Protection de l'hippopotame: un différend entre Bruxelles et dix pays d'Afrique

© AFP 2023 Raul ArboledaUn hippopotame
Un hippopotame     - Sputnik Afrique, 1920, 08.11.2022
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Alors que les pays d’Afrique australe souhaitent un commerce contrôlé de l’ivoire, d'autres veulent que l'espèce soit protégée davantage. Un thème de débat pour la prochaine conférence des parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction.
Dix pays africains ont accusé l'UE de mettre en péril la survie de l'hippopotame commun, dans une lettre qui a pu être consultée par le Guardian. La raison de cette accusation est le fait que Bruxelles projette de s'opposer à la proposition d'interdire totalement le commerce des produits issus de l'hippopotame.
La lettre à la Commission européenne a été signée par le Bénin, le Burkina Faso, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, précise le quotidien.
La 19e session de la Conférence sur l’extension du champ d’application de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) se tiendra à partir du 14 novembre dans la ville de Panama, capitale du pays homonyme. L’extension de la protection à des espèces supplémentaires constitue l’un des principaux points de discussion.
Les propositions contradictoires émanant de différents États membres africains en ce qui concerne la protection de cette espèce et de plusieurs autres devraient donner lieu à des discussions animées. Les pays d’Afrique australe souhaitent notamment un commerce contrôlé de l’ivoire, annonce le Conseil fédéral suisse.

De "graves inquiétudes"

La chasse illégale de la viande et de l'ivoire est considérée comme l'une des raisons de la disparition de l'hippopotame dans cinq États africains: l'Algérie, l'Égypte, l'Érythrée, le Liberia et la Mauritanie. Cependant, Bruxelles prévoit de s'opposer à une tentative d'interdire le commerce mondial des produits issus de l'hippopotame, poursuit le Guardian.
Les dix pays signataires de la lettre expriment donc de "graves inquiétudes quant à l'avenir de cette espèce". "En s'opposant ouvertement à notre proposition, l'UE compromet les chances de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, qui sont des États de l'aire de répartition de plus de la moitié des populations d'hippopotames, d'assurer de manière adéquate la survie de l'espèce", indique la lettre datée du 20 septembre.

Un changement de catégorie demandé

Les dents d'hippopotame sont prisées par les chasseurs d'ivoire et figuraient parmi les parties de mammifères les plus couramment saisies en 2020, selon un rapport de la Commission européenne.
La population des hippopotames est aujourd’hui évaluée entre 115.000 et 130.000 individus. Celle-ci a cependant connu un déclin de 30 à 50 % au cours de la dernière décennie. En 2016, ces mammifères amphibiens ont été classés comme vulnérables à l'état sauvage et inscrits sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Les hippopotames, troisièmes plus grands mammifères terrestres après les éléphants et les rhinocéros, sont menacés par la chasse illégale, la perte et la dégradation de leur habitat.
Actuellement, ces mammifères sont répertoriés comme une espèce de l'annexe II de la CITES, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas directement menacés d'extinction, mais pourraient le devenir si leur commerce n’est pas réglementé. En septembre, le Parlement européen a appelé la Commission européenne à soutenir le statut d'annexe 1 pour les hippopotames et d'autres espèces. C'est aussi la volonté des dix pays africains.
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