Le terrorisme en Afrique relève d’une guerre "non conventionnelle" financée par l’Occident
15:06 04.01.2023 (Mis à jour: 13:28 11.01.2023)
© Photo Pixabay / FabdeAmbresAfrique
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Alors que la Russie exprime son inquiétude face au redéploiement des combattants terroristes du Moyen-Orient vers l'Afrique, le spécialiste béninois en sécurité Souleyman Amzat épingle les pays occidentaux, dont la France, dans ce phénomène qui "détruit" le quotidien des Africains.
Le continent africain étant en proie à des "turpitudes et difficultés" dans sa guerre contre le terrorisme, le consultant international béninois en problématique du terrorisme Souleyman Amzat pointe auprès de Sputnik les origines multinationales des bandes armées.
"Le terrorisme n'est pas né en Afrique. Il a d'abord commencé dans les pays du Moyen-Orient, l'Irak et l'Afghanistan, en passant par la Syrie, tous ces combattants-là qui ont été armés!", explique ainsi le président du Mouvement patriotique de la jeunesse panafricaine et de l’ONG Afrique sans frontières.
Une observation qui intervient sur fond des récents propos du vice-ministre russe des Affaires étrangères qui s’est dit la semaine dernière inquiet face au redéploiement des combattants terroristes du Moyen-Orient vers Afrique. Selon le responsable russe, cette tendance risque de déboucher sur la formation de califats en Afrique.
Financement occidental à double facette
Derrière ce problème de terrorisme se cachent les enjeux géopolitiques et géostratégiques des pays occidentaux, qui visent à déstabiliser l’Afrique et à obtenir accès à ses ressources naturelles. Le spécialiste dresse sur ce point aussi un parallèle avec la situation en Ukraine.
"Alors que l’Occident finance l’armée ukrainienne, une part de ce financement est destinée à des opérations clandestines du côté de l’Afrique. Je pense que c’est du financement de manière mi-légale, mi- terroriste étatique", observe Souleyman Amzat.
Et de déplorer: "C’est dommage que ceux qui ont semé la terreur dans le Moyen-Orient et qui ont tué des femmes et des enfants […], aujourd'hui se déportent vers l’Afrique avec les mêmes armes […] qui viennent de l'Ukraine, et financées par les mêmes moyens."
Souleyman Amzat a d’ailleurs pointé le rôle qu’a joué la France dans l’expansion du terrorisme, puisqu’elle ne l’a pas éradiqué, mais au contraire l’a financé:
"Nous avons vu la France lamentablement échouer dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Mali s'est même prononcé au niveau des Nations unies, avec des preuves à l'appui, pour faire savoir que la France était un État qui finance, qui arme et qui assiste le terrorisme en Afrique."
Le quotidien des Africains "détruit"
Le spécialiste des questions de sécurité a surtout regretté le caractère "asymétrique" de la lutte antiterroriste en Afrique, puisque tout le monde court dans tous les sens". Des réunions qui ont pour vocation à trouver des solutions "accouchent d’une souris", comme, par exemple, le dernier sommet de Malabo. Tout cela, alors que le terrorisme pille le continent.
M.Amzat est persuadé qu’"il faille prendre des responsabilités étatiques, former les troupes et les mettre en disponibilité opérationnelle, en capacité d'attaque et de défense pour parer à cette guerre […] qui n'est pas une guerre conventionnelle".
"Cette guerre n'a aucun avantage pour l’Afrique. Elle a des avantages pour ceux qui la mènent pour des raisons qui leur sont propres. Mais c'est une guerre qui détruit le quotidien des Africains, les empêche d'aller au développement", conclut le spécialiste.