Soupçonné de radicalisation, un pilote d’Air France conteste sa suspension

© Photo Pixabay / b1-fotoUn avion d'Air France (image d'illustration)
Un avion d'Air France (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 21.02.2022
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Un pilote d'Air France ne peut plus voler depuis trois mois, car celui-ci est soupçonné de radicalisation, rapporte Le Parisien. Ce professionnel expérimenté a décidé de se battre et de contester cette décision. Une suspension qui n’est pas un cas unique au sein de la compagnie.
Un pilote de la compagnie aérienne Air France a été suspendu pour des soupçons de radicalisation, rapporte Le Parisien. Rachid (le prénom a été changé) qui travaille dans l’aérien depuis 2005 a gravi progressivement les échelons pour finalement devenir officier pilote de ligne le 5 octobre 2021 après avoir réussi la sélection pour intégrer Air France.

Dix jours plus tard, c’est la douche froide. La préfecture de police de Paris et celle de Loire-Atlantique, où se situe le siège social de Hop, ont décidé dans un arrêté du 15 octobre 2021 de lui retirer son habilitation d’entrée aux zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes pour des soupçons de radicalisation.
L’arrêté en question reproche à Rachid sa proximité avec un ancien collègue d’Air Algérie "connu pour sa pratique rigoriste de l’islam". Toujours selon le document, les deux hommes partagent la même vision rigoriste contraire aux valeurs de la République et le pilote d’Air France fréquenterait des individus connus comme appartenant ou étant proches de la mouvance islamiste radicale.
Enfin, une note blanche qui est un document écrit, mais non signé par les services de renseignement, évoque que Rachid suit à la lettre les heures de prière, y compris pendant un vol et que celui-ci suit le jeûne du ramadan au mépris des règles de sécurité. Toujours selon la note, des collègues auraient fait savoir qu’ils ne souhaitaient plus voler avec lui.

Riposte du pilote

Le pilote qui conteste formellement ces accusations a saisi en référé le tribunal administratif de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, pour obtenir la suspension de cette décision préfectorale, comme le rapporte Le Parisien.
Son avocat Me Moutet a comparé cette décision à une mise à mort professionnelle. Celui-ci conteste les faits qui sont reprochés au pilote.
"L’existence de liens entre mon client et son ancien collègue d’Air Algérie ne signifie pas nécessairement une adhésion à la même pratique religieuse, étant précisé qu’il n’a pas connaissance d’une appartenance de ce dernier à une mouvance radicale."
L’avocat dresse au contraire un portrait élogieux de son client qui est fort d’un parcours professionnel exemplaire et d’une vie familiale aux antipodes de l’islam radical. Des collègues ont également témoigné en faveur du pilote. Il demande par conséquent la suspension du retrait d’habilitation et de ne pas tenir compte de la note blanche rédigée contre son client.

Des accréditations retirées par le passé

En octobre 2016, des accusations de dysfonctionnements au sein de la compagnie aérienne ont été révélées par Le Canard enchaîné. Face au tollé suscité dans un contexte de tension après les attentats de Nice survenus en juillet 2016, Air France avait démenti dans un communiqué les accusations portées par l’hebdomadaire satirique.
En novembre 2015, des perquisitions ont été menées à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle après que le MI6 a révélé que des agents fichés S avaient accès aux pistes. Suite à des fouilles qui ont eu lieu chez différents prestataires, 73 accréditations ont été retirées. La sécurité dans les transports était à l’époque une source d’inquiétude suite aux attentats du 13 novembre survenus à Paris.
Le Figaro a rapporté que des mesures supplémentaires de sécurité avaient été prises. Suite aux attentats de Paris, Air France a chiffré à 50 millions d'euros l'impact de ces derniers sur le chiffre d'affaires du groupe au mois de novembre 2015.
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