Sarkozy sur la politique européenne: "Nous dansons au bord d’un volcan"
© Sputnik . Evgeniy Biatov
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En évoquant le conflit en Ukraine dans un entretien au Journal du Dimanche, Nicolas Sarkozy affirme qu’"il est plus que temps que des initiatives sérieuses soient prises pour parler de l’avenir et de la paix". "C’est à la France de prendre le leadership dans cette crise."
Dans un entretien-fleuve accordé au Journal du Dimanche Nicolas Sarkozy a évoqué sans rien éluder son soutien à Emmanuel Macron, la réforme des retraites, le nucléaire, le meurtre de la petite Lola, mais aussi la crise en Ukraine et le rôle de Paris pour la régler.
L’ancien chef de l’État estime que beaucoup de temps a été perdu sur la question ukrainienne et que la responsabilité première pour le drame qui se déroule dans cette région devrait être assumée par les Européens.
Il a rappelé qu’en 2008 Angela Merkel et lui s’étaient opposés à l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan car cela aurait été considéré comme une provocation par Moscou.
"Je regrette que l’Union européenne puisse donner l’impression d’être à la remorque des Américains. Enfin, que cela plaise ou non, les pays ne changeant pas d’adresse, l’Europe et la Russie sont condamnés à entretenir des relations de paix et de bon voisinage. Si nous avons réussi la réconciliation franco-allemande, nous serons capables de réconcilier l’Europe et la Russie. C’est à la France de prendre le leadership dans cette crise."
Un conflit "chaud" aux portes de l’Europe
Il a critiqué la position des institutions européennes sur la question ukrainienne et a remis en question la légitimité des décisions de la Commission européenne qui est "un organisme d’abord administratif".
"Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris en vertu de quel article des traités européens Mme von der Leyen peut justifier sa compétence en matière d’achats d’armes et de politique étrangère. Nous assistons à un conflit "chaud" aux portes de l’Europe. La seule chose que les Européens entendent aujourd’hui, c’est l’addition de milliards d’euros consacrés à l’achat d’armes. Toujours plus d’armes, toujours plus de morts, toujours plus de guerre ! Nous sommes à la merci d’une erreur de calcul, d’une exaltation, d’un énervement, d’une réaction épidermique. Nous dansons au bord d’un volcan", prévient-il.
Comment arrêter la guerre sans parler aux belligérants?
Et d’ajouter: "Il est plus que temps que des initiatives sérieuses soient prises pour parler de l’avenir et de la paix."
M.Sarkozy a également salué la volonté du Président de la République de communiquer avec Moscou.
"Le Président Macron a parfaitement raison de vouloir conserver le contact avec Vladimir Poutine. Comment arrêter la guerre sans parler aux belligérants? Non seulement on veut faire la guerre sans la faire, mais on voudrait en plus l’arrêter sans s’adresser aux protagonistes. Cela va finir par devenir très compliqué! Les mots ont un sens et il faut être prudent dans leur utilisation. Quand on dit qu’on ne parlera pas à la Russie tant que Poutine sera au pouvoir, cela revient à exiger un changement de régime à Moscou."