Francophonie en Afrique: la "langue coloniale" ou un modèle à enrichir?

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Dictionnaire Larousse  - Sputnik Afrique, 1920, 21.03.2023
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Si le continent africain tient une place centrale dans la francophonie, sa perception varie d'un pays à l'autre. Interrogés par Sputnik, un linguiste centrafricain prône le mélange de la culture française et nationale, tandis que le collectif malien COREMA songe à "se retirer de la colonisation intellectuelle et culturelle" française.
Le 20 mars a marqué la journée de la Francophonie, date célébrée dans le monde depuis 1988. Quel avenir pour la langue française en Afrique? La réponse n'est pas évidente et varie d'un pays à l'autre.

"Enrichir la francophonie"

Pour Apollinaire Sélézilo, enseignant-chercheur centrafricain, interrogé par Sputnik, il faut "enrichir la francophonie avec notre arrière-champ culturel". Le pays compte 78% de population francophone, selon le dernier rapport de l’Observatoire de la langue française.
"Il faudrait faire le mélange de la culture française importée par la colonisation avec la culture nationale pour avoir un élément déclencheur qui peut, de mon point de vue, être considéré comme un vecteur de développement mental, physique, économique et social", considère-t-il, ajoutant que "les francophones doivent réviser ou remodeler leur disque dur mental".
Le spécialiste pointe une sorte d’infantilisation à l’égard du français en Afrique: "Le plus souvent les pays francophones attendent de l'aide budgétaire de la France en échange de l'utilisation du français comme langue officielle […]. C'est cet état d'esprit qui nous infantilise". Selon lui, le phénomène est visible dans les établissements éducatifs, dans l’administration et même dans l’armée. Pourtant, les Africains doivent "insérer un autre outil de communication en dehors du français", considère-t-il.

"Se retirer de la colonisation intellectuelle"

Une perception diamétralement contraire au Mali, pays où 62% de la population est considérée comme francophone. Le 20 mars, le colonel Assimi Goïta a validé le projet de nouvelle constitution. Le document prévoit la dégradation du statut du français qui, de langue officielle devient celle de travail, explique à Sputnik Aboubacar sidick Fomba, porte-parole du COREMA (Collectif pour la refondation du Mali).
Par contre, "les langues nationales au Mali ont désormais un statut de langues officielles". Le collectif songe même à ce qu’elles remplacent "définitivement les langues coloniales de nos administrations". Cela est justifié par "une volonté manifeste de se retirer de la colonisation intellectuelle et culturelle" par le COREMA.
D’après le porte-parole, le russe, l’arabe, l’anglais pourraient dans le futur devenir des langues de travail, "mais la langue française sera désavouée par la majorité à cause du comportement néocolonial de la France".

Francophonie sur le continent africain

Parmi 321 millions de locuteurs français recensés en 2022 par l’Observatoire de la langue française, 47,4% habitent en Afrique subsaharienne et dans la région de l’Océan Indien. C’est considérablement plus qu’en Europe (31,2%) et dans les pays du Maghreb (14,6%).
"C’est sur le continent africain que se joue l’avenir de la langue française", constate l’organisation dans son rapport.
Le taux le plus élevé est en République du Congo (90% de la population des villes principales et secondaires).
Au total, la langue française demeure actuellement la 5e langue la plus parlée au monde, après l’anglais, le chinois, l’hindi et l’espagnol, selon l’Observatoire.
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