C'est mensonger de dire qu'il n'y a pas de restrictions sur les céréales russes, selon Lavrov
09:56 01.12.2022 (Mis à jour: 13:17 01.12.2022)
© Sputnik . Dmitry Stepanov
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Les représentants de l'Onu sont littéralement obligés d'"extorquer" des Etats-Unis et de l'UE l'autorisation d'exporter les produits agricoles russes, a affirmé Sergueï Lavrov.
Les problèmes de sécurité en Europe, la crise alimentaire frappant les pays les plus démunis et les entraves créées à l'exportation des produits agricoles russes... Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a couvert ces questions lors d'un point-presse en ligne ce 1er décembre.
Alors que des volumes considérables de céréales et engrais russes restent bloqués dans les ports maritimes européens, le ministre russe des Affaires étrangères a mis en valeur la contribution du secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres.
"Pour lui rendre hommage, il est en train de lever ces barrières, mais près de cinq mois après la signature de cet accord [céréalier, ndlr], la réaction des États-Unis et de l'Union européenne est extrêmement lente. Nos collègues de l'Onu doivent littéralement extorquer certaines exceptions à chaque fois", a expliqué Sergueï Lavrov.
"Un mensonge flagrant"
Ainsi, déclarer qu'il n'y a pas de restrictions entravant l'exportation des produits agricoles russes est "un mensonge flagrant", selon le ministre.
À la mi-novembre, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel a en effet qualifié de fausses les allégations selon lesquelles les sanctions antirusses entravaient l'approvisionnement alimentaire dans le monde.
Sergueï Lavrov a pour sa part expliqué que bien qu'il n'y ait pas de rubriques "Engrais et aliments en provenance de Russie" dans les listes de sanctions, il existe une interdiction des transactions bancaires, notamment pour la principale banque russe Rosselkhozbank, qui dessert plus de 90% de tous les approvisionnements alimentaires en provenance de la Russie.
En outre, les sanctions comprennent une interdiction d'accès des navires russes aux ports européens et des navires étrangers aux ports russes.
"Des sanctions s'appliquent également à l'affrètement et à l'assurance des navires", a ajouté le ministre russe.
Les priorités de l'époque de la guerre froide
Le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé les principes selon lesquels l'Otan avait été créée à la fin des années 40. Pour lui, l'alliance les suit toujours.
"Lorsque le premier secrétaire général de l'alliance, M.Ismay, a proposé la formule "Gardez les Russes hors de l'Europe, les Américains en Europe et les Allemands aux commandes" signifie absolument que l'OTAN revient à ces priorités conceptuelles qui ont été développées il y a 70 ans", a indiqué le chef de la diplomatie russe.
Selon lui, alors que l'Otan veut toujours maintenir les Russes hors de l'Europe, les États-Unis, à leur tour, ont asservi tout le Vieux Continent et contrôlent non seulement les Allemands, mais aussi l'ensemble de l'Union européenne.
En outre, on remarque de plus en plus "les prétentions du côté de l’Otan de dominer à l’échelle planétaire", d'après le ministre.
"Déjà, la région indo-pacifique a été déclarée zone de responsabilité de l'Otan. [...] Les pays en développement veulent comprendre quelles initiatives les pays de l'Otan peuvent préparer pour leurs régions".
Commentant les propos d’Anthony Blinken quant aux projets d’élargir l’Otan, le chef de la diplomatie russe a estimé que pour le futur développement de l’Alliance, les Américains vont s’appuyer sur des pays comme la Pologne ou les pays baltes "qui se positionnent comme les plus russophobes et racistes". Parallèlement, les Etats comme la France ou l’Allemagne sont relégués au second plan.
Quid de la diplomatie européenne?
M.Lavrov a en outre constaté un grand nombre de problèmes dans l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis la signature de l’Acte final d’Helsinki en 1975, "la plus grande réussite de la diplomatie de l'époque".
Selon lui, le forum des ministre des Affaires étrangères des pays membre de l’OSCE qui se déroule actuellement à Lodz, en Pologne, "est une bonne occasion de voir quel rôle cette organisation a joué depuis sa création".
Sergueï Lavrov a jugé essentiel de comprendre si la diplomatie européenne avait été préservée et ce qu'il en restait.
"Nous devons comprendre quand des personnes sensées apparaîtront dans la diplomatie européenne", a-t-il tranché.
Quant à la médiation européenne entre la Russie et l'Ukraine, pour le moment, il n'y a pas eu de proposition concrète, a tenu à souligner le ministre russe.
Outre le Président Erdogan qui avait indiqué à maintes reprises sa volonté d'y contribuer, M.Lavrov a confié n'avoir entendu "aucune initiative d'Italie, sauf du Saint-Siège". Et de poursuivre que son homologue italien Antonio Tajani émettait "des idées visant à trouver une solution, mais personne ne propose spécifiquement".
Vers un dialogue russo-occidental?
M.Lavrov doute que les choses dans le domaine de la sécurité européenne redeviennent comme avant. Une petite lueur d'espoir subsiste pourtant, sous la condition que ce soit uniquement des "nouveaux départs".
"Si à un moment donné, nos voisins occidentaux [...] et d'anciens partenaires s'intéressent soudainement à la restauration d'une manière ou d'une autre d'un travail commun sur la sécurité européenne, alors il ne sera pas possible de la restaurer, car la restauration est censée revenir à quelque chose d'antérieur. Mais il n'y aura pas de business habituel", a-t-il expliqué.