Élisabeth Borne à Alger: quels sont les enjeux de la visite?
07:26 09.10.2022 (Mis à jour: 15:28 09.10.2022)
© AP Photo / Francois MoriElisabeth Borne
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La Première ministre française se rendra à Alger ce dimanche 9 octobre pour parler jeunesse et coopération économique. Au micro de Sputnik, le Dr Ahmed Kateb, chercheur algérien en relations internationales, dresse le tableau de cette visite.
La venue d’Élisabeth Borne en Algérie fait suite à celle du Président Macron en août dernier, marquée par la signature de la déclaration pour un partenariat renouvelé entre Alger et Paris. Alors que les pays Occidentaux traversent une crise énergétique, l’Algérie a sa carte à jouer.
De son côté, l'Hexagone compte renforcer ses positions dans le pays africain. Plusieurs chefs d’entreprises françaises feront partie de la délégation qui se rendra à Alger.
Au micro de Sputnik, le Dr Ahmed Kateb a dévoilé les enjeux de la visite. Selon lui, elle permettra d’ouvrir une nouvelle page dans les relations franco-algériennes grâce à la déclaration citée plus haut.
"Les relations algéro-françaises qui n’étaient pas au beau fixe du fait de plusieurs facteurs, notamment la déclaration du président Macron concernant la nation algérienne. Aujourd’hui il semble que la brouille est derrière nous et que les deux parties veulent aller de l’avant pour bâtir ce partenariat renouvelé." a déclaré le Dr Ahmed Kateb.
Il est persuadé que "la question de l’énergie sur fond de crise mondiale du gaz" sera évoquée lors de la visite.
"L’Algérie fournit à la France l’équivalent de 3,5 milliards m3 de gaz par an, ce qui n’est pas rien. Il y a également la question des migrants et du retour de certains clandestins algériens en France. Donc il y a ce point d’achoppement et les deux parties vont plancher notamment sur cette question.", a-t-il déclaré.
"Seuls les intérêts font la différence"
Interrogé sur les intérêts français en Algérie, il a assuré que le pays a des atouts considérables liés à la nouvelle donne géopolitique née avec le début de l'opération russe en Ukraine.
"Du côté algérien, il faudrait savoir qu’Alger a des atouts considérables, surtout avec cette géopolitique nouvelle née après le 24 février. Il y a le retour vers l’Algérie, les Italiens surtout l’ont compris, les Français n’ont pas voulu être à la traîne par rapport aux Italiens. Macron est venu à Alger, il a fait pénitence par rapport à ses propos concernant la nation algérienne et les Algériens ont apprécié cette nouvelle disposition française. Mais il faut toujours garder à l’esprit qu’il y a des intérêts et seuls les intérêts font la différence", explique l'analyste.
Pour l’interlocuteur de Sputnik, les Algériens espèrent que les Français apprécient davantage les relations entre les deux pays.
"Il y a des divergences de points de vue, des divergences de stratégies, mais cela ne veut pas dire absolument qu’il y a une antinomie entre les deux capitales", constate-t-il.
L’Algérie "historiquement proche de la Russie et de la Chine"
Le Dr Kateb tient également à souligner que Washington considère l'Algérie comme un pivot central pour la stabilité de la région.
"L’Algérie ne peut pas être déconnectée ni de la Russie ni des autres pays. L’Algérie est proche historiquement de la Russie et de la Chine. Elle l’est également avec la France. Il y a des pressions, notamment à travers des lobbies marocains pour que l’Algérie soit sanctionnée par rapport à ses achats d’armement en Russie", indique le chercheur.
Cependant, malgré ces pressions, Washington "sait pertinemment que l’Algérie est une clé de voûte pour la stabilité de la région nord-africaine et la région du Maghreb-Sahel, de la Méditerranée et il n’est pas de leurs intérêts à provoquer le courroux d’Alger ni de provoquer le chaos dans la région", conclut-il.