"L’Afrique n'a jamais aimé la coopération avec la France, depuis l'esclavage jusqu'à aujourd'hui"

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Afrique - Sputnik Afrique, 1920, 13.12.2022
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La jeunesse africaine "se réveille" et "ne veut plus être influencée et manipulée par la France", explique à Sputnik Fidèle Bidossessi, président du mouvement Planète des jeunes panafricanistes. Dénonçant "le comportement colonial de la France", l’homme insiste sur l’idée qu’"il n’y a pas de sentiment antifrançais en Afrique".
En visite en Côte d’Ivoire, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a récemment dénoncé le "discours antifrançais" et les "mensonges" développés par la Russie en Afrique de l’Ouest. Comme la diplomate a appelé la jeune génération à ne pas "se laisser entraîner" par ceux qui "veulent la manipuler", Sputnik s’est adressé à Fidèle Bidossessi, qui préside le mouvement international Planète des jeunes panafricanistes (PJP).
Dans son commentaire, le Béninois a regretté le fait que "le réveil des Africains" soit traité comme une conséquence de l’"influence russe".
"Au XXIe siècle, on continue de nous qualifier de sous-hommes. Parce que, pour eux, nous ne pouvons jamais nous réveiller. Pour eux, c’est toujours les gens de l’extérieur qui viendront nous manipuler. Si les Africains se réveillent aujourd’hui, selon eux, c’est parce que nous sommes antifrançais", a-t-il souligné.
D’après lui, si on considère la demande adressée à l’armée française de rentrer chez elle ainsi que les appels à réviser les accords coloniaux et à réformer le franc CFA comme des sentiments antifrançais, alors les Africains sont bel et bien antifrançais. Cependant, la réalité est différente. L’homme martèle qu’"il n’y a pas de sentiment antifrançais en Afrique". Il insiste sur le fait qu’il parle français et a des amis français, sans oublier les exemples de coopération économique entre la France et les pays africains.
En revanche, "l’Afrique veut sa liberté" et sa jeunesse "ne veut plus être influencée et manipulée par la France", et c’est pour cette raison qu’en France "on parle de sentiment antifrançais".

Contre la politique française en Afrique

Par ailleurs, l’homme souligne que "l'Afrique n'a jamais aimé la coopération avec la France, depuis l'esclavage jusqu'à aujourd'hui". Il affirme que de grandes figures comme Thomas Sankara et Mouammar Kadhafi ont été assassinées parce qu’ils étaient contre la politique française sur le continent:
"C'est ça qui a rebellé la jeunesse africaine. Thomas Sankara voulait libérer l'Afrique, il a été assassiné par la France. Et vous voulez qu'on continue à aimer cette politique française? Kadhafi, paix son âme, a été assassiné par la politique française. Il a été assassiné par Nicolas Sarkozy juste parce qu'il voulait libérer l'Afrique, juste parce qu'il finançait l'Afrique. Parce que quand Kadhafi était vivant et qu'il finançait l'Afrique, la France n'avait plus de mainmise sur l'Afrique. L'influence de la France en Afrique avait diminué parce que l'Afrique pouvait aller vers Kadhafi, aller vers la Libye pour une coopération monétaire. Ça leur faisait tellement mal qu’ils ont assassiné Kadhafi. La jeunesse africaine était là. Elle a suivi cette histoire. Elle a appris cette histoire, et pourtant elle est restée calme. Elle attendait le bon moment."
M.Bidossessi rappelle, entre autres, que c’est la France qui a toujours bloqué les projets africains visant à changer la monnaie coloniale. Par conséquent, l'Afrique reste le seul continent qui continue d’utiliser une monnaie coloniale.

Coopération militaire russo-africaine

Le président du PJP explique, en outre, que malgré plus de neuf ans de présence au Mali, l’armée française a échoué à éradiquer le terrorisme qui est responsable de la mort de plus de 4.000 Maliens. Or, Paris n’a pas apprécié que les autorités maliennes s’adressent à une société militaire privée russe.
"La France, qui est pourtant étrangère chez nous, qui est notre partenaire, déclare prendre des sanctions contre un pays qui a voulu coopérer avec un autre pays. C'est quoi ça? Ça, c'est la démocratie? On nous enseigne la démocratie, mais nous ne pouvons pas collaborer avec un autre partenaire. C'est en effet la troisième chose que les Africains détestent actuellement. Le comportement colonial de la France envers l'Afrique, que l'Afrique ne peut jamais faire un pas sans que la France ne s'ingère", a-t-il poursuivi.
À titre d’exemple, l’homme évoque la présence de plus de 5.000 militaires français en Afrique, dont au moins 950 en Côte d'Ivoire, pays qui n’est pas en guerre.
"Que font ces militaires en Côte d'Ivoire? Pourtant, il n'y a pas de bases militaires africaines en France. Pourtant, la France a des bases militaires françaises partout dans le pays", s’interroge-t-il.

Il ne faut pas prendre les Africains pour "des idiots"

M.Bidossessi s’indigne finalement des propos de Catherine Colonna qui a dénoncé "des forces à l'œuvre" qui racontaient à la population "des sornettes" et a évoqué le droit des Ivoiriens "de ne pas se faire prendre pour des imbéciles".
"Donc, nous autres, nous n'avons pas d'intelligence et c'est ce que les autres nous racontent que nous autres nous écoutons. N'est-ce pas? Au XXIe siècle, les Africains n'ont pas d'intelligence. C'est ce qu'elle veut dire. Ces gens n'ont jamais changé. L'ambassadeur de France au Burkina avait déclaré que les jeunes manifestants burkinabé qui sont contre l'armée française étaient des idiots. La politique française n'a jamais changé. Nous, les Africains, nous sommes traités d’idiots, mais eux, ils sont les plus intelligents. Si nous sommes idiots, alors partez de chez nous. Laissez les idiots diriger leur pays. L'Afrique n'est pas une terre française, ce n'est pas une terre européenne. Alors, pourquoi s'en mêler?", a-t-il conclu.
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