Passé colonial: consensus impossible en Belgique sur des "excuses"

© Photo pixabay/dimitrisvetsikas1969Palais de la Nation à Bruxelles
Palais de la Nation à Bruxelles - Sputnik Afrique, 1920, 20.12.2022
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Une commission du Parlement belge sur le passé colonial a achevé ses travaux sur un constat d'échec, faute de consensus sur des "excuses" à formuler aux anciennes colonies. Cette annonce intervient le jour même où, aux Pays-Bas, le Premier ministre a présenté les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l'État dans l'esclavage.
La commission belge se penchait depuis près de deux ans et demi sur les agissements de la Belgique dans ses trois anciennes colonies "et les suites qu'il convient d'y réserver".
Sont concernés le Congo - l'actuelle RDC -, le Rwanda et le Burundi, devenus indépendants entre 1960 et 1962.
Socialistes et écologistes belges ont estimé que leurs partenaires libéraux dans la coalition au pouvoir portaient la responsabilité de l'échec de cette commission, par leur refus de voter un rapport intégrant de telles "excuses".

Les libéraux francophones (Mouvement réformateur, MR) et flamands (Open VLD) ont répliqué en accusant le président de la commission - l'écologiste flamand Wouter De Vriendt - de s'être "accroché à son unique point de vue" quitte à "sacrifier plus de deux années de labeur".

Lundi 19 décembre était le jour de l'ultime réunion de la "commission spéciale Passé colonial" censée aboutir à une série de recommandations formulées à la Chambre des députés. Mais faute de consensus au sein de la majorité, les 128 recommandations rédigées par M. De Vriendt n'ont été soumises à aucun vote.
"Les libéraux ont saboté les travaux de la commission par dogmatisme colonial", a accusé le député écologiste francophone (Ecolo) Guillaume Defossé en ciblant la famille politique du Premier ministre Alexander De Croo.
"C'est du gâchis, une déception énorme", a-t-il ajouté à l'AFP, "aujourd'hui chez nous les libéraux ne sont pas capables d'assumer ce passé-là".

Les "plus profonds regrets" du roi

Le 30 juin 2020, dans une démarche inédite pour un descendant du très décrié Léopold II (qui avait exploité le Congo comme sa propriété personnelle de 1885 à 1908, usant de violences), le roi des Belges Philippe avait exprimé au Président congolais Félix Tshisekedi ses "plus profonds regrets" pour les blessures de la colonisation. Des propos répétés à Kinshasa lors du premier voyage du souverain en RDC en juin 2022.
Dès l'été 2020, des voix s'étaient élevées parmi les Afro-descendants de Belgique pour réclamer des "excuses" au-delà de ces "regrets" du roi. L'onde de choc mondiale provoquée par le meurtre de l'Afro-américain George Floyd avait donné lieu en Belgique à des manifestations et au déboulonnage de plusieurs statues de Léopold II.
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