Les accords sur le blé ukrainien, un premier pas vers la paix? Des experts turcs partagés
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Les traités d’Istanbul sur les céréales ukrainiennes et les produits agricoles et engrais russes pourraient ouvrir la voie au règlement négocié du conflit en Ukraine, mais l’ambiance antirusse actuelle en Occident risque de compromettre de tels projets, estiment deux experts turcs interrogés par Sputnik.
Le fait que la Russie et l’Ukraine aient signé des documents à Istanbul en vue de régler la crise des céréales laisse espérer que le conflit en Ukraine puisse se régler à la table des négociations, a déclaré ce 23 juillet à Sputnik Baris Adibeli, analyste politique et expert de l’Asie.
"La signature de l’accord sur les céréales a montré que les parties étaient capables de négocier, de discuter des problèmes et de parvenir à un consensus. Cela signifie qu'il existe une possibilité théorique de rétablir la paix. Ceci est très important car un certain seuil critique a été dépassé", a noté l’expert.
D’autres pays producteurs devraient aussi partager leur blé
M Adibeli estime que la crise alimentaire ne prendra pas fin malgré la signature des accords, qui ne font que satisfaire "les besoins primaires des pays demandeurs de céréales".
Cette année, les États-Unis, l'Inde et la Chine ont établi un record de production céréalière, mais ils n’exportent pas de blé afin de constituer leurs propres stocks, note-t-il.
"L'ONU devrait intervenir et exhorter ces pays à partager les excédents de céréales avec les pays nécessiteux", insiste M.Adibeli.
L’attitude envers la Russie en passe de changer à l’Occident
"Le problème est que le monde occidental n'a pas encore renoncé à l’idée de pousser l'Ukraine contre la Russie. L'Occident, avant tout les États-Unis et le Royaume-Uni, souhaite que ce conflit se prolonge et fournit encore plus d'armes à l'Ukraine", indique à Sputnik Hasan Ünal, analyste politique turc.
Entretemps, l’ambiance en Europe commence à changer, estime l’expert. Le gouvernement allemand déclare notamment qu'il ne peut plus fournir une assistance à l'Ukraine en raison de la crise énergétique.
""Néanmoins, la position qu’adopteront des pays comme la France ou l’Italie n’est pas claire, des doutes subsistent aussi quant à une approche commune de l’UE. Pour le moment, il y a une ambiance antirusse. L'Europe continuera-t-elle à adhérer à cette position ou y apportera-t-elle des ajustements? L'avenir proche le dira", a conclu M.Ünal.
Accords d’Istanbul sur le blé et les engrais
Plusieurs documents ont été signés le 22 juillet à Istanbul en vue de résoudre le problème de livraison de vivres et d’engrais aux marchés mondiaux.
Un mémorandum permet à l’Onu de participer aux efforts pour lever les restrictions antirusses, lesquelles entravent l'exportation de produits agricoles et d'engrais. Un autre document détermine un mécanisme d’exportation de céréales depuis les ports de la mer Noire contrôlés par l'Ukraine. Les accords signés par la Russie, la Turquie, l'Ukraine et l'ONU prévoient la création d'un centre de coordination quadripartite, dont les représentants inspecteront les navires céréaliers afin d'empêcher la contrebande d'armes et les provocations.