terroristes en Syrie avec ses missiles de croisière Kalibr.
Projet 613, le plus diversifié
L’URSS a construit 215 sous-marins diesel-électriques du projet 613 (code Otan: Whiskey), dont 43 ont plus tard été exportés. Il s’agit de la première classe de sous-marins exporté par l’Union soviétique. En plus, 21 sous-marins de ce type ont été construits en Chine à à partir des plans soviétiques et avec des composants soviétiques.
Au total, 21 versions de ce sous-marin ont été conçues, dont des appareils dotés de missiles de croisière, équipés de générateurs électrochimiques ou destinés à mener des expériences biologiques.
Projet 949A Anteï, le plus meurtrier
Mis à l’eau en 1985, le sous-marin soviétique Anteï doté de deux réacteurs nucléaires a un déplacement de 24.000 tonnes et est armé de 24 missiles de croisière du système antinavire Granit. Les sous-marins du projet 949A sont surnommés «tueurs de porte-avions».
Au total, l’URSS et la Russie ont mis en service onze sous-marins du projet Anteï dont le sous-marin K-141 Koursk, qui a coulé en mer de Barents le 12 août 2000.
Ohio, armé jusqu’aux dents
Les sous-marins lanceurs d’engins américains de la classe Ohio sont considérés comme les mieux armés au monde. Le dernier construit, l’USS Louisiana (SSBN-743), est entré en fonction le 6 septembre 1997.
Les sous-marins nucléaires Ohio constituent la base des forces nucléaires des États-Unis. Selon les analystes occidentaux, leurs systèmes de lancement des missiles contiennent la moitié des réserves d’armes nucléaires américaines.
Projet 941 Akoula, le plus grand
Long de 172,8 mètres, le sous-marin nucléaire lourd Akoula (code Otan: Typhoon) a un déplacement de 49.800 tonnes. La taille de ce sous-marin, grand comme une maison de huit étages, s’explique par les gabarits des missiles dont il est armé: vingt missiles balistiques intercontinentaux à trois étages R-39 Variant (RSM-52) d’une portée de plus de 8.300 km équipés de dix ogives mirvées à guidage individuel d’une puissance de 200 kilotonnes.
Les missiles R-39 à combustible solide sont deux fois plus longs et trois fois plus lourds que leurs concurrents américains Trident qui équipent les sous-marins de la classe Ohio. Chaque missile R-39 pèse 90,1 tonnes.
Un requin grimaçant et s'enroulant autour d'un trident, qui est représenté sous la ligne de flottaison du premier submersible du projet 941, a valu le surnom d’Akoula («requin» en russe) à l’ensemble de la série.
A l’heure actuelle, le TK-208 Dmitri Donskoï est le seul sous-marin du projet Akoula toujours en service. Il a été modernisé pour lancer les missiles balistiques Boulava.
Rubis, le plus compact
Le titre des sous-marins militaires les plus compacts du monde appartient aux sous-marins d’attaque français Rubis.
Dans le même temps, ces petits submersibles ne sont pas si inoffensifs qu’on pourrait le croire. Chaque Rubis est équipé de 14 torpilles de 550 mm et peut emporter des missiles de croisière Exocet. Son réacteur nucléaire lui permet de rester en mission autonome entre 45 et 60 jours et la structure de ses compartiments rendre la vie à bord relativement confortable pour son équipage de 57 personnes.
U-Boot de type VII, le plus utilisé
Le premier sous-marin diesel-électrique allemand de la 7e classe — U-Boot Klasse VII – a été mis à l’eau en 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich en a fabriqué 703, un record historique de production en série de sous-marins.
Les U-Boot de type VII ont été très performants. Le fameux U-48 a notamment réalisé sept missions d’une durée totale de 325 jours et a coulé 51 bateaux civils et un navire militaire pendant la guerre. Le 3 mai 1945, pour éviter sa capture et pour répondre aux ordres de l'amiral Karl Dönitz de l'opération Regenbogen, il a été sabordé volontairement dans la baie de Kupfermühle au large de Neustadt in Holstein.
Trafalgar, le meilleur sonar
Le sous-marin nucléaire britannique Trafalgar serait doté du meilleur sonar au monde, d’après la Royal Navy qui compte sept navires de ce type. Le submersible est armé de missiles de croisière Tomahawk et de torpilles.
Mis en service en 1981, les appareils de la classe Trafalgar ont été les submersibles plus rapides et les plus modernes de la Marine britannique jusqu’à l’apparition des sous-marins de la classe Astute qui devraient les remplacer d'ici à 2022.