Concurrence à SpaceX? Eutelsat va fusionner avec OneWeb et créer un géant de l'internet spatial

© Roscosmos / Accéder à la base multimédiaRetrait du lanceur Soyouz-2.1b avec 36 engins spatiaux OneWeb vers le complexe de lancement de Baïkonour
Retrait du lanceur Soyouz-2.1b avec 36 engins spatiaux OneWeb vers le complexe de lancement de Baïkonour - Sputnik Afrique, 1920, 26.07.2022
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L'opérateur français de satellites Eutelsat a annoncé mardi avoir signé "un protocole d'accord" pour fusionner avec le britannique OneWeb et sa constellation, une opération destinée à créer un géant dans la course à l'internet depuis l'espace face au mastodonte Starlink de l'américain SpaceX.
Après avoir annoncé lundi être en "discussions (...) en vue d'un éventuel rapprochement" avec OneWeb, dont il est déjà actionnaire à hauteur de 23%, Eutelsat a confirmé mardi que les actionnaires des deux entreprises détiendront chacun 50% des actions du futur groupe combiné.
La transaction, qui se fera par échange d'actions, valorise OneWeb à 3,4 milliards de dollars impliquant une valeur de 12 euros par action Eutelsat, a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
La réalisation de l'opération est prévue d'ici "à la fin du premier semestre 2023", a-t-elle ajouté.
Spécialiste de l'orbite géostationnaire, avec sa flotte de 35 satellites positionnés à 36.000 kilomètres de la Terre pour des services de diffusion par satellite et d'internet à haut débit, Eutelsat avait vu son titre plonger lundi de 17,8% à 8,57 euros à la Bourse de Paris après l'annonce du rapprochement.
La société britannique OneWeb a elle déjà déployé 428 des 648 satellites de sa constellation en orbite basse, à quelques centaines de km d'altitude afin de fournir de l'internet à haut débit et à faible latence, ou délai de transmission de données réduit, essentiel pour répondre à des besoins en forte croissance.
Outre le conglomérat indien Bharti (30%) et Eutelsat (22,9%), le capital de OneWeb comprend le gouvernement britannique (17,6%), le japonais Softbank (17,6%) et le conglomérat coréen Hanwa (8,8%).
Eutelsat est lui détenu à 20% par Bpifrance, la banque publique d'investissement de l'État français, ainsi que par le Fonds stratégique de participations (FSP) détenu par sept assureurs français, le reste du capital étant flottant.

Un marché prometteur

Ce projet de fusion vise à installer l'ensemble dans le secteur de l'internet spatial à haut débit en orbite basse, notamment pour desservir les régions isolées dépourvues de fibre optique. Un marché estimé à 16 milliards de dollars à horizon 2030, selon Eutelsat.
Positionnés à quelques centaines de kilomètres d'altitude, ces satellites, plus petits que les traditionnels satellites de télécommunications, permettent des communications à faible latence.
Dans cette course, l'américain SpaceX du milliardaire américain Elon Musk a pris une longueur d'avance. Plus de la moitié des 4.408 satellites de sa constellation Starlink a déjà été déployée (il en souhaite 42.000 à terme). Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, compte de son côté déployer plus de 3.200 satellites pour sa constellation Kuiper.
L'Union européenne souhaite elle aussi déployer sa propre constellation en orbite basse d'environ 250 satellites à partir de 2024, au nom de la souveraineté.
"Nous ne savons pas à quoi ressemblera la future constellation européenne mais nous sommes impatients d'entamer le dialogue avec la Commission", a déclaré mardi Eva Berneke, directrice générale d'Eutelsat lors d'une conférence téléphonique.
Quant à la Chine, elle dispose elle aussi de son propre projet de constellation, Guowang, de 13.000 satellites.
"Les constellations à basse orbite sont un marché qui peut potentiellement devenir stratégique pour les gouvernements", avait souligné lundi auprès de l'AFP Romain Pierredon, analyste chez AlphaValue.
"En ce moment, les enjeux sont de plus en plus souverains, on le voit avec les semi-conducteurs et dans d'autres industries. Le but est de ne dépendre de personne, donc l'Europe serait un potentiel gros client de OneWeb", avait-il ajouté.
Le déploiement de la constellation OneWeb a été mis à l'arrêt en février par l'interruption des vols de la fusée Soyouz, décrété par la Russie en réaction aux sanctions occidentales imposées après l'invasion de l'Ukraine.
"Cela aurait pu nous retarder pendant longtemps (...) mais nous avons reçu un soutien formidable des États-Unis et du gouvernement indien", a affirmé mardi le président exécutif de OneWeb, Sunil Bharti Mittal, précisant qu'un contrat pour 3,5 lancements avait été conclu avec SpaceX et que le gouvernement indien avait mis à disposition 2 fusées GLSV pour achever le déploiement de la constellation "très certainement d'ici mars 2023".
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