Macron: "Je n’ai pas à demander pardon" à l’Algérie

© Sputnik . Sputnik / Accéder à la base multimédiaEmmanuel Macron (photo d'archives)
Emmanuel Macron (photo d'archives) - Sputnik Afrique, 1920, 12.01.2023
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Emmanuel Macron a confié dans un entretien au Point qu’il n’allait pas "demander pardon" à l’Algérie pour la colonisation, car "le mot romprait tous les liens". Il a cependant invité le Président algérien à se rendre en France en 2023. Sa position a provoqué une vague de réactions sur la Toile.
Il y a deux ans, après avoir pris connaissance des propositions du rapport commandé à l'historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d'Algérie (1954-1962) pour tenter de sortir la relation franco-algérienne de la paralysie mémorielle, l’Élysée avait fait savoir qu’il n’y aurait "ni repentance ni excuses".
Depuis, le chef de l’État français reste droit dans ses bottes. Dans une interview accordée au Point et publiée mercredi 11 janvier, il a refusé de demander pardon à l’Algérie pour la colonisation.
"Je n’ai pas à demander pardon, ce n’est pas le sujet, le mot romprait tous les liens", a-t-il expliqué à l’écrivain algérien Kamel Daoud qui l’interviewait.
"Le pire serait de conclure: 'On s'excuse et chacun reprend son chemin'", a-t-il poursuivi. "Le travail de mémoire et d'histoire n'est pas un solde de tout compte. C'est, bien au contraire, soutenir que dedans il y a de l'inqualifiable, de l'incompris, de l'indécidable peut-être, de l'impardonnable."
Il a tout de même exprimé l’espoir que "le Président Tebboune pourra venir en 2023 en France" afin de poursuivre "un travail d’amitié […] inédit" après la visite qu’il a effectuée en Algérie en août dernier.
Des propos qui n’ont pas manqué de provoquer des réactions sur Twitter. Plusieurs internautes soulignent le nombre d’Algériens morts durant la période de la colonisation.
Toutefois, certains ont défendu la décision.

Pas d’excuses officielles, mais une reconnaissance des erreurs

Depuis plus de 15 ans, les parlementaires algériens tentent de faire adopter une loi demandant des excuses de Paris pour sa politique en Algérie, comparée à un génocide.
Ils avaient ainsi réagi à une loi française de 2005 reconnaissant le rôle positif de la colonisation. La loi a été ensuite abrogée, mais son abrogation a été précédée de la rupture par Alger du traité d’amitié avec la France.
Paris n’a pas daigné présenter ses excuses officielles aux Algériens, bien que des erreurs du passé colonial aient été reconnues, notamment par Emmanuel Macron, alors candidat à son premier mandat.
En 2017, il avait évoqué un crime contre l’humanité, de la barbarie, tout en appelant à ne pas remuer le passé.

Regain de tensions

Les tensions entre l’Algérie et la France ont rebondi après la publication début octobre 2021 d’un article du Monde relatant une discussion entre Emmanuel Macron et une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie.
M.Macron avait alors déclaré que "la nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit: tout le problème, c’est la France". Il avait également évoqué un discours "totalement réécrit qui ne s’appuie pas sur des vérités", mais "sur une haine de la France".
Le gouvernement algérien avait aussitôt rappelé son ambassadeur en France pour "consultations". Dans un communiqué, Alger avait dénoncé des "propos irresponsables", "non démentis", qui constituaient une "ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures".
Récemment, c’est la délivrance de visas français aux Algériens qui a ravivé les tensions. Alger souhaite s’en tenir aux accords d'Évian de 1962 et à l'accord de 1968, alors que Paris est plus réticent, tentant de serrer la vis sur la question migratoire.

Hommage à Abdelkader

Si la visite du Président algérien se concrétise cette année, un pas vers la réconciliation sera possible lors d’une cérémonie de recueillement sur les sépultures des membres de la suite d’Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française enterrés à Amboise où il a été détenu avec plusieurs membres de sa famille de 1848 à 1852.
"Je crois que cela fera sens dans l'histoire du peuple algérien. Pour le peuple français, ce sera l'occasion de comprendre des réalités souvent cachées", a-t-il indiqué.
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