Lors de la guerre en Yougoslavie, "les Africains étaient plus bienveillants que les Occidentaux"

© Sputnik . Alexey VitvitskyAncien siège du ministère de la Défense détruit lors des bombardements de l'Otan en 1999
Ancien siège du ministère de la Défense détruit lors des bombardements de l'Otan en 1999 - Sputnik Afrique, 1920, 24.03.2023
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L'Otan a bombardé la Yougoslavie pendant 78 jours en 1999. Les frappes ont commencé le 24 mars. Un Serbe s'est souvenu au micro de Sputnik de cette période difficile et de l'arrivée par la suite de missions de la paix. Parallèlement, un colonel qui a commandé les forces spéciales françaises qualifie cet engagement de l'Occident de "faute majeure".
Le 24 mars 1999 débutait la campagne de bombardement de la Yougoslavie par les forces de l'Otan qui a duré 78 jours. Or, "la guerre n'a jamais cessé ici", a déclaré à Sputnik Bojan Milivojević, qui a passé toutes ces journées effrayantes de 1999 à Kosovska Mitrovica, devenue l'archétype de la ville divisée entre Serbes et Albanais. Il avait neuf ans à l'époque.
Les souvenirs douloureux ne le quittent pas depuis. "J'étais dans la salle de bain quand les premières bombes sont tombées. Par la fenêtre, nous avons entendu les sirènes. On nous a sommés d'évacuer le bâtiment tout de suite."
La famille a vécu ensuite dans le sous-sol, dans le noir et la terreur. Elle ne pouvait pas se douter qu'elle y passerait 78 jours.
Kosovska Mitrovica était une cible de choix pour l'aviation de l'Otan. Elle a notamment bombardé la colline où, comme le pensaient les pays agresseurs, étaient stationnées les troupes yougoslaves. Mais l'armée n'était pas là, le radar avait signalé des restes de bâtiments anciens. Les grands-parents de M.Milivojević habitaient là, et les explosions ont renversé la chaise sur laquelle était assise sa grand-mère.
Selon lui, tous les habitants ressentent aujourd’hui encore les retombées de ce stress.

Des Africains

"Quand les soldats de la paix sont arrivés, j'étais petit, mais je me souviens qu'ils étaient corrects envers nous les enfants. […] Les agents de la police de l'UNMIK (Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo), et surtout les gens de couleur venus d'Afrique, étaient plus bienveillants et plus affectueux envers nous que les étrangers de l'Occident. Les soldats de la KFOR (force armée multinationale mise en œuvre par l'Otan dans le Kosovo) se comportaient comme des professionnels, militairement."
L'un des soldats, originaire du Cameroun ou du Nigeria, jouait au football avec les enfants, raconte le Serbe, reconnaissant.
Même aujourd’hui, Kosovska Mitrovica vit plutôt en guerre qu’en paix, dit-il. Les drapeaux serbes, présents partout, montrent que le peuple d'ici se sent serbe. D'autre part, les drapeaux albanais et les arrestations fréquentes de Serbes, de même que la présence de soldats de l'Otan n'inspirent pas aux habitants de confiance envers cette mission.

Un Français a compris cette erreur

"Nous avons choisi le camp des fauteurs de guerre", regrette, 24 ans après, le colonel Jacques Hogard. Il a commandé les forces spéciales françaises lors de la guerre contre les Serbes. Sauf qu'il a compris qu’une erreur avait été commise très vite.
"Nous avons dû faire face tout de suite à des règlements de comptes de la part d'Albanais contre les Serbes, contre les Roms." Pour les faire partir, les Albanais brûlaient leurs maisons et les tuaient s'ils ne partaient pas, témoigne-t-il.
"Nous étions du mauvais côté. C'est la raison principale pour laquelle j'ai quitté l'armée quelques mois après", a-t-il indiqué dans une récente interview à la Radio-télévision de Serbie.
Arrivé en Yougoslavie après son démembrement, le militaire s'est rapidement rendu compte que le narratif officiel de l'Otan selon lequel "les Serbes sont méchants, les Albanais sont gentils" ne correspondait pas à la réalité. D'ailleurs, "ce n'étaient pas des Albanais", mais des gens de l'armée de libération du Kosovo, note-t-il.
"Mon drame à moi et des hommes qui m'ont suivi a été de constater que ce n'était pas du tout ça."
Le Français dit avoir senti qu'il n'apportait pas la paix, mais beaucoup de complications pour l'avenir. Et il a décidé de partir.
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