Il y a neuf ans… Massacre à Odessa
© Sputnik . Alexandre PolitchoukIncendie dans la Maison des Syndicats à Odessa, 2 mai 2014
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Le 2 mai 2023 marque le 9e anniversaire de la tragédie qui a eu lieu dans la ville ukrainienne d’Odessa lorsque des radicaux ont incendié la Maison des syndicats, provoquant la mort de 48 personnes et faisant plus de 200 blessés. Retour sur cet épisode dramatique.
Le 2 mai 2014, des radicaux de Secteur droit* et des "forces d’autodéfense du Maïdan" ont attaqué des installations temporaires composées de chapiteaux démontables sur la place du Terrain Koulikovo, l'une des plus grandes d'Odessa.
Des habitants y collectaient des signatures en faveur d’un référendum sur la fédéralisation de l’Ukraine et l’attribution au russe du statut de langue d’État.
Les organisateurs étaient des opposants au coup d’État surnommé "Révolution du Maïdan" du 22 février 2014. La foule était composée notamment de retraités, de femmes et d’enfants, selon les témoins oculaires.
Évolution
La journée du 2 mai a commencé par des affrontements opposant des Ultras de Kharkov et d’Odessa aux militants du mouvement anti-Maïdan sur la place Grecque, à environ 3 kilomètres de celle du Terrain Koulikovo.
La rixe s’est ensuite propagée jusqu’aux chapiteaux démontables et les personnes attaquées sur la place du Terrain Koulikovo se sont réfugiées dans la Maison des syndicats voisine.
Les radicaux ont brûlé les tentes avant d’encercler l’édifice, avant d’y mettre le feu à l’aide de cocktails Molotov et de grenades de gaz. Des vidéos trouvables en ligne montrent des survivants qui disent que les assaillants, munis de haches, de grenades assourdissantes et d’autres armes, ont pénétré à l’intérieur de la Maison des syndicats.
D’après d’autres séquences, les radicaux ont tiré sur les personnes qui essayaient de sauter par les fenêtres pour échapper aux flammes ou les ont frappées avec des battes de baseball.
© Sputnik . Aleksandre PolitchoukDes personnes essayent de sauter par les fenêtres pour échapper aux flammes lors de l'incendie dans la Maison des Syndicats à Odessa, 2 mai 2014
Des personnes essayent de sauter par les fenêtres pour échapper aux flammes lors de l'incendie dans la Maison des Syndicats à Odessa, 2 mai 2014
© Sputnik . Aleksandre Politchouk
Le 3 mai, la télévision d’Odessa a diffusé une vidéo montrant des activistes de Secteur droit* forçant des blessés ayant survécu à l’incendie à ramper le long d’un soi-disant "couloir de la honte" dans la Maison des syndicats.
Triste bilan
Selon le bilan officiel du ministère ukrainien de l’Intérieur, 48 personnes ont trouvé la mort ce jour-là.
Maison des Syndicats:
32 personnes sont mortes de brûlures et d'intoxication au monoxyde de carbone,
10 personnes se sont écrasées au sol en sautant des étages supérieurs du bâtiment en flammes;
Place Grecque:
6 personnes ont été tuées lors des affrontements (dont deux ont succombé à leurs blessures à l’hôpital).
Plus de 250 personnes ont été blessées dans les heurts.
Des victimes proclamées coupables
Après cette tragédie, seuls des opposants au coup d’État ukrainien de 2014 ont été accusés d’avoir provoqué les désordres à Odessa et ont fait l’objet de poursuites pénales.
D’ailleurs, la justice ukrainienne n’a pas réussi à prouver leur culpabilité après plusieurs années d’enquête. Toutes les personnes mises en examen dans le cadre de cette affaire ont été acquittées.
Fin 2015, un comité consultatif international créé à l'initiative du secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, a estimé que l'enquête ukrainienne sur la tragédie d'Odessa ne répondait pas aux exigences de la Convention européenne des droits de l'homme.
"Quarante-huit personnes ont été brûlées vives dans la Maison des syndicats d'Odessa, il y a des vidéos qui le démontrent et qui sont accessibles à tous […]. On connaît les noms des personnes qui tiraient sur des gens qui sautaient du bâtiment en flammes pour y échapper […]. Les autorités ukrainiennes ont engagé des poursuites pénales contre ceux qu’on avait brûlés. Mais la communauté internationale, guidée par les règles américaines, ne manifeste aucun intérêt pour cette situation", a déclaré en janvier 2023 le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
* Organisation extrémiste interdite en Russie depuis novembre 2014 sur décision de la Cour suprême