Ibrahim Traoré: "C'est de plein droit qu'on suspend" des médias français
11:00 31.07.2023 (Mis à jour: 11:01 31.07.2023)
© Sputnikle Président de la Transition burkinabé Ibrahim Traoré
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Le Burkina Faso a le plein droit d'évincer les médias qui "imaginent des choses" et essaient de manipuler l'opinion publique, a déclaré à Sputnik Afrique le Président de la Transition Ibrahim Traoré. Plusieurs médias français ont en effet été suspendus depuis décembre 2022 dans le pays.
Dans un entretien exclusif accordé à Sputnik Afrique, le Président de la Transition burkinabé Ibrahim Traoré a justifié la décision des autorités de son pays de suspendre plusieurs médias français.
"Nous sommes en guerre, et on ne va pas tolérer que des médias viennent essayer d'intoxiquer nos populations et essayer de les manipuler, de faire de la propagande subversive", a-t-il martelé à l'issue du Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg.
En effet, après Radio France internationale (RFI), suspendue en décembre 2022, les autorités du Burkina Faso ont fait de même avec France 24 en mars 2023. La chaîne d’information française LCI n’est plus accessible au Burkina Faso pour une durée de trois mois depuis fin juin. En outre, deux correspondantes des quotidiens français Libération et du Monde ont été expulsées ce printemps.
"On ne va pas l'accepter, et c'est de plein droit qu'on suspend. Même si demain d'autres médias qui parlent à ceux-ci, on va les suspendre, parce qu'ils ont un objectif qui est contraire à ce que nous avons comme réalité. Et ils ne partent pas sur le terrain, parfois ils imaginent des choses. Si vous avez suivi pourquoi on a suspendu certains médias, c'est déplorable quand même: des médias qui cherchent à confronter le peuple, à attiser la guerre, on ne va pas s'entendre avec eux. Donc c'est à cause de ça qu'on les a supprimés."
Selon Ibrahim Traoré, "il y a deux poids, deux mesures un peu partout".
"Laissez-nous, on va se battre comme Burkinabés"
En mars, le Burkina Faso a dénoncé un accord d'assistance militaire signé en 1961 avec la France. Plus tôt, Ouagadougou avait obtenu le retrait de la force française Sabre de son sol. Pour M.Traoré, cet accord "n'est plus d'actualité". "C'est quand même assez vieux […], mais c'est toujours la colonisation."
"Il faut qu'on arrive à avancer tout seul", a-t-il souligné.
Le dirigeant burkinabé a aussi évoqué la force Barkhane, menée par la France au Sahel entre 2014 et 2022. Revenant sur son départ, il se rappelle que son pays avait souhaité "qu'ils repartent chez eux défendre la mère patrie".
"On a dit aux Français qu’on ne souhaite pas que des soldats français viennent mourir sur notre sol. Laissez-nous, on va se battre comme Burkinabés."
Le capitaine Traoré ajoute par ailleurs que son pays "n’a pas vu un apport particulier de la force".
"C'est quand ils bougeaient, certains ont pu découvrir tout l'arsenal qu'il y avait en termes de blindés, en termes d'hélicoptères de combat, en termes de moyens de renseignement et tout. Nous ne pouvons pas avoir tout ça. Et puis les terroristes se baladent et font ce qu’ils veulent", indique-t-il.
Et de poursuivre : "De toute façon, aujourd'hui, on en arrive à détecter les colonnes terroristes et à les frapper. Donc nous avons aussi des moyens capables de le faire. Donc ce n'était pas nécessaire. Il fallait qu'ils partent, c'est tout."