La souveraineté financière de l’Afrique constitue l’une des pires craintes de l’Occident

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Continent africain - Sputnik Afrique, 1920, 09.12.2023
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Comment venir à une autonomie? Pourquoi l’Occident fait "tout pour bloquer le développement de l'Afrique"? Et pourquoi le réseau interbancaire SWIFT est-il utilisé par les pays occidentaux comme instrument de pression financière? Yamb Ntimba, économiste, et philosophe camerounais, l'explique auprès de Sputnik Afrique.
"L'Occident fait tout pour que les autres parties du monde soient vassalisées", avance auprès de Sputnik Afrique Yamb Ntimba, économiste et écrivain camerounais.
La dépendance de l’Occident envers les ressources africaines est évidente, selon lui:

"Imaginez le jour où les Africains qui exportent en 2020 33% des matières premières dans le monde, n'exportent plus rien. L'Occident va devenir pauvre et même pire qu'au Moyen-Âge". C’est pourquoi "ils font tout pour bloquer le développement de l'Afrique".

Systèmes de paiements

Le système interbancaire SWIFT sert d’outil dans cette logique de vassalisation, en permettant à l'Occident de contrôler toutes les transactions à travers le monde, avance l’expert.
Pour contrer cette tendance il prône la création d’alternatives. Ainsi, l'Afrique a déjà commencé à mettre en place le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), rappelle-t-il. Lancé fin 2022, ce système devrait permettre aux entreprises africaines de payer leurs transactions commerciales dans leur monnaie locale.
"Il suffirait aujourd'hui de le connecter à n'importe quel système comme le système développé par la Russie ou le système développé par la Chine ou l'Inde, et à partir de là, on peut avoir des paiements qui viennent de l'Inde, qui viennent de la Chine, qui viennent de la Russie et qui peuvent donc être envoyés à partir de n'importe quel pays africain", anticipe Yamb Ntimba.
Cette tendance de dédollarisation engagée à ce jour "va tout simplement briser le style de vie, le niveau de vie totalement superficiel de l'Occident et particulièrement des États-Unis, pour permettre donc au reste du monde de vivre mieux", affirme-t-il. De plus, cela "va rééquilibrer les balances des paiements dans le monde, entre les différents pays".

"Une vraie multipolarité"

Cette semaine, lors du forum "L’appel de la Russie" à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré que le système SWIFT s’est discrédité et que sa place est désormais occupée par un système basé sur les paiements en monnaies nationales.
"L'Afrique a déjà commencé et aujourd'hui cherche simplement à se connecter aux autres systèmes de paiement alternatifs au SWIFT qui existent pour que nous puissions avoir justement une décentralisation, une déconcentration totale par rapport à ce qui est contrôlé par les Occidentaux", poursuit Yamb Ntimba pour résumer:
"Et ainsi nous avons une vraie multipolarité: il y a le système russe, le système chinois, le système indien, il y a un système africain. Et donc les Occidentaux auront leur système SWIFT. Tous ces systèmes pourront s'interconnecter et ça va faire qu'il n'y aura plus un seul bloc dans le monde qui va contrôler tous les autres".

Un État africain aux dimensions du continent

Dans le contexte actuel, l’économiste et écrivain camerounais voit une solution pour assurer la souveraineté financière de l’Afrique: "Il faudrait pousser les Africains à créer l'État du continent noir, un État continental qui aurait 30 millions de kilomètres carrés et en gros 55 à 60% des matières premières dans le monde".
Cet État africain aux dimensions colossales serait "le plus grand pays du monde et le deuxième serait la Russie, mais avec une différence démographique extrêmement importante".
La monnaie nationale de cet État devrait être adossée "sur les énormes réserves en or de l'Afrique".

"Si l'Afrique réalise cela et que d'ici 2030-35, peut-être 2040 au plus tard, l'Afrique réussit à avoir l'État du continent noir […], ayant une monnaie, ayant un marché national, ayant 1 milliard et demi de consommateurs qui, en 2050, seront 2 milliards et demi, l'Afrique assurera ainsi sa souveraineté financière, économique, internationale, géopolitique", résume-t-il.

Pour lui, "l'une des raisons pour lesquelles l'Afrique est en retard aujourd'hui s’explique par l’esclavage: "Vous comprenez que nous avons perdu 700 millions, près de 800 millions d'Africains du fait de ces deux traites négrières, arabe et européenne".
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