"Arrêtez de déranger les tombes": un géant français du pétrole dans la tourmente en Afrique

© AP Photo / Aurelien MorissardTotalEnergies
TotalEnergies - Sputnik Afrique, 1920, 11.11.2023
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Plusieurs responsables religieux africains ont protesté contre l’attitude du groupe français TotalEnergies, dans la construction de l’oléoduc d'Afrique de l'Est (EACOP). Le chantier ne respecte pas les sites funéraires qui se trouvent sur le tracé, selon eux.
Le développement, mais à quel prix? Le projet de l’oléoduc d'Afrique de l'Est (EACOP), qui doit relier la Tanzanie et l’Ouganda, se heurte à l’hostilité de certaines populations. Le groupe français TotalEnergies est notamment accusé de ne pas respecter les lieux de sépulture durant la construction, soulignent des responsables religieux africains lors d’un communiqué publié par GreenFaith.
Si plusieurs tombes ont été déplacées, plus de 2.000 sépultures sont encore en danger sur les 1.443 km du tracé, précisent les intéressés. Des familles ont adressé de vives critiques à TotalEnergies, mais celle-ci n’ont pas été entendues. Aucune compensation financière n’a en outre été octroyée de la part du groupe français.
"Arrêtez de déranger les tombes de nos proches décédés comme si elles n'étaient pas sacrées […] Les familles concernées ont supplié TotalEnergies de respecter ces lieux de repos sacrés, mais ces appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd. Ces familles ont partagé des informations inestimables sur l’emplacement de tombes anonymes, mais se sont heurtées à la négligence et à un grand silence", écrivent ainsi les responsables religieux.

Néocolonialisme et querelle de chiffres

La difficulté réside dans le fait que beaucoup de ces tombes sont anonymes, cela peut-être dû à la pauvreté, mais aussi à la religion ou à des croyances culturelles spécifiques, que TotalEnergies devrait respecter.
Le groupe français, qui mène le projet EACOP à hauteur de 62%, s’entête dans des logiques néocoloniales, en refusant de respecter la douleur des familles et en entraînant des exhumations parfois difficiles.
Un Ougandais s’est par exemple plaint que 11 dépouilles de sa famille se trouvaient sur l’axe des chantiers. TotalEnergies a refusé de reconnaître ce nombre, parlant seulement de cinq défunts. Plus tard, le groupe a finalement reconnu qu’il s’agissait de huit tombes, puis finalement de neuf. Le tout menant à une faible indemnisation de 266 dollars, rapportent les leaders religieux.
"Cela s’apparente à une néocolonisation. Il s’agit d’un abus psychologique envers les personnes concernées, et le fait que leurs mains soient liées […] C’est un secret de polichinelle que les forages pétroliers en Afrique profitent davantage aux compagnies pétrolières qu’aux communautés de base", explique les responsables qui demandent l’arrêt du chantier.
L’oléoduc d'Afrique de l'Est doit relier les champs pétrolifères de l'Ouganda au port tanzanien de Tanga. Il devrait devenir le plus long pipeline de pétrole brut chauffé au monde et pourra transporter l’équivalent de 216.000 barils par jour. Il devrait être mis en service en 2025.
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