Mémorandum d’entente sur une zone économique RDC-Zambie: quelles perspectives?

Lithium  - Sputnik Afrique, 1920, 30.03.2023
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Lundi 27 mars, la République démocratique du Congo et la Zambie ont signé un accord-cadre pour créer une zone économique spéciale où doivent être fabriquées des batteries pour les véhicules électriques. Un universitaire zambien évalue les perspectives à l’intention de Sputnik.
L’intention des autorités de la République démocratique du Congo et de la Zambie de se doter d’une industrie de batteries électriques pour véhicules commence à prendre corps, avec la signature lundi 27 mars d’un contrat d’étude de faisabilité.
Les études seront préfinancées par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) à hauteur de 750.000 dollars.
Les opportunités de ce projet commun ont été décryptées pour Sputnik par Lubinda Haabazoka, directeur de Graduate School of Business à l’Université de Zambie.
Le Congo possède de riches ressources en minerais et la Zambie est considérée comme une base plus stable où des fonderies et d'autres infrastructures peuvent être construites. Donc, sur le papier, l’accord de création d’une zone économique spéciale entre les deux pays est une bonne affaire, estime l’expert.

L’implication des USA inquiète

"En réalité cependant, il y a beaucoup de scepticisme quant aux véritables motivations du mémorandum d’entente [entre la RDC et la Zambie, ndlr]. Le mémorandum a été signé aux États-Unis entre le Congo et la Zambie et jusqu'à présent, le motif de la participation des États-Unis n'est pas connu", détaille-t-il.
Cela suscite des questions chez les Zambiens et les Congolais, en particulier à un moment où il semble qu'il y ait une course aux ressources africaines.
"Divers responsables américains ont indiqué que leur objectif était d'expulser la Chine de l'Afrique et, à ce titre, le mémorandum d’entente est considéré comme un outil pour affirmer le monopole américain sur les matières premières à utiliser dans l'industrie des voitures électriques."
Une autre question qui se pose, en lien avec la coopération entre le Congo et la Zambie, est de savoir pourquoi, au moment où la demande mondiale de lithium a explosé, une grande partie des matières premières africaines est exportée par des multinationales au lieu d’être transformée en Afrique.

L’intérêt des multinationales

Lubinda Haabazoka rappelle que chaque année, l'Afrique perd plus de 50 milliards de dollars en flux financiers illicites et qu’une grande partie de cet argent est constituée d'impôts impayés dans le secteur minier grâce à l'évasion fiscale.
Les raisons des groupes étrangers sont évidentes: exporter les minerais bruts afin de sous-déclarer leur valeur, puis ajouter de la valeur dans leur propre pays et en fin de compte vendre à des prix plus élevés.
"Les pays qui ont résisté à cela ont vu un changement de régime parrainé par l'Occident et un arrêt des investissements directs étrangers jusqu'à ce que ces pays se soumettent."

Devenir un centre manufacturier mondial

Selon l’expert, pour mettre fin à cette pratique, il faut que l'Afrique parle d'une seule voix.
Pour que l'Afrique, si riche de ses ressources, devienne un centre manufacturier mondial, il faut qu’elle produise ses propres produits finis, ce qui est entravé par les politiques défendues par la Banque mondiale et le FMI.
"L'Afrique devrait se concentrer sur la création d'usines pour apporter une valeur ajoutée à la création d'emplois plutôt que sur l'approche des dépenses sociales défendue par le FMI", affirme l’expert pour conclure.
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