"Nous n'osons pas arrêter d’œuvrer pour la liberté": un homme politique sud-africain
18:34 27.04.2023 (Mis à jour: 11:47 28.04.2023)
© Photo pixabayafrique du sud drapeau
© Photo pixabay
S'abonner
Cette année, l’Afrique du Sud célèbre le 29e anniversaire de ses premières élections démocratiques. Sputnik a interviewé M.Buthelezi, prince zoulou et fondateur du parti Inkatha de la liberté (IFP) qui a lutté activement contre l’Apartheid.
Le sens même du mot "liberté" va au-delà d'une simple proclamation d'indépendance ou de l'adoption d'une constitution qui promeut le droit de vote et les libertés démocratiques, car tout cela doit être traduit dans la pratique et se refléter dans la vie quotidienne des gens, a déclaré à Sputnik Prince Mangosuthu Buthelezi, homme politique sud-africain et fondateur du parti Inkatha de la liberté (IFP), à l’occasion de la Journée de la liberté en Afrique du Sud.
"Pour moi, la liberté signifie plus que le droit de vote. Tout au long de notre lutte pour la libération, j'ai travaillé pour garantir que notre liberté ne soit pas entravée par le besoin, la peur et les oppressions politiques. Les droits que nous avons dans notre Constitution démocratique ont peu de sens s'ils ne se traduisent pas dans l'expérience vécue de notre peuple", a-t-il expliqué.
L'un des plus éminents partisans de la liberté à l'époque de l'Apartheid affirme que pour lui, il s'agit plutôt d'une lutte de toute une vie pour la libération des Sud-Africains. Il note qu'il a personnellement consacré plus de 40 ans à la lutte contre les inégalités dans la société sud-africaine.
En se battant contre l’Apartheid, les Sud-Africains ont adopté une approche multi-stratégique pour se débarrasser du régime oppressif, estime M.Buthelezi. Le Congrès national africain (ANC), étant en exil, a appelé à l'instauration de sanctions internationales contre le régime et a déclenché une lutte armée. Dans le même temps, le parti de Buthelezi, l'IFP, a contribué à la libération des Sud-Africains en maintenant "le principe de résistance non violente qui avait été posé à la base du plus ancien mouvement de libération d'Afrique".
Lors des premières élections démocratiques multiraciales tenues le 27 avril 1994, l'IFP a remporté plus de deux millions de voix. Le parti a ainsi réussi à obtenir des sièges au gouvernement d'unité nationale. De 1994 à 2004, M.Buthelezi a été ministre de l'Intérieur. Il rappelle que c'est lui qui a proposé que le 27 avril soit réservé à la commémoration, en tant que Journée de la liberté.
Pour lui, la Journée de la liberté rappelle aux Sud-Africains que tout ce pour quoi ils se battent, leurs objectifs de vie et leurs idéaux sont réalisables, à condition qu’ils persévèrent et poursuivent leurs rêves.
"La Journée de la liberté commémore plus qu'un événement de notre histoire. C'est le rappel d'un idéal, et la possibilité d'atteindre un idéal, quels que soient les obstacles, si l'on est prêt à le poursuivre", a-t-il souligné.
M.Buthelezi, député de l'IFP depuis 1994, souligne que le coût le plus élevé de la réalisation de la liberté et de l'unité a été payé par ceux qui ont perdu la vie dans la lutte pour la libération et qu’ils sacrifices resteront à jamais dans les mémoires.
"Même si je voudrais dire que c'est grâce à notre courage, à notre magnanimité ou à notre capacité à pardonner, la transition ‘pacifique’ de l'Afrique du Sud est moins due aux qualités générales de notre peuple qu'aux efforts soutenus et engagés des vrais patriotes. Il a fallu énormément de travail dans les coulisses pour garantir des élections pacifiques", a expliqué le fondateur de l'IFP.
Le jour de la commémoration de l'un des événements les plus importants de l'histoire de l'Afrique du Sud, l'homme politique délivre son message à la jeune génération, les encourageant à continuer à lutter pour la liberté malgré tous les obstacles sur leur chemin, à croire en ce qu'ils font et à se souvenir que la contribution de chacun est d'une importance cruciale.
"N'abandonnez jamais. Laissez le succès de nos anciens combattants de la liberté vous inspirer à continuer de croire que la victoire est possible, contre toute attente. Nous n'osons pas arrêter de travailler pour la liberté, car il reste encore beaucoup à faire avant qu'elle ne soit pleinement atteinte par tous les Sud-Africains. Dans cette lutte, comme dans notre lutte du passé, chaque contribution individuelle est une condition nécessaire au succès", a-t-il conclu.