"Patrimoine et culture": pourquoi Londres devrait restituer le diamant Cullinan à l’Afrique du Sud

© AP Photo / Chris J RatcliffeCouronne d'Élisabeth II
Couronne d'Élisabeth II - Sputnik Afrique, 1920, 07.05.2023
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Trouvé en Afrique du Sud et offert à la couronne britannique il y a environ 120 ans, le diamant Cullinan I doit regagner sa terre d’origine, estime auprès de Sputnik l’avocat sud-africain Kamanga Mothusi. Ce militant pour la justice sociale figure parmi les personnes qui font la promotion d’une pétition pour la restitution de la pierre précieuse.
Le diamant Cullinan I, aussi surnommé Grande Étoile de l’Afrique, doit revenir à sa terre d’origine parce qu’il fait partie du patrimoine, de la culture et de l’identité des Africains, a déclaré à Sputnik Kamanga Mothusi, diplômé en droit de l’université de Johannesburg et militant pour la justice sociale.
"C'est un signe de notre fierté, de notre héritage, de notre culture, de notre souffrance, de notre exploitation. C'est aussi un signe de notre lutte […]. C’est quelque chose que nous devons célébrer en tant que peuple d’Afrique du Sud en disant: ‘Nous avons traversé l’enfer. Et pourtant, nous avons encore l’espoir en l’avenir’ […]. C’est donc aussi un signe de notre avenir, car notre avenir est directement lié à notre présent, qui est le résultat de notre passé", a indiqué ce panafricaniste à tendance socialiste.
M.Mothusi est l’un des militants sud-africains qui font la promotion d’une pétition pour la restitution du Cullinan I qui orne actuellement le sceptre impérial britannique, ou sceptre à la croix, exposé avec les joyaux de la Couronne britannique à la Tour de Londres. Les auteurs du texte appellent à ce que le diamant revienne en Afrique du Sud pour être présenté au public dans un musée.

Rendre à César ce qui appartient à César

Selon M.Mothusi, ce diamant est un symbole de la fierté et de l’héritage de l’Afrique du Sud, représentation du "traumatisme" du pays, car étant un signe de son exploitation et de sa lutte pour l’indépendance. Pour lui, le joyau a été "pris dans des circonstances plutôt douteuses".
Le Cullinan, le plus gros diamant brut jamais découvert (3.106 carats) a été découvert en 1905 à Cullinan, en Afrique du Sud, et nommé d'après Thomas Cullinan, le propriétaire de la mine. En 1907, le gouvernement de la colonie du Transvaal a offert la pierre brute à Édouard VII qui régnait alors sur le Royaume-Uni et ses territoires. Les joailliers britanniques ont divisé la gemme en deux gros, sept grands et 96 petits diamants. Les plus volumineux morceaux sont le Cullinan I ou Grande Étoile d’Afrique, et le Cullinan II ou Seconde Étoile d'Afrique.
M.Mothusi souligne que cela ne peut pas être considéré comme un cadeau, car "celui qui ne possède pas, ne peut pas donner".
"Tout ce qui a été pris illégalement ou sans le consentement des communautés d’une région spécifique, doit être retourné ‘comme un signe de respect entre les nations, comme un signe de souveraineté’", a-t-il affirmé.
Avant d’ajouter que les Africains apprécieraient être traités sur un même pied d’égalité.

Une Afrique indépendante et libre dans son essence

L’avocat explique que l’Afrique obtiendra son indépendance et sa liberté lorsque ceux qui poursuivent des intérêts néocoloniaux sur le continent et continuent de piller ses ressources naturelles seront "retirés du tableau".
Pour lui, l’Occident a sans cesse essayé de changer certains chapitres de l’histoire, en particulier ceux de la période coloniale. C’est pourquoi il est primordial que les Africains connaissent leur passé réel.
"Il faut faire comprendre à notre peuple qu’il est toujours un esclave mental et qu’il doit s’émanciper", a souligné M.Mothusi.

Un monde multipolaire comme norme des règles du jeu

Le panafricaniste trouve qu’avec les changements récents engendrés par le multipolarisme à venir, les Africains ont de l’espoir, car les pays en développement auront leur mot à dire et cela sera une manière de normaliser les règles du jeu.
"S’il s’agit d’un monde multi-perspective, multi-idéologique, où nous ne nous jugeons pas les uns les autres en fonction de nos différences, mais nous nous jugeons les uns les autres sur la base du respect, du respect mutuel, de la souveraineté mutuelle et de l’égalité, alors je pense que dans ce contexte, nous aurons une meilleure chance de voir un monde égalitaire, de voir un monde meilleur et de voir un monde plus libre et démocratique", a-t-il dessiné.
Avant de conclure que les Africains ne devront pas se tourner vers d’autres pays pour qu’ils les guident comme s’ils étaient leurs parents, mais pour devenir partenaires.
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