Sécurité, nucléaire civil, éducation: l’ambassadeur russe au Burkina Faso s’exprime

© AP Photo / Sophie GarciaYoung men chant slogans against the power of Lieutenant-Colonel Damiba, against France and pro-Russia, in Ouagadougou, Burkina Faso, Friday Sept. 30, 2022.
Young men chant slogans against the power of Lieutenant-Colonel Damiba, against France and pro-Russia, in Ouagadougou, Burkina Faso, Friday Sept. 30, 2022.  - Sputnik Afrique, 1920, 03.06.2024
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À la veille d'une visite du ministre russe des Affaires étrangères au Burkina Faso, Igor Martynov, ambassadeur russe dans ce pays sahélien, s’est entretenu avec Sputnik Afrique. La discussion a abordé la situation sécuritaire dans le pays, des projets énergétiques et éducatifs et l’aide russe au secteur agricole burkinabè.
Voici la version intégrale de l'interview:
Sputnik Afrique: L'ambassade russe au Burkina Faso a ouvert récemment. Quelle est la symbolique et la portée pratique de ce geste? Selon vous, quelle est votre mission?
Igor Martynov: La décision d'ouvrir l'ambassade de Russie au Burkina Faso a été prise en grande partie à la suite de la rencontre entre le Président du Burkina Faso Ibrahim Traoré et le Président russe Vladimir Poutine en marge du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Après une pause de 30 ans, la Russie a rétabli une présence diplomatique à part entière, qui contribuera à accroître la coordination en matière de politique étrangère, à renforcer davantage les relations bilatérales et à développer la coopération commerciale, économique et humanitaire. Nous constatons le désir croissant des peuples africains, et en particulier des pays du Sahel, de restaurer leur indépendance, de se libérer du joug colonial occidental et d’opter pour un développement équitable. La Russie tend toujours la main aux peuples africains dans leur lutte pour l’indépendance et le renforcement de leur souveraineté.
Sputnik Afrique: Quelle est la situation actuelle au Burkina Faso? Pouvons-nous dire que le pays lutte avec succès contre la menace terroriste? A votre avis, quand peut-on s'attendre à voir les terroristes chassés du territoire burkinabè?
Igor Martynov: La situation militaro-politique au Burkina Faso reste difficile. Une partie du territoire est toujours occupée par Daech* et d'autres groupes terroristes ou bandes. Les dirigeants du Burkina Faso, le Président Ibrahim Traoré en tête, prennent des mesures vigoureuses pour rétablir l'ordre dans le pays, restaurer la sécurité et respecter les droits de l'homme. La Russie n’est pas la moins importante pour aider le Burkina Faso dans ce combat.
Sputnik Afrique: Une exposition photo, "Les 10 ans de guerre dans le Donbass", a été inaugurée à Ouagadougou. Pourquoi est-il important de montrer ce dont les sources occidentales ne parlent pas? Quelle est la réaction des Burkinabè concernant l’exposition?
Igor Martynov: Cette magnifique exposition est en fait l'une des premières étapes pour informer la société burkinabè sur la situation réelle dans le Donbass. Elle parle des atrocités et de l'attitude inhumaine des autorités de Kiev ainsi que du génocide du peuple russe dans le Donbass. L’Occident collectif cache soigneusement la vérité sur les crimes de guerre du régime de Kiev et les événements réels dans le Donbass. Les [Burkinabè] font des parallèles directs entre ces événements et les politiques menées par la France et d'autres pays occidentaux pour empêcher le libre développement des pays africains.
Sputnik Afrique: Dans le cadre d’une initiative humanitaire, la Russie a fait un don de 25.000 tonnes de céréales au Burkina Faso. Est-ce que de nouvelles livraisons de céréales et d’autres envois humanitaires sont prévus? On sait que le Burkina Faso possède un grand potentiel agricole, notamment dans la culture des fraises. Le pays compte-t-il acheter régulièrement des engrais russes? Existe-t-il des projets de vente ou de transfert de matériel agricole? Y aura-t-il un quota dans les universités russes pour des étudiants de filière agricole?
Igor Martynov: Ce geste de bonne volonté de la Russie, aide le Burkina Faso à améliorer la situation alimentaire et humanitaire quand, à cause de la sécheresse et des actions des organisations terroristes islamistes, une partie de la population du Burkina Faso s'est retrouvée pratiquement sans nourriture. Profitant de cette opportunité, la partie russe a étudié les itinéraires d'approvisionnement futur non seulement en céréales, mais aussi en engrais. Nous avons l'intention d'attirer activement les entreprises russes vers le Burkina Faso, dans le secteur agro-industriel, et d'aider les agriculteurs locaux. Nos projets incluent la fourniture de matériel agricole, notamment en provenance de Biélorussie, pays ami, pour les agriculteurs burkinabè.
Sputnik Afrique: Les autorités de Crimée discutent de relations commerciales directes avec le Burkina Faso. D'autres pays africains manifestent également leur intérêt pour la péninsule. Pourquoi la coopération avec la Crimée est-elle attractive pour les partenaires africains? Nous parlons également d’une commission conjointe avec la Russie chargée de la coopération commerciale et économique. Quand pourra-t-elle être créée et quelles seront ses fonctions?
Igor Martynov: Oui, en effet, c'est vrai. La Crimée cherche à collaborer avec les pays africains, via l'échange de missions commerciales et l'établissement d'une étroite coopération commerciale comme économique. Plus récemment, le Représentant permanent de la république de Crimée auprès du Président russe, M.Mouradov, a rencontré la partie burkinabè et a discuté de la coopération dans les domaines commercial, économique et autres. Il est fort possible que la première mission commerciale de Crimée au Burkina Faso ait lieu cette année. Bien entendu, les parties s'efforcent de développer les activités de la commission mixte commerciale et économique.
Sputnik Afrique: Comment pouvez-vous expliquer la sympathie croissante pour la Russie? Des drapeaux russes ont été déployés à plusieurs reprises lors de manifestations dans le pays.
Igor Martynov: Bien sûr, [cela peut s’expliquer par] l’approche ouverte et non discriminatoire de la Russie en matière de coopération avec les pays africains, principalement avec le Burkina Faso. La politique de la Russie envers les États africains est toujours restée basée sur les principes de non-ingérence, de respect mutuel et de coopération honnête. Notre position ferme à l’égard des États occidentaux affichant des ambitions néocoloniales est connue depuis longtemps du monde africain. Le peuple burkinabè le voit et le comprend bien.
Sputnik Afrique: En mars, la Russie et le Burkina Faso ont signé une feuille de route pour la coopération dans le domaine du nucléaire civil. Pourriez-vous donner des détails? Comment la Russie contribuera-t-elle à la création du potentiel de ressources humaines du Burkina Faso dans le domaine?
Igor Martynov: Oui, en effet, il s'agit d'un grand projet très intéressant avec la société russe Rosatom. Une feuille de route a été signée esquissant des étapes concrètes pour créer le potentiel des ressources humaines du pays ouest-africain dans le domaine de l'énergie nucléaire civile, développer les infrastructures nucléaires et créer une opinion publique positive concernant l'énergie nucléaire au Burkina Faso et dans d'autres pays africains. Les parties envisagent de construire une centrale nucléaire avant 2030.
Sputnik Afrique: Merci beaucoup pour ces précisions. On évoquera un autre projet de coopération: précédemment, on avait appris que l’université russe Synergy a l'intention d’ouvrir une succursale au Burkina Faso. Quand faut-il s’attendre à une ouverture? Dans quelles filières les étudiants étudieront-ils? Le nombre de places à l’université est-il connu?
Igor Martynov: En effet, de tels projets existent. Cela provient de la corporation Synergy. Son activité est très vaste et significative. Lors d'un voyage de travail d'une délégation de la société éducative russe Synergy dans les pays africains en décembre 2023, Vadim Lobov, président de la société Synergy, qui comprend l'université du même nom, a convenu avec le Premier ministre du Burkina Faso d'ouvrir une succursale de l'université Synergy au Burkina Faso. L’établissement ouvrira sa succursale dans la capitale, mais aussi sera impliqué dans un certain nombre de projets. [Il s’agit de] créer des universités virtuelles au Burkina Faso, spécialisées dans l'éducation en ligne. La partie russe fournira à ces fins ses plateformes numériques. L'université formera le personnel enseignant aux domaines numérique et éducatif, participera à la création d'un système national d'orientation professionnelle et de test des futurs enseignants, à la création de l'enseignement scolaire en ligne et aidera les Burkinabè dans leurs démarches de choix de métier. Cette initiative utile de la corporation Synergy est censée renforcer les relations entre nos pays dans les domaines humanitaire et éducatif, contribuera au développement des technologies numériques, du système éducatif national du Burkina Faso. Nous ferons de notre mieux pour promouvoir ce projet.
Je suis toujours heureux de communiquer avec nos médias, car ce sont les seuls médias au monde, pourrait-on dire, qui disent la vérité. Merci.
* organisation terroriste interdite en Russie
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