À la façon des X-Men, un étudiant de RDC cherche à contrôler des objets par la pensée

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Pierre Sedi - Sputnik Afrique, 1920, 15.01.2023
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Un étudiant de République démocratique du Congo met au point un prototype capable de contrôler les objets par la pensée. Dans une interview à Sputnik Afrique, il a raconté les détails de sa création, son travail sur l’interface cerveau-machines, le développement scientifique en Afrique et les problèmes qui touchent le secteur.
Pierre Sedi Nzakuna, ingénieur et finaliste en Génie informatique à la Faculté Polytechnique de l’Université de Kinshasa, développe un système capable de manipuler des objets en utilisant des commandes mentales. Ce type de recherche scientifique est assez rare en Afrique.
Dans un entretien avec Sputnik Afrique, il a dit qu’il s’était lancé dans ce projet afin de "parvenir un jour à la réalisation de ce rêve aussi vieux que le monde".
"Ma passion pour le contrôle des objets par la pensée est née dès mon jeune âge, lorsque je regardais le dessin animé X-Men Evolution dans lequel le Professeur Charles Xavier portait un casque cérébral qui lui permettait d'interagir à distance avec d'autres personnes. Puis en grandissant, j'ai découvert qu'il y avait déjà des gens qui travaillaient dessus, et qu'ils avaient mis au point ce qu'on appelle des "interfaces cerveau-machine", c'est-à-dire des systèmes capables de connecter un cerveau à un ordinateur pour envoyer des commandes mentales".
Selon lui, il a pu mettre au point à ce stade le prototype d’une interface cerveau-machine fonctionnelle pour le pilotage d’une petite voiture robotique. Il compte continuer de travailler à son amélioration.

Des obstacles rencontrés

Cependant, il a indiqué avoir rencontré certaines difficultés. Par exemple au niveau de l’acquisition des matériaux, car les casques électro-encéphalographiques (EEG) coûtent relativement cher.
"Afin de minimiser les coûts, nous avons dû utiliser des logiciels gratuits au lieu d'acheter des logiciels particulièrement dédiés à la recherche, qui coûtent cher", a expliqué l’ingénieur.
Une autre difficulté est de mettre au point une interface cerveau-machine fonctionnant en mode asynchrone:
"C'est-à-dire une interface cerveau-machine dans laquelle l'utilisateur est libre de penser à ce qu'il veut et à n'importe quel moment, l'ordinateur essayant d'interpréter en temps réel les signaux en provenance du cerveau pour détecter la présence d'une commande quelconque. Les interfaces cerveau-machine asynchrones souffrent de moins de publications scientifiques que celles synchrones, dans lesquelles c'est l'ordinateur qui dicte à l'utilisateur ce à quoi il doit penser à un instant précis".
De plus, il note qu’il y a une troisième difficulté majeure: "c'est l'interfaçage des différents modules logiciels que nous avons utilisés":
"Ces modules ayant été conçus par différentes maisons, il a fallu essayer de combiner différentes versions de ces logiciels jusqu'à trouver la combinaison de versions qui fonctionne".

Une aide pour les handicapés

Quant aux applications pratiques de ce système, il a dit l’avoir déjà testé avec six volontaires (trois masculins et trois féminins) et en bonne santé:
"Nos sujets ont apprécié notre système comme un gadget de haute technologie, qui pourrait permettre de commander un système de maison intelligente à distance, par exemple".
En outre, l’ingénieur estime que son innovation pourrait être utile à des personnes atteintes de handicap sévère, par exemple les tétraplégiques.

La situation actuelle dans le domaine des sciences

Entre autres, Pierre Sedi indique qu’en Afrique ce sont les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui "séduisent le plus les jeunes générations", car il est en effet plus facile pour les jeunes de créer une start-up avec un ordinateur, une connexion Internet et une bonne idée.
Selon lui, à travers toute l’Afrique il y a de jeunes gens "formidables qui réalisent des choses extraordinaires et qui prouvent que le talent est bel et bien présent".
Quant à l’avenir de l’Afrique sur le plan scientifique, M.Sebi estime qu’il est prometteur "pour les décennies à venir".
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