"Le Bénin n'est pas totalement souverain" et voilà pourquoi, selon un historien
22:15 01.08.2023 (Mis à jour: 10:06 02.08.2023)
CC BY-SA 4.0 / Ksperentos / Mairie de Porto-Novo Bénin
S'abonner
En ce jour de célébration de l'indépendance du Bénin, le pays ne jouit pas totalement de sa souveraineté tant sur le plan national, qu'international, en raison de l'ingérence occidentale dans ses affaires politique et économique, a estimé auprès de Sputnik Afrique Ebénézer Korê Sedegan, spécialiste de l’histoire contemporaine.
Le Bénin a pu arracher le droit d'élire et de choisir ses dirigeants, de faire ses choix, mais sur le plan économique le pays continue d'être surexploité par l'Occident. D'autant plus que le continent africain doit utiliser la monnaie que le colonisateur lui a imposé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a déclaré à Sputnik Afrique, Dr Ebénézer Korê Sedegan, spécialiste d'histoire politique et de relations internationales, enseignant-chercheur à l'Université d'Abomey-Calavi UAC (Bénin) et maître assistant des universités du CAMES.
"La date du 1er août 1960 ne marque pas totalement l'accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale parce que l’on remarque toujours une ingérence dans la gestion des affaires de notre pays aussi bien sur le plan politique et surtout sur le plan économique et financier", a-t-il indiqué.
Selon l'enseignant-chercheur, après l'attribution de l'indépendance de facette le 1er août 1960, les militaires ont dit "non", et ont changé de cap pour soustraire le pays du joug néocolonial français pour se mettre sur l'orbite de l'Union soviétique, puisque on était en pleine guerre froide.
La politique française malvenue
M.Sedegan pense que les événements intervenus au Mali en 2020-2021 et qui ont permis à Assimi Goïta d’accéder au pouvoir, ainsi que la situation similaire au Burkina Faso et, très récemment, la remise en cause de l'ordre constitutionnel au Niger ont créé un "sentiment anti-français" qui s'est répandu sur tout le continent africain, surtout en Afrique de l'Ouest.
"Le Bénin n'a pas encore connu une telle situation déplorable, mais avec tout ce qui se passe autour de nous n'a fait que renforcer le sentiment anti-français au Bénin [...]. Il est très bien développé au Bénin aussi, surtout dans les milieux intellectuels. Tout le monde est prêt à soutenir tout ce qui se passe, parce que la France est pointée du doigt comme l'acteur de sous-développement des pays africains, surtout en Afrique de l'Ouest", a-t-il souligné.
De plus, pour apaiser les tensions et favoriser le développement de l'Afrique, les accords avec les pays occidentaux de coopération et diplomatiques doivent être revus.
"Il faut que l'élite dirigeante africaine prenne ses responsabilités et que désormais on lutte pour une véritable indépendance. Parce que cela a assez duré depuis 63 ans que nous sommes supposés indépendants, mais dans la pratique on sent que nous ne sommes pas véritablement doués dans le domaine économique et financier", a-t-il insisté.
Une Afrique industrialisée et sécurisée sera plus forte
Pour l’historien contemporanéiste, les pays africains sont vulnérables parce qu'ils ne sont pas industrialisés. Dans ce sens, il souhaite que la Russie intensifie ses aides en ce sens aux pays africains, mais aussi dans le domaine sécuritaire.
"Qu'elle [la Russie - ndlr] apporte des aides dans le domaine de la sécurité pour permettre aux pays africains d'enregistrer des progrès dans le sens du développement en toute quiétude et en toute sécurité", a-t-il conclu.
