Une relation France-Afrique basée sur la stratégie militaire? Mauvaise tactique, selon Bangui

© AFP 2024 BARBARA DEBOUTLes soldats français ont replié le drapeau national avant de quitter la République centrafricaine en décembre 2022
Les soldats français ont replié le drapeau national avant de quitter la République centrafricaine en décembre 2022 - Sputnik Afrique, 1920, 17.05.2023
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La nouvelle stratégie militaire en Afrique annoncée par Paris n’est pas la meilleure solution pour entretenir de bonnes relations avec le continent, affirme à Sputnik la cheffe de la diplomatie centrafricaine. Sylvie Baïpo-Temon préfère privilégier les relations humaines dans les partenariats pour éviter les embargos injustifiés.
"Entretenir une relation avec l'Afrique uniquement sur une base de stratégie militaire, je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions", a déclaré à Sputnik Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine, commentant l’annonce de la nouvelle stratégie militaire en Afrique faite par la France fin février.
Selon Bangui, cette tactique n’a jusque-là pas donné les résultats escomptés, donc de facto "ce n’est pas la solution".
"Mettre une relation, un partenariat, une coopération sur une base uniquement de stratégie militaire, c'est aussi peut être […] des rapports de force de manière systématique, des conflits, des violences, et c'est tout ça derrière. Nous devons aussi mettre en œuvre plutôt, privilégier davantage justement la diplomatie, avoir des relations où les gens se parlent", a indiqué la ministre.
Concernant les rapports entre le Centrafrique et la France, Mme Baïpo-Temon trouve qu’ils sont constants, tout en soulignant que son pays est ouvert au dialogue. Elle rassure que cette constance se retrouve également dans la volonté de diversifier les relations avec tous les pays.

"Il n'y a aucunement une position anti-française ou anti quoi que ce soit. Il y a tout simplement un positionnement de la République centrafricaine en pro-RCA. Nous sommes pro-République centrafricaine. Donc au même titre que d'autres États défendent les intérêts qui leur sont propres, ce qui est attendu d'ailleurs par leurs peuples, les autorités centrafricaines défendent également les intérêts du peuple centrafricain, de la République centrafricaine", a-t-elle précisé.

Privilégier une relation humaine

Mme Baïpo-Temon estime que le continent africain, vu sa densité, a besoin de décider par lui-même, donc avoir son mot à dire au sein de l’Organisation des Nations unies et non par procuration, avec quelqu'un d’autre qui parle en son nom. Elle a fait là allusion à la France qui s’attribue le droit de vouloir décider pour les pays africains francophones au sein de l’Onu.
"Nous avons surtout besoin qu'on nous entende, qu'on nous prenne au sérieux […]. L'Afrique a toujours été un petit peu l'enfant pauvre du monde entier, et c'est ça qu'il faut revoir dans les discussions. Et dans les relations il faut d'abord privilégier une relation humaine parce qu'on parle à des Hommes, on se parle entre Hommes avec un grand H encore une fois".

Soutien russe

La ministre centrafricaine prend l’exemple de son pays, qui est sujet à un embargo non justifié décidé au Conseil de sécurité de l’Onu sans l’avis du Centrafrique. D’ailleurs, la RCA surmonte l’embargo grâce à l’aide de Moscou, selon elle.
"Nous avons connu des agressions de rebelles, de mercenaires venant d'ailleurs […]. Au niveau du Conseil de sécurité, nous avons été mis sous embargo. Les forces régulières n'ont pas eu cette possibilité de pouvoir défendre correctement leur pays et nous sommes encore d'ailleurs sous embargo. Nous nous battons contre cet embargo injuste, avec notamment le soutien de la Fédération de Russie qui a su écouter notre besoin", a-t-elle conclu.
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