"Décider et faire face aux conséquences": Bangui sur la souveraineté des États africains

© AFP 2023 BARBARA DEBOUTSylvie Baïpo-Temon; ministre centrafricaine des Affaires étrangères
Sylvie Baïpo-Temon; ministre centrafricaine des Affaires étrangères - Sputnik Afrique, 1920, 17.05.2023
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Dans une interview à Sputnik, la cheffe de la diplomatie centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon, a noté la nécessité de reconnaître l'Afrique comme un continent à part égale, dont les pays sont "en capacité de décider de ce qui est bien" pour eux, ainsi que de "faire face de manière responsable aux conséquences" des décisions prises.
Intervenant à l’occasion du Jour de la Victoire, le Président Poutine a évoqué le monde multipolaire qui est, selon lui, plébiscité aujourd’hui. Dans ces conditions, l'Afrique est "en quête de revendiquer une meilleure position", a déclaré dans un entretien à Sputnik la ministre centrafricaine des Affaires étrangères Sylvie Baïpo-Temon.

"Nous avons besoin, en terme de positionnement, que l'Afrique soit reconnue comme un continent à part égale, dans lequel, dans l'ensemble des instances, des grandes décisions, comme celles de l'Organisation des Nations unies, et en l'occurrence du Conseil de sécurité, qui est l'organe garant de la paix, il faut que l'Afrique ait toute sa place", estime-t-elle.

Selon la ministre, l'Afrique doit prendre part aux grandes décisions de ce monde, surtout à celles qui concernent le continent lui-même:
"Le positionnement de l’Afrique doit être vu par un meilleur vecteur de la souveraineté des États africains. [… ] Aujourd'hui, nous sommes en capacité de décider de ce qui est bien pour nous. Et puis de faire face de manière très responsable aux conséquences de nos propres décisions. Donc nous ne pouvons pas être dans un monde aujourd'hui qui demande juste de faire ce qu’on nous dit, ce n'est pas reconnaître la souveraineté des états africains".

"C'est un système qui veut conditionner l'Afrique"

La cheffe de la diplomatie centrafricaine a également évoqué le problème de la souveraineté des états africains dans le contexte de l’accord céréalier.
Pour Mme Baïpo-Temon, "il est vraiment paradoxal de dire qu'on est en Afrique en insécurité alimentaire, alors que l'Afrique détient, en hectares, des terres suffisamment arables pour répondre à ses propres besoins. Mais, c'est un système qui veut conditionner l'Afrique en dépendance et c'est de ça dont nous devons sortir".
La ministre a également dénoncé les tentatives d’entretenir "l'application d'urgence humanitaire".
Selon elle, "les résultats de ces accords n'arrivent pas jusqu'au bout parce que nous, en tout cas en RCA, nous sommes totalement conscients du fait qu’on parle beaucoup de l'humanitaire, mais dans les faits, les appuis, les aides et les contributions qui sont donnés pour ces soutiens humanitaires pour répondre à l'insécurité alimentaire grandissante, n'arrivent pas au bout, n'atteignent pas en tout cas les bénéficiaires, ceux qui en ont vraiment besoin", a conclu Sylvie Baïpo-Temon.
L’accord céréalier censé assurer les exportations de céréales depuis l’Ukraine vers les pays dans le besoin arrive à échéance le 18 mai. La Russie insiste sur le dysfonctionnent de cette initiative: dans la pratique, les céréales ukrainiennes n’atteignent pas les pays pauvres, contrairement à ce qui était prévu, mais sont livrées en Europe alors que les céréales russes sont de facto sanctionnées.
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