"Ils ne viendront pas nettoyer après": un expert déplore les effets des obus à uranium appauvri

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Un obus (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 22.03.2023
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Le possible envoi de munitions à uranium appauvri en Ukraine pourrait déboucher sur un désastre sanitaire et environnemental, explique à Sputnik l’expert militaire russe Alexeï Léonkov.
Londres a jeté un nouveau pavé dans la mare en proposant de livrer à l’Ukraine des munitions à uranium appauvri. Ces obus controversés ont la particularité d’être faits d’un matériau très dense, qui perce plus facilement l’acier, explique à Sputnik l’expert militaire russe Alexeï Léonkov.
"L'uranium appauvri est un composé chimique qui augmente la dureté du métal, améliorant la pénétration des munitions au contact des blindages. Nous utilisons le tungstène au lieu de ce matériau, l'industrie russe n'utilise pas ce type de munitions dans la fabrication d'obus antichars", déclare-t-il.
Car l’utilisation d’uranium appauvri a aussi des effets dévastateurs sur la santé et l’environnement. L’uranium, utilisé de manière enrichie dans certaines bombes nucléaires, laisse en effet dans son sillage des rayonnements ionisants, nocifs pour l’être humain.
"Ces munitions n'appartiennent pas à la catégorie des armes nucléaires, mais leur effet est comparable, car les rayonnements ionisants subsistent en quantité telle qu'ils sont dangereux pour la santé. Les restes de ces munitions infectent le terrain et les blindés […] Ceux qui vivent dans ces zones sont constamment en danger. Et ceux qui ont utilisé ces munitions ne viendront pas nettoyer après", résume Alexeï Léonkov.
Si les blindés touchés par de tels obus ne sont pas immédiatement enlevés du front, les précipitations peuvent charrier les substances radioactives dans les sous-sols et les plans d’eau, souligne encore l’expert.

Des précédents catastrophiques

Avant le conflit ukrainien, les munitions à uranium appauvri avaient d’ailleurs été utilisées sur d’autres théâtres, en particulier en Yougoslavie et en Irak. Des hausses importantes de cas de malformations et de cancers avaient été constatées après leur emploi, même si une certaine omerta règne toujours sur les faits, l’OMS ayant besoin de l’autorisation de Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour enquêter.
Des maladies inexpliquées se sont également déclarées chez des militaires déployés en Irak dans les années 1990, comme le syndrome de la guerre du Golfe, parfois relié à l’utilisation d’obus à uranium appauvri, explique à Sputnik Sandra Kanety, spécialiste des relations internationales à l'Université nationale autonome du Mexique.
"Dans les cas de la Yougoslavie et de l'Irak, où des projectiles à l'uranium appauvri ont été utilisés, il a été prouvé qu'ils affectaient non seulement la santé de la population civile, mais aussi les armées qui les utilisent en raison de leur toxicité élevée et de leurs radiations", déclare-t-elle.
Ce 20 mars, la vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie, avait admis que Londres comptait bien fournir à l’Ukraine des obus "contenant de l’uranium appauvri". Moscou a répondu que la Russie se verrait obligée de réagir si l’Occident commençait à livrer des "armes à composante nucléaire".
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