Le Maïdan a débouché sur une "situation apocalyptique" pour l'Ukraine, selon un écrivain ivoirien
14:30 19.02.2024 (Mis à jour: 15:51 19.02.2024)
© Sputnik . Andrei Stenine
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En voulant se rapprocher de l'Europe et de l'Otan, Kiev a basculé dans le chaos dès les manifestations du Maïdan et le coup d’État de 2014, alors que Moscou avait proposé à plusieurs reprises de calmer le jeu. L’écrivain ivoirien Sylvain Takoué, auteur du livre Guerre en Ukraine: Poutine n'est pas le mal, s’exprime pour Sputnik Afrique.
L'écrivain ivoirien Sylvain Takoué est revenu pour Sputnik Afrique sur dix ans d'erreurs ukrainiennes, depuis les manifestations du Maïdan et le coup d'État de 2014, qui ont fini par pousser la Russie à lancer son opération militaire spéciale dans le Donbass.
"La suite de ce coup d’État a été la guerre dans le Donbass, alors que la Russie proposait à maintes reprises un plan de décrispation. L’Ukraine s’est ensuite embourbée dans une situation politique désastreuse pour la population, à laquelle Volodymyr Zelensky avait promis la paix […]. Par son entêtement, Zelensky a créé un désastre total pour l’Ukraine", explique-t-il.
Ingérence occidentale
L'Occident a profité de ces dérives de Kiev pour avancer ses pions à l'Est. Les puissances occidentales fonctionnent en effet toujours sur leur logiciel "unipolaire" issu de l’après-Seconde Guerre mondiale et souhaitent conserver leur hégémonie, par leur bras armé qu'est l'Otan. L'objectif était donc de rapprocher au maximum l'Alliance des frontières russes.
"Le calcul du bloc occidental a été simple mais naïf: tout faire pour avoir sous sa coupe ce pays russophone -l’Ukraine- afin d’élargir les frontières Est de l’Otan et de permettre aux États-Unis d’avoir les yeux, les oreilles et le nez à quelques encablures de la Russie, pour la surveiller stratégiquement. Il fallait alors, pour y parvenir, avoir un contrôle politique sur l’Ukraine, d’abord en plaçant à sa tête un pion malléable et acquis à sa cause, puis en faisant officiellement entrer l’Ukraine dans l’Otan", a souligné Sylvain Takoué.
Washington s'est donc ingéré dans les affaires ukrainiennes, soutenant le coup d'État de 2014 par le biais de la CIA, ajoute l'écrivain.
Sans issue
Principal responsable de l'escalade, l'Occident essaie aujourd'hui de faire porter le chapeau à Moscou, selon Sylvain Takoué. La Russie a beau expliquer qu'elle n'a pas voulu ce conflit, préférant d'ailleurs le terme d'"opération spéciale" à celui de "guerre", la propagande occidentale fait son œuvre, souligne l'écrivain.
"C’est l’Occident qui, coûte que coûte, dans sa mauvaise propagande politique, a voulu faire croire au monde entier que c’était une guerre, et que le parfait coupable était Vladimir Poutine, qualifié à tort de chef de guerre russe. En voulant ainsi d’une guerre effective, menée contre la Russie par pays interposés, une guerre inutile et absurde, dont il se donnait déjà tous les moyens ambitieux, l’Occident a condamné l’Ukraine et son peuple à un destin d’Apocalypse", déclare-t-il.
Pire encore: les puissances occidentales savent pertinemment que Kiev ne peut pas remporter la victoire, mais continuent de pousser aux hostilités, malgré les conséquences dévastatrices pour le peuple ukrainien. Pour parvenir à un cessez-le-feu, l'Ukraine doit désormais entamer des pourparlers, ce qui nécessite de lever son propre décret interdisant de négocier avec la Russie, explique encore l'écrivain.
Un auteur en exil
Spécialiste du dossier ukrainien et directeur du Prix international Vladimir Poutine, Sylvain Takoué a exposé ses réflexions dans un ouvrage intitulé Guerre en Ukraine: Poutine n’est pas le mal. Une démarche qui lui a d'ailleurs valu des ennuis en Côte d'Ivoire, pays où l'influence occidentale est encore très forte, explique l'intéressé.
"Depuis sa publication dans mon pays, la Côte d’Ivoire, ce livre a énormément dérangé le gouvernement, qui est vassal de l’Occident. Ce livre, qui prend fait et cause pour Vladimir Poutine et la Russie, est devenu l’un des motifs qui m’ont contraint, depuis la mi-décembre 2023, à l’exil politique au Mali", déplore-t-il.
L'écrivain dresse d'ailleurs un parallèle entre l'ingérence occidentale en Ukraine et sur le continent africain. La lutte contre "l’Occident glouton et carnassier" qui s'immisce dans les affaires de certaines grandes régions du monde reste l'un des moteurs de son ouvrage.
"Je fais le rapprochement entre l'ingérence inqualifiable de l’Occident dans les affaires intérieures du Bloc russe, et l'ingérence de l’Occident dans les affaires des États africains. En tant qu’écrivain et intellectuel africain, je ne pouvais qu’apporter un éclairage sur ce qu’il se passe, en dénonçant cette même politique d’immixtion", conclut-il.