Ne bouge pas, meurs, ressuscite

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rideau rouge théâtre - Sputnik Afrique, 1920, 21.06.2023
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Avant-propos

Aujourd'hui, le monde qui nous entoure change radicalement et les artistes doivent se situer, eux et leur œuvre, dans de nouveaux contextes historiques et civilisationnels.
Sans cela, nous nous retrouverons sans cesse à patauger dans des discours qui sont depuis longtemps périmés et dans des termes qui se sont épuisés.
Le modernisme, l'avant-garde et le postmodernisme, qui ont régné dans l'art au XXe siècle, ont donné au monde un nombre incroyable de chefs-d'œuvre, réalisé de nombreuses percées formelles et élargi la compréhension des possibilités du cerveau et des sens, des possibilités de la cognition et de l'illumination. Mais il est impossible de continuer à utiliser le même carburant que celui qui a fait avancer l'art du XXe siècle. Les approches artistiques du passé ne fonctionnent plus aujourd'hui, les technologies de création sont usées et tombent en panne, elles génèrent des répétitions, tournent à vide et ne permettent pas au spectateur, au lecteur ou à l'auditeur de percevoir l'art.
L'art a perdu l’élément le plus important: le sens du temps. Sa perte à tout moment était une malédiction pour l'artiste. La perte du sens du temps était semblable à un AVC – elle se manifestait par un engourdissement causé non pas par la pauvreté, la censure ou l'autocensure, mais par la confusion de l'artiste devant l'histoire, par l'atrophie du nerf qui le reliait au public et à la société. C'est de ce rétablissement du lien entre l'art et le temps, entre l'art et la civilisation, que je tenterai de discuter.
Inévitablement, mon argumentation sera réduite à des idées clefs, elle sera encore et toujours manifestante, émotionnelle. Mais c'est peut-être d'un manifeste que nous avons besoin aujourd'hui, alors que nous redéfinissons le monde et nous-mêmes dans le monde. Ce manifeste n'est pas une tentative de preuve scientifique ou de justification factuelle. Ce n'est pas la soutenance d'une thèse. Il s'agit d'une formulation intuitive, d'une détermination intuitive du chemin – la seule voie possible lorsque les instruments de navigation sont en panne et que les étoiles sont obscurcies par les nuages.

Attaque contre la vie

Le XXe et en partie le XIXe siècles ont été une époque où l'art, comme mordu par Dracula, s'est transformé d'ange innocent en démon. Il s'est brusquement détaché de son socle. Il a piqué une colère. Il a demandé des comptes à la vie, au christianisme et à Dieu.
Nous ne savons pas quelles forces et quelles ténèbres s'accumulent chez un homme qui paie ses impôts, va à l'église, élève ses enfants et se montre bon et serviable, et qui soudain découpe la chair humaine en morceaux et sanglote en expliquant que sa femme et ses enfants ont disparu, qu’ils sont partis se promener et ne sont pas revenus… C’est ainsi que l'art européen, après avoir vécu une vie longue et respectable, s'est soudain mis à montrer les dents de manière à première vue immotivée et à haïr apparemment l'homme et la vie, a commencé à le mettre en pièces, à le couper en morceaux et à fouiller dans ses entrailles, déstructurant ainsi la réalité religieuse complexe et entière.
Le XXe siècle, l'âge du modernisme, de l'avant-garde et du postmodernisme, a été une époque de rébellion artistique. D’un soulèvement de masse, spiritualisé et féroce. Une époque d'attaque contre Dieu et la vie elle-même. Et bien sûr, c'était une vengeance. Une vengeance à cause de l'incompréhension du monde. Une vengeance pour la condamnation à la douleur et à la mort. Une vengeance pour l'impossibilité du royaume de Dieu sur terre. Une vengeance pour l'impuissance. Une vengeance de l'homme suicidaire qui ne peut atteindre Dieu et qui met fin à ses jours. Cette vengeance s'est exprimée par le discrédit du projet divin.
Du "petit carnet" d'Ivan Karamazov, dans lequel il consignait méticuleusement ses crimes contre les enfants – en les racontant, il espérait ébranler la foi d'Alexeï – à Dogville de Lars von Trier, il n'y a qu'un pas. Toutes deux sont des œuvres de génie de par leur pertinence paradoxale et leur profond désespoir. Toutes deux sont des manipulations et des attaques contre l'esprit tout entier. Toutes deux sont des modèles et des images de l'impact du nouvel art sur l'individu.
Vous souvenez-vous de la réaction d'Alexeï au long "discours" d'Ivan? "Fusiller". Le moine Alexeï, violant ses principes et sa foi sous l'influence de l'émotion suscitée par le terrible concentré manipulateur de l'horreur, murmure avec le lecteur un mot incompatible avec l'idée chrétienne.
Vous souvenez-vous de l'émotion suscitée par le dénouement de Dogville? La joie, bien sûr. La connexion avec l'héroïne dans sa colère et sa rage, dans sa décision d'anéantir les gens qui lui ont fait du tort. Et l'état presque cathartique de nous, les spectateurs, au moment de la fusillade étant un mélange de plaisir et de triomphe.
Dans les deux cas, il s'agit d'une attaque de l'art contre un homme de culture chrétienne vieux de 2.000 ans. D’une attaque contre son âme. Contre sa conscience. Contre la recherche de la perfection. Contre l'idée de l'ascension vers le ciel.
Elle conduit l'homme dans une impasse.
Et par la suite, elle provoque ce qu’il y a de plus primitif et de plus bestial.
C'est exactement cela: l'art hypercomplexe du nouvel âge, paradoxalement, s'est avéré faire appel à ce qu'il y a de plus primitif en l'homme – l'instinct.
L'art s'est mué en Jack de Lars von Trier, qui avait construit sa Maison. Une maison faite de corps de victimes. En un tueur dont le but est le démembrement, dont l'inspiration est la destruction, dont la jouissance est la douleur de sa victime. Une démonstration de la nature basse et bestiale de l'homme. De sa dépravation. De sa pourriture. De son désespoir. De son aspect cadavéreux.
Et le succès retentissant du nouvel art auprès du public s'explique assez simplement. D'une part, il s'appuie sur l'effet des badauds: après tout, les badauds s’attroupent pour voir non pas des levers et des couchers de soleil, mais du sang. Ils sont attirés par la mutilation, la laideur, le malheur et la mort. Autour de ces "événements", il y a toujours une foule, toujours de l'excitation, ils font toujours exploser l’audimat. Et c’est toujours la satisfaction de savoir que le monde qui nous entoure est pire ou pas meilleur que moi. D'autre part, l'art de l'avant-garde et l’art moderniste font appel à la pulsion de mort profonde, sombre, génératrice de sensations fortes et simplement excitante qui est inhérente à chaque être humain. Cette "libido mortifère" a été légitimée, dramatisée et poétisée par cet art, elle a acquis un langage et des formes, et a gagné le droit de se placer sur le devant de la scène.
Cependant, la soif de mort n'est qu'une belle description de la peur. Une simple peur de la mort.
En ce sens, la peur de la mort est semblable à la peur des hauteurs. Savez-vous ce que c'est, la peur des hauteurs? C'est en fait une attirance vertigineuse pour l'abîme, quand on perd l'équilibre et le contrôle et que l'on est littéralement entraîné dans l'abîme. Comme toute peur, elle peut être surmontée ou embrassée. Mais si embrasser la peur des hauteurs signifie la mort inévitable lorsqu'on touche le fond inévitable, embrasser la peur de la mort signifie la perte de l'esprit et de la forme humaine. De même, si l'on peut s'éloigner du bord d'une falaise, l'abîme existentiel est toujours sous nos pieds. Il requiert de l’homme du courage, de l'intégrité et de la foi.
Le christianisme a donné à l'homme la force de regarder dans cet abîme et de ne pas tomber. Mais l'homme est faible. Et l'artiste en particulier. De plus, l'artiste est l'éternel champ de bataille du bien et du mal. En ce sens, il est confronté à des défis particuliers. Et lorsque l'artiste en a eu assez de supporter l'horreur, l'incompréhension et l'inéluctabilité de la mort, il a embrassé l'abîme. Il a décidé d'enlacer la mort, de se soumettre au mal. Il a décidé de tomber. Lassé de craindre l'enfer, l'artiste est tombé amoureux de l'enfer. Las de chercher un sens, il s'est jeté dans le chaos dépourvu de sens.
Et il lui a semblé qu'il volait. Car cet abîme – un abîme dans lequel l'homme a décidé de tomber – s'est avéré traître. Il n’a pas de frontières, pas de limites. Non, ce n’est pas ça: dans cet abîme, c'est l'homme lui-même qui doit définir la limite. Mais s'il y est déjà tombé, il a peur de se définir une limite, car il se briserait. Et il continue à tomber, s'enfonçant de plus en plus dans le mal. Il tombe en croyant voler. Il en a le souffle coupé. Il se sent tout-puissant.
Tombé dans cet abîme, l'art a entraîné la société dans sa chute.
Après avoir vécu la douleur de la vie avec la conscience du but, du sacrifice et de la résurrection future, l'art s'est épuisé. Il a dit à Caïphe: "Je renonce." Il est descendu de la croix. Il a prêché un nouvel évangile: l'évangile des désillusionnés. Il a cherché l'inspiration dans l'affirmation de l'absence de sens et de but de la vie. Il a déconstruit avec délectation la plénitude et l'harmonie – dans le son, dans la parole, dans l'image, dans la sculpture et dans la manière dont le récit est construit, révélant à l'humanité l'image d'un monde qui se désintègre et se fragmente, comme s'il avait été ouvert par le scalpel d'un pathologiste.
En disséquant la réalité vivante comme un tissu mort, l'art moderniste offre à la société le concept de l'homme comme un mort-vivant. L'homme est un monstre, et il faut l'aimer. Il n’est pas un monstre physique, non. Mais moral. Et le pardon chrétien n'est plus un exploit méritoire mais une couverture pieuse pour une attirance vicieuse pour la perfidie.
Fiodor Dostoïevski, le Faust russe, le principal écrivain du XXe siècle qui a vécu au XIXe siècle, est devenu un champ de bataille sans limites non seulement entre le bien et le mal, mais aussi entre deux conceptions de l'art, l'ancienne et la nouvelle. Déchiré par des contradictions internes, il semblait également fasciné par le bien et le mal, suscitant la compassion envers à la fois Mychkine et Stavroguine.
On pourrait citer des exemples à l'infini. Ma tâche n'est pas la justification scientifique, mais la formulation d'un message. Une idée intuitive qui est devenue une conviction.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que l'art du nouvel âge, que j'ai toujours adoré et qui m’a toujours inspiré, a épuisé sa puissance et son énergie.
Au début de ma carrière, le succès dans l'art était lié à la capacité de trouver l'obscurité en soi ou dans le monde, de la mettre en lumière sans vergogne et de faire respirer au spectateur ou au lecteur l'odeur de la décomposition et de la mort. L'odeur de la putréfaction. De faire en sorte que l'on regarde le manque d'harmonie.
C'était une tâche fascinante en un sens. Tu es l'obscurité, et laisse tes yeux s'habituer à l'obscurité, s'habituer à voir dans l'obscurité, car il n'y a pas de lumière – disait l'art du nouvel âge. Ou bien: tu es l'obscurité, et elle est belle.
En désassemblant la réalité, en renonçant à la percevoir dans son intégrité, il était possible d'abandonner la complexité et de réassembler la réalité à sa guise. En effet, pour réassembler le monde, il faut d'abord le démonter. C'est d'ailleurs devenu un appui essentiel de la nouvelle éthique occidentale. Le réassemblage de la réalité et de l'individu est devenu la tâche des pratiques sociales et de l'art. Ils se sont soutenus mutuellement dans l'effort visant à déclarer l'homme bimillénaire et la société comme un "projet raté". À désacraliser le corps humain, à humilier l'âme et à la déclarer en faillite.
En ce sens, l'intelligence artificielle n'est pas l'apogée du développement, mais une procédure de gestion externe.

Désacralisation du corps

La désacralisation du corps. C'est ainsi que j'appelle les processus qui se déroulent aujourd'hui dans le monde occidental. Ils ont été en grande partie provoqués par l'art moderniste.
Il s'agit de processus par lesquels l'homme, légitimement et avec l'approbation de la société et de l'État, s'arroge le droit de corriger le plan divin, de transformer des hommes en femmes et vice-versa, de cultiver d'affreux Frankenstein, de briser la conscience des enfants qui grandissent dans une étrange réserve zoologique de mutants non binaires.
Sommes-nous conscients que l'origine de ce processus sont le nazisme et les expériences du Dr Mengele, qui ont traité l'être humain comme un cobaye. Ces expériences ont été inspirées à leur tour par l'art et la philosophie modernistes. Et c'est le nazisme qui, pour la première fois au niveau de la politique publique, a conçu l'homme non pas comme un mystère de Dieu, mais comme un jeu de Meccano.
Enfant du XXe siècle, enfant de la révolution industrielle, de l'ère de la technologie, du recyclage et de l'optimisation, le nazisme combine l'extase religieuse dans la forme et la praticité technologique dans le fond. C’est Goebbels et Krupp. Il a élevé l'eugénisme au rang d'évangile, créant une nouvelle religion et proclamant un rejet conscient et cohérent de l'idée de l'incompréhensibilité du dessein divin incarné dans l'homme.
Ayant survécu au nazisme et condamné ses actes, l'Europe anglo-saxonne, en hôte diligent, a décidé d'utiliser sa technologie non seulement dans le domaine matériel, mais aussi spirituel. Un tour de force ingénieux a été réalisé: si l'élitisme nazi était l'élitisme des personnes saines et fortes (en réalité des malades mentaux, bien sûr, mais c'était la déclaration), alors l'Europe d'après-guerre est officiellement devenue l'apologiste de l'élitisme des personnes malsaines. Encore une fois, moralement et mentalement.
Et au fond, quelle différence?! L'essentiel est que l'idée de caste, d’appartenance à un groupe sélect pour certains, était et est toujours un moyen d'assujettir les gens à la fois dans ces pays et dans les pays et les peuples qui étaient colonisés par l'Empire occidental pendant de nombreux siècles.
Désormais, la déviation, quelle qu'elle soit, a été proclamée comme un stigmate et, en fait, déifiée.
L'ancien Christ a été congédié. Il avait souffert pour la foi et l'homme, pas pour sa "déviance". Il avait souffert de son plein gré, il avait choisi lui-même le chemin de la douleur. Il y avait trop de volonté et de sens dans cette douleur. Notamment la volonté de mourir pour une idée et une vérité. La nouvelle Europe n'avait pas besoin d'un tel Christ "dangereux", "rebelle" à l'ordre mondial. Mais elle avait besoin d'un nouveau symbole de la souffrance qui soit propice à l'avancement de nouvelles idées. C'est ainsi que le Christ a été remplacé par une personne gay/non-binaire/lesbienne (il ne fait aucun doute que la prédiction de Viktor Pelevine faite dans son roman iPhuck 10 se réalisera bientôt, et que la pédophilie sera qualifiée de "non-standard" dramatique, apportant la souffrance non pas à la victime, non pas à l'objet de l'abus, mais au sujet-violeur forcé de dissimuler sa passion).
La suite était une affaire de techniques idéologiques.
Il semble que Dostoïevski, qui a donné le nom de Christ à l’énergumène dégénéré Stavroguine (stauros signifie croix en grec), ait prévu non seulement le passé, mais aussi l'avenir: la déviation en tant que croix.
Désormais, les sociétés doivent se prosterner devant les nouveaux stigmatisés, les adorer, leur faire des offrandes, leur faire de la place non seulement dans les transports publics, mais aussi au travail, dans les concours et les festivals de cinéma.
Et tous les "normaux" sont déclarés coupables devant les nouveaux stigmatisés pour les années et les années pendant lesquelles ces derniers ont caché leurs déviations à la société – l'idée de culpabilité immanente de l'Ancien Testament a subi cette mutation.
A son tour, la désacralisation du corps opérée par les nazis ainsi que les technologies associées destinées à "améliorer" la nature humaine ont commencé à servir les nouveaux stigmatisés, désireux périodiquement de se faire couper ou recoudre les organes génitaux. Et peu importe qui sont ces malheureux: adultes ou enfants, psychopathes ou simples idiots, misérables ou blasés; l'essentiel est qu'il n'y a pas de Dieu et que le corps n'est que viande, organes et os.
C'est ainsi qu'apparaît une nouvelle confrérie, celle des mutants créés par l'homme et qui "ont le droit". En outre, la mutation a été systématiquement qualifiée de normale.
Le procédé est simple, suivez bien le raisonnement: vous êtes normal si vous libérez votre moi intérieur des désirs secrets et précédemment interdits. Et si vous ne découvrez pas en vous des désirs précédemment interdits, cela ne vient pas de leur absence mais de ce que vous n'avez tout simplement pas assez de liberté pour les découvrir, et tant que vous ne les aurez pas découverts, vous ne pourrez pas être considéré comme libre. Un plan de séduction bon marché élevé au rang de l'idéologie de la société. D’une société dans laquelle le déviant devient la norme et où le normal et l'ordinaire sont qualifiés de rudimentaires, de dépassés.
Réfléchissons: personne n'est déconcerté par le fait que la lutte furieuse des écologistes pour la nature, leurs tentatives de la maintenir intacte ou de ramener la mère-nature à son état initial, ne sont en aucun cas projetés sur l’homme. Le corps non seulement peut, mais doit être charcuté et altéré. Car le corps est transformé en matériau. Voilà pour la civilisation nazie modernisée.
Elle n'a ni violé ni persuadé. Elle a réussi un coup psychologique brillant donnant aux gens le droit le plus important, celui de se sentir maîtres de leur corps, de leurs orientations sexuelles, mais aussi de leurs déviations et complexes sexuels, le droit de brandir les déviations et les complexes comme des stigmates. Elle a permis à ses citoyens de ne pas écouter leur mère qui leur disait de ne pas se frotter le zizi – et l'Européen a décidé que la liberté sexuelle et morale était la vraie liberté, et que le droit de choisir un modèle de comportement sexuel était précisément le droit de l'homme pour lequel il fallait soi-disant se battre et auquel il fallait consacrer sa vie.
Le catholique d'avant-guerre regardait docilement vers le sol, craignant de lever les yeux. Le protestant d'avant-guerre regardait attentivement le sol, attendant que les graines qu'il avait semées germent. L'homme occidental du nouvel âge ne contemple pas non plus l’horizon. Il regarde lui aussi vers le bas, mais pas humblement ni vers le sol, il regarde joyeusement ses parties intimes. Et un tel homme se laisse facilement conduire n'importe où. Son horizon est le pubis.
Pendant des centaines d'années, ni l'homme ni l'art n'ont connu la crise désespérée à laquelle ils sont parvenus aujourd'hui. Aujourd'hui, la pensée de l'artiste est morte. Elle n'est nourrie que par la science, et ce n'est que grâce à de nouvelles réalisations scientifiques que l'artiste fait aujourd'hui des "percées". Mais ces percées n'ont rien à voir avec l'accomplissement de l'esprit. Les gisements de matière fécale sont épuisés. La sainteté est discréditée. Il n'y a que des technologies nouvelles et inédites. Et si l'art veut vivre et ne pas dépérir, il doit trouver une nouvelle inspiration. Un nouveau pouvoir. Et une nouvelle rage.
Mais on ne peut aller de l'avant sans avoir réalisé le sens, la structure et la méthode de l'art mort. Sans avoir disséqué son corps inanimé comme il avait disséqué la réalité vivante.
Sans avoir dûment réfléchi à la façon dont l'art religieux s'est fondu dans la parabole profane, la parabole dans le réalisme, le réalisme dans le naturalisme, et ce dernier dans l'impudeur. Sans avoir admis que l'impudeur est devenue d'abord la voie, puis l'essence, et la seule marchandise. Que l'impudeur s'est substituée à la sincérité, se faisant passer pour une confession. Et si l'on a la force de voir cela et de l'admettre, alors la force viendra pour établir une limite au "vol", pour s'écraser et pour ressusciter. C’est un beau film réalisé par Vitali Kanevski.
"Ne bouge pas, meurs, ressuscite". Ces mots devraient être répétés comme une formule magique par l'artiste moderne. Ces mots sont la clé d'un nouveau souffle et d'une nouvelle vie.
À suivre.
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