Remaniées, rechargées, modernisées: les armes russes qui changeront la donne en 2024
© Sputnik . Evgeny BiyatovKoalitsiya-SV et Msta-S
© Sputnik . Evgeny Biyatov
S'abonner
La Russie a brisé le mythe de plusieurs décennies de la supériorité des armes de l’OTAN sur le champ de bataille. Interrogé par Sputnik, un analyste militaire russe décortique les armes de première ligne, les chars, les missiles balistiques, tactiques, navals, les bombardiers stratégiques et les sous-marins.
En 2023, la Russie a prouvé que son armée disposait d’armements qui correspondent à presque toutes les armes de l'OTAN déployées en Ukraine.
En 2024, Moscou continuera de renforcer ses capacités de défense, en améliorant notamment ses communications, sa reconnaissance, son ciblage, ses tirs de contre-batterie, ses défenses antiaériennes et ses systèmes satellitaires, ses capacités de guerre par drones, sa triade nucléaire, a indiqué cette semaine Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense.
Koalitsiya-SV, arme de première ligne
L'industrie de défense russe en 2024 devrait à nouveau se concentrer sur les systèmes d’armes de première ligne.
"Bien entendu, lorsque nous parlons d’armes conventionnelles, l’accent est aujourd’hui mis sur une transition progressive vers des armes de haute précision. Je parle spécifiquement de l’artillerie et des systèmes de lancement de roquettes multiples", indique à Sputnik Alexeï Leonkov, analyste militaire russe.
Parmi les armes de ce type figure le Koalitsiya-SV, un canon automoteur de précision à longue portée dont la livraison massive aux forces armées a commencé fin 2023 après près de deux décennies de développement.
Conçu à l'origine comme une mise à niveau du 2S19 Msta de l'ère soviétique, le Koalitsiya-SV est le dernier cri en matière de conception de canon automoteur russe, monté sur un châssis de char T-90 et équipé d'un canon de 155 mm capable de tirer ses 70 projectiles jusqu'à 70 km. Sa cadence de tir peut aller jusqu'à 16 coups par minute.
Le Koalitsiya-SV dispose d'un équipage de 3 personnes, contre 5 dans le Msta. Cela constitue une nouvelle capacité importante pour les forces russes, selon Alexeï Leonkov.
Cette arme n’est pas la seule parmi les nouveaux systèmes d’artillerie dont les forces terrestres disposeront en 2024, le déploiement du nouveau système de canon automoteur 2S43 Malva de 152 mm commençant en octobre 2023.
Monté sur un châssis de camion à traction intégrale 8x8, le Malva prouve les nouvelles aptitudes des concepteurs d'armes russes, les précédents modèles de canons automoteurs soviétiques et russes étant montés sur des plates-formes blindées. Développé par l'Institut de recherche Burevestnik et fabriqué par Uraltransmash à partir de 2023, le Malva a une portée de tir de 24,5 km et utilise le même canon que le Msta. Mais grâce à son poids réduit, le canon peut être rapidement expédié vers les zones de première ligne à bord d'avions de transport lourds.
L'ère des chars n’est pas révolue
En ce qui concerne le blindage, le T-90 et plus particulièrement les variantes modernisées du T-90M Proryv se sont révélés plus qu'à la hauteur des Leopard 2, Challenger 2 et Abrams MBT envoyés par l'OTAN en Ukraine.
"Certains ont dit que l'ère des chars est révolue, mais nous n'avons pas encore utilisé de divisions blindées composées de 323 chars de combat [chacune] dans une offensive au cours de l'opération militaire spéciale", insiste Alexeï Leonkov, estimant que les blindés russes n'ont pas encore démontré leurs véritables capacités.
Les dernières variantes russes du T-72 et du T-80, dont beaucoup ont été rénovées à partir des vastes armureries de chars héritées de l'URSS, ont été modernisées pour incorporer les derniers équipements offensifs et défensifs.
Missiles tactiques et navals
Alexeï Leonkov s'attend à ce que la Russie continue d'augmenter sa production et le déploiement de missiles de précision pour des frappes en profondeur en territoire ennemi et contre des cibles navales à longue portée.
Mais l'expérience en Ukraine a montré qu'il n'est pas nécessaire d'avoir les missiles les plus récents et les plus performants pour vaincre les défenses antiaériennes de l'OTAN.
Missiles balistiques basés au sol
"Nous avons amélioré notre bouclier nucléaire de près de 95%, et il ne reste que quelques composants pour le porter à 100%", a fait savoir l’expert russe.
Atteindre 100% impliquera la poursuite du déploiement du nouvel ICBM Sarmat RS-28 en service de combat, ainsi que le remplacement des missiles plus anciens par des ICBM Yars, déclare Alexeï Leonkov.
Bombardiers stratégiques Tu-160 modernisés
En 2024, les forces aérospatiales russes devraient recevoir deux nouveaux bombardiers stratégiques Tu-160M White Swan.
"Bien sûr, beaucoup de choses seront améliorées grâce à la technologie numérique: des moteurs plus avancés, des systèmes de contrôle moteur plus avancés et d’autres systèmes. Un complexe de défense aéroportée numérisé protégera les avions contre toutes sortes de missiles air-air. Grâce aux caractéristiques de ses moteurs, notamment une configuration différente, le rayon de combat du Tu-160M2 sera augmenté", estime l’analyste.
La mission principale des Tu-160 ne change pas: frapper des cibles ennemies telles que des groupes de porte-avions, à distance de sécurité et s'échapper à grande vitesse (jusqu'à Mach 2,01) avant qu'ils ne puissent être interceptés et détruits.
Sous-marins
Enfin, en mer, les projets russes pour 2024 incluent la livraison du Knyaz Pozharsky, un nouveau sous-marin nucléaire lance-missiles Boreï de classe A, armé de SLBM Bulava-M, qui devrait être lancé fin janvier et mis en service avec la Flotte du Nord avant la fin de l'année en cours. La Russie espère avoir un total de 12 sous-marins Boreï d’ici 2031, ceux-ci devant jouer un rôle clé dans la dissuasion nucléaire maritime.
"La particularité des sous-marins lance-missiles stratégiques est qu’ils lancent leurs charges utiles en utilisant la technologie dite de "lancement à sec". Lorsqu'un missile est lancé, le submersible ne révèle pas sa position", posant ainsi une menace stratégique sérieuse, dit Alexeï Leonkov.
Triade nucléaire
Dans l’ensemble, l’analyste estime que si l’on compare les capacités de la triade nucléaire russe à celles des États-Unis – qui sont engagés dans leur propre programme de modernisation nucléaire de 2.000 milliards de dollars – les efforts américains sont un "gâchis complet".
"Leur programme visant à remplacer les Minutemen ne fonctionne pas. La durée de vie du B-52 a été prolongée presque jusqu'aux années 2050, lorsque le bombardier fêtera son 100e anniversaire. Le programme B-21 est au point mort et sera de toute façon inférieur à notre Tu-160M2", résume l’observateur russe.