Transfert du pétrole nigérien via le Tchad: un expert liste avantages et inconvénients
© Photo Ministère nigérien du PétroleUne section du Pipeline Export Niger-Bénin
© Photo Ministère nigérien du Pétrole
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Le projet de faire transiter le pétrole nigérien par le Tchad puis le Cameroun, évoqué par le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine, ne va pas sans quelques difficultés, a déclaré à Sputnik Afrique Illiassou Boubacar, chargé des projets du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire.
L'utilisation de l’oléoduc tchadien pour convoyer le pétrole nigérien vers le Cameroun revêt divers avantages économiques, a expliqué à Sputnik Afrique Illiassou Boubacar, du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (ROTAB).
"Cela nous permet de diversifier la mise sur le marché notre produit. Au Cameroun, d'autres pourront venir charger leur cargaison. L'autre avantage est celui de la proximité, puisque c'est justement dans la zone frontalière avec le Tchad que nous avons aujourd'hui notre pétrole", souligne-t-il.
Le projet comporte cependant certains inconvénients pour Niamey, souligne l'expert:
Le pétrole nigérien sera mélangé au pétrole tchadien, ce qui peut poser des problèmes de qualité;
Côté sécurité, la zone du lac Tchad n'est pas "totalement contrôlée";
Le Niger devra payer des redevances au Tchad et au Cameroun;
Des travaux de raccordage pouvant durer un ou deux ans doivent être entrepris.
La piste du Bénin toujours plausible ?
Ce projet nécessite donc plusieurs ajustements et il n'est pas dit que la brouille avec le Bénin ne se soit pas résorbée entre temps, souligne encore Illiassou Boubacar. Certains anciens chefs d'État béninois s'intéressent notamment à la question et souhaiterait trouver un compromis, affirme l'expert.
"Même si une formule n'est pas trouvée tout de suite, il n'est pas dit que Patrice Talon reste éternellement au pouvoir. D'ici un ou deux ans, trois ans, il va y avoir des élections au Bénin", rappelle-t-il.
Les deux pistes peuvent même être envisagées conjointement, puisque le Niger a récemment lancé des activités d'exploration et d'exploitation de pétrole avec la SONIDEP, ce qui pourrait amener à une hausse de la production.
"Peut-être qu'on multipliera la production et que les deux pipelines pourront fonctionner parallèlement. Donc, une partie de notre brut sera évacuée par le canal du Cameroun et l'autre partie évacuée par le canal du Bénin. Tous les deux peuvent être opérationnels et tous les deux pourront rapporter au Niger", résume Illiassou Boubacar.
Le Premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine, a présenté le 24 juin un rapport sur une possible "utilisation du système de transport des hydrocarbures par le pipeline du Tchad", afin de convoyer l'or noir du Niger.
Une idée née après l’apparition de tensions avec le Bénin, qui a mis sous embargo le pétrole du Niger et suspendu le transfert de brut via le pipeline d’Agadem vers son port de Sèmè-Kpodji.