Hub gazier en Turquie: Erdogan passe aux actes
© Sputnik . POOL / Accéder à la base multimédiaVladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan lors de leur rencontre à Sotchi, le 5 août 2022
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"Cette démarche entreprise par la Turquie et la Russie offrira [...] la possibilité à l’Europe de s’affranchir de la dépendance politique vis-à-vis de l’Amérique". MM.Erdogan et Poutine ont chargé les délégations de matérialiser sans tarder l’idée d’un hub gazier. Des experts ont évalué le rôle du site pour les deux pays et l’Europe.
Sur le chemin du retour d’Astana où il a participé à la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, Recep Tayyip Erdogan a raconté aux journalistes quelles mesures avaient déjà été prises pour entamer la mise en œuvre de l’idée de son homologue russe sur un hub gazier en Turquie.
"M.Poutine et moi avons chargé d’une étude conjointe notre ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et un ministère approprié du côté russe. Ils mèneront cette étude. J’espère que nous créerons ce centre de distribution [de gaz] là où il y aura l’endroit le plus convenable possible. Nous avons un centre de distribution national, mais maintenant ce sera un centre de distribution international. Notre ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et la partie russe étudieront la question, nous présenterons leurs résultats et nous ferons le pas suivant. Il ne faut pas tergiverser", a-t-il fait savoir aux journalistes à bord de son avion.
De retour en Turquie, M.Erdogan a annoncé que le site pourrait être situé dans la partie européenne du pays: "La Thrace est l’endroit optimal pour ce centre de distribution".
Le 12 octobre, Vladimir Poutine a proposé lors du forum énergétique de Moscou de créer un hub gazier en Turquie. Selon lui, cela pourrait compenser l’absence de livraison via les Nord Stream. Le Président russe a souligné que cette décision serait économiquement raisonnable, d’autant plus que le niveau de sécurité serait beaucoup plus élevé.
S’affranchir de la dépendance des États-Unis
L’idée du dirigeant russe a suscité de vives réactions en Turquie.
Le journaliste et écrivain Ceyhun Bozkurt estime que la proposition russe témoigne d’une grande confiance envers la Turquie. Grâce notamment au couloir céréalier, à la non-adhésion aux sanctions antirusses, et grâce aux efforts de la Turquie en vue de parvenir à la paix entre la Russie et l’Ukraine.
"Nous espérons que ce processus aura des effets positifs et que cette démarche entreprise par la Turquie et la Russie offrira, dans une certaine mesure, la possibilité à l’Europe de s’affranchir de la dépendance politique vis-à-vis de l’Amérique et d’agir plus indépendamment", a-t-il avancé à Sputnik.
Le projet renferme un avantage supplémentaire pour la Turquie. Le prix du gaz livré à l’Europe sera supérieur à celui auquel la Turquie l’achètera à la Russie.
"Cela aura un impact sur l’opinion du peuple turc. Les relations turco-russes ont longtemps été sabotées. Le renforcement des rapports entre la Turquie et la Russie contribuera à l’état d’esprit positif envers cette dernière au sein de la société turque", estime le journaliste.
Un pays digne de confiance
Hasan Turan, député du Parlement turc et membre du groupe d’amitié parlementaire turco-russe, voit dans la proposition de Vladimir Poutine un signe de confiance envers la Turquie.
"Grâce à sa politique pacifique équilibrée, la Turquie est devenue un centre de confiance et de stabilité. La déclaration du Président russe [sur la création d’un hub gazier] traduit le fait que la Turquie s’est fait la réputation d’un pays auquel on peut faire confiance, dont l’opinion est respectée et qui est parvenu à construire des relations diplomatiques réussies", a-t-il confié à Sputnik.
Bulent Turan, chef adjoint du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement, au pouvoir en Turquie, estime que son pays pourrait jouer un rôle de poids face à la crise énergétique en Europe.
"La Turquie a joué un rôle clé reconnu par tous pour régler la crise céréalière et assurer la sécurité alimentaire. À l’heure actuelle, l’Europe parle d’une grave crise énergétique. La Turquie qui occupe une situation géopolitique importante du point de vue stratégique pourrait certes jouer un certain rôle en la matière", a-t-il réagi.