Le mensonge du siècle: comment un discours de Colin Powell a changé le Proche-Orient

© AP Photo / Elise AmendolaColin Powell
Colin Powell  - Sputnik Afrique, 1920, 05.02.2023
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Il y a 20 ans, le chef de la diplomatie américaine Colin Powell accusait l'Irak, à la tribune de l'Onu, de posséder des armes de destruction massive. Sa "preuve", une fiole de poudre blanche, est un fake reconnu. Sputnik a interrogé deux experts irakiens sur les retombées de ce mensonge.
"Toutes mes déclarations d'aujourd'hui s'appuient sur des sources solides. Ce sont des faits et des conclusions fondées sur des renseignements solides", déclarait Colin Powell à la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies le 5 février 2003. Il accusait ainsi l'Irak de Saddam Hussein de posséder des armes de destruction massive (ADM).
Il brandissait alors une fiole de poudre blanche qui constituerait une preuve "convaincante" du fait que le régime de Saddam Hussein menace le monde, mais surtout les États-Unis et le Royaume-Uni. Ce mensonge a coûté cher à l'Irak qui a perdu son État et a fait l'objet d'une invasion destructrice.
Washington ne s'en est jamais excusé. Au contraire, il a continué à mettre en œuvre son plan ce destruction du Moyen-Orient de l’Afrique du Nord: les guerres en Syrie, au Yémen et en Libye ont ensuivi.

"Le plus sanglant spectacle"

Selon l’homme politique irakien Imad Al-Din Al-Jubouri, le discours de Powell à l'Onu a été "le plus sanglant spectacle de l'histoire moderne".
"Les Américains ont calomnié sur l'Irak, et Powell ne l'a reconnu qu'avant de mourir. Il est absolument évident qu'aucun politicien ou fonctionnaire au pouvoir n'avouera jamais les crimes commis par les États-Unis en Irak", a-t-il déclaré à Sputnik.
Selon lui, l'Occident conduit par Washington avait planifié depuis longtemps sa frappe contre l'Irak, depuis 1988. Un Irak de Saddam, qui se muait en grand acteur régional, n'arrangeait pas du tout les Américains, avance l'expert.
"L'Irak a refusé de faire un compromis avec les États-Unis alors qu'ils exigeaient de désarmer et de réduire les effectifs de l'armée."
Or, l'invasion de l'Irak n'a pas été une promenade de santé pour les Américains, ajoute le politicien. "Les tapis de bombes sur notre pays ont duré 42 jours. L'armée américaine a rencontré une résistance acharnée de l'armée irakienne." Les Américains ont perdu beaucoup de soldats et de matériel militaire, puis ont demandé des négociations, a-t-il renchéri.

Mensonge et falsification

Pour le directeur du Centre d'études stratégiques de Bagdad Manaf Almoswi, le discours de Colin Powell est un "moment de transformation" tant pour l'Irak que pour tout le monde arabe.
"Le mensonge de Colin Powell au Conseil de sécurité a couté cher pas seulement à l'Irak. Ce n'était que la première étape du plan visant des changements au Proche-Orient", a-t-il déclaré à Sputnik.
"Aujourd’hui, 20 ans après, […] le projet de Nouveau Proche-Orient a échoué, tout comme le "Printemps arabe" qui a suivi quelques années plus tard, et les tentatives de créer un État islamique, Daech*. Ils ont tenté de détruire à fond l'Irak, puis la Syrie, la Libye et le Yémen pour les assembler à nouveau. Mais s'ils ont réussi à les détruire, ils ont échoué à les ré-assembler."
Même si les Américains ont été forcés à reconnaître que la fiole de Powell était une supercherie, ils ne le considèrent pas comme une erreur. Tel était le plan, martèle l'Irakien.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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