"Une crise imposée" par l'Occident: 64 ans après l'indépendance, la RCA reste "un pays bloqué"

Bangui (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 13.08.2024
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La République centrafricaine, qui célèbre le 64e anniversaire de son indépendance, est toujours "un pays bloqué" sur le plan économique, selon Prince Jérémie Yadoungoun. Cet expert de la politique explique à Sputnik Afrique ce que le peuple centrafricain devrait faire pour s'affranchir des manipulations occidentales.
La République centrafricaine, "l'un des pays les plus riches du monde sur le plan naturel" reste bloquée économiquement 64 ans après avoir proclamé son indépendance par rapport à la France, a déclaré à Sputnik Afrique Prince Jérémie Yadoungoun, analyste politique, à l'occasion du 64e anniversaire de l'accession à l'indépendance de la RCA, célébré ce mardi 13 août.
"Si le chef centrafricain qui est au pouvoir cherche à nouer des relations avec d'autres pays amis, avec d'autres puissances, ce Président est chassé systématiquement. Cela veut dire que ce n'était pas une indépendance en tant que telle. On nous donnait juste un petit bout de papier […] . Mais pire encore, sur le plan économique, ce pays est bloqué", a-t-il indiqué.
"On ne veut pas que la République centrafricaine essaie de mettre en valeur les potentialités naturelles que ce pays dispose", a-t-il ajouté.

"Aujourd'hui, la crise centrafricaine n'est pas une crise d'ethnies, ce n'est pas une crise religieuse, ce n'est pas une crise liée à la mal-gouvernance. Peut-être la mal-gouvernance, mais ce n'est pas une crise proprement dite, c'est une crise imposée: quand un chef d'État centrafricain veut s'émanciper de l'Occident [...], ce Président est combattu de tous bords. Ils vont activer ce qu'on appelle leur marionnette", estime l'expert.

La France cherche toujours à imposer sa volonté

Selon lui, 64 quatre ans après la proclamation de l'indépendance de la République centrafricaine, les Occidentaux ne veulent toujours pas voir ce pays être libre et la France essaie encore de "dicter" sa conduite au pays.
"Les Français n'ont jamais considéré la République centrafricaine comme un État. Pour eux, c'est leur chasse gardée. La Centrafrique c'est leur réserve pour la génération future. Pour la France de 2300, 2500. Vous imaginez? Nous sommes en 2030, plutôt 2024. Nous avons accédé à l'indépendance en 1960, mais dès 1960, ils considéraient la Centrafrique comme leur réserve", a-t-il affirmé.

Étape de prise de conscience

Le peuple centrafricain, sa jeunesse comme ses leaders, sont cependant entrés dans une phase de prise de conscience et veulent désormais travailler "avec des partenaires qui nous respectent dans notre souveraineté".
"Aujourd'hui il y a une prise de conscience. Le peuple centrafricain en a marre d'être marginalisé, malmené, torturé d'abord par les Français et aujourd'hui par d'autres qui viennent, qui sont des marionnettes des puissances occidentales", souligne Prince Jérémie Yadoungou.

Mettre en valeur le continent

Économiquement, la Centrafrique doit être libre d'exploiter ces propres ressources, en particulier dans les secteurs agricoles, énergétique et minier, souligne encore Prince Jérémie Yadoungou.
Une meilleure mise en valeur de ces ressources permettrait notamment d'endiguer la fuite de la jeunesse vers l'Europe.
"Si les Africains eux-mêmes n'arrivent pas à se valoriser, personne ne viendra les valoriser. Je vois aujourd'hui de jeunes Africains qui vont mourir en mer pour aller chercher l'Eldorado en Europe. C'est mal. On a tout en Afrique. Les dirigeants doivent comprendre qu'il faut mettre en valeur le potentiel du continent pour éviter ces fuites, éviter que les gens ne meurent en mer", souligne l'expert.
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