Les États-Unis s’embrouillent dans les dates de l’"invasion" russe de l’Ukraine

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 Maison-Blanche (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 12.02.2022
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Après des pronostics ratés sur l’invasion russe de l’Ukraine, Washington persiste avec de nouvelles estimations. Joe Biden, cité par une source reprise par Politico, évoque le 16 février, alors que Jake Sullivan table sur la semaine prochaine et des sources de Bloomberg pointent le 15 février. Même les Européens semblent émettre des doutes.
Début janvier, début février, "une fois que le sol aura gelé en février", "attaque imminente"… Les délais sont dépassés. Maintenant, c’est "à partir de la semaine prochaine", "le 15" ou "le 16 février". Les États-Unis s’obstinent à accuser sans preuves la Russie de préparer une invasion en Ukraine, alors que Moscou ne cesse de la réfuter et que Kiev écarte toute menace.
Selon une source de NatSec Daily citée par Politico, le Président américain a informé le 11 février ses alliés occidentaux lors d’un appel téléphonique que l’attaque sera lancée le 16 février. Cette date a été confirmée par "plusieurs responsables américains" auprès de Politico qui ne cite cependant pas leurs noms.
L’invasion pourrait être précédée d’une série de frappes de missiles et de cyberattaques, poursuit le média. Par ailleurs, une personne a qualifié celles-ci d’"imminentes", écrit Politico, et une autre a estimé que les informations obtenues étaient "spécifiques et alarmantes".
Les Européens ont cependant signalé avoir reçu des informations différentes de la part des services de renseignement concernant cette date, dont ceux du Royaume-Uni, indique le média. Deux diplomates ont également exprimé des points de vue encore plus sceptiques face au message américain, affirmant qu’ils "refusent toujours de l’acheter".
Jake Sullivan, le conseiller américain à la Sécurité nationale, a affirmé le 11 février aux journalistes que l’attaque aurait lieu "dès la semaine prochaine", avant la fin des Jeux olympiques. Même s’il déclare connaître la date, le déroulement lui reste inconnu: "Je ne peux évidemment pas prédire quelle sera la forme ou la portée exacte de l'action militaire".
Enfin, il a noté que l’invasion aurait lieu une fois ordonnée par Vladimir Poutine. Entre-temps, le Président russe a déjà fermement démenti ce genre de rumeurs, pointant que la Russie n’allait attaquer aucun pays.
Bloomberg, qui a publié début février "par erreur" un article intitulé "la Russie envahit l’Ukraine", avant de le retirer, continue d’attiser la flamme des spéculations. L’agence se réfère à des "responsables proches du dossier" qui lui ont demandé de rester anonymes "en parlant d’un sujet aussi sensible" pour affirmer qu’une action pourrait commencer "dès mardi", soit le 15 février.
Disant ne pas connaître "les intentions finales" de la Russie, l’agence évoque une "provocation dans le Donbass" ou une "attaque contre Kiev".

La Russie et l’Ukraine nient

Ces annonces ont été qualifiées de "sans fondements" par l’ambassadeur russe à Washington dans un entretien à Newsweek. Selon Anatoly Antonov, elles visent à contribuer "à la campagne de propagande contre notre pays": "Washington continue de jeter de la poudre aux yeux, en se fondant sur des renseignements dont les détails ne sont pas communiqués".
La porte-parole de la diplomatie russe a estimé que la Maison-Blanche avait fait de nouveau preuve d’hystérie, utilisant la désinformation et les menaces, outil préféré pour résoudre ses propres problèmes. Ce alors que "la brigade de la propagande, avec Bloomberg en tête, la sert", a déclaré Maria Zakharova.
Ces accusations gratuites affluent depuis fin 2021 de la part de l’Occident, bien que la Russie les démente. Les services de renseignement auxquels Washington et certains pays européens se réfèrent n’ont pas présenté de preuves d’une invasion en préparation.
Le seul indice étant pour eux l’accumulation de troupes russes près de la frontière avec l’Ukraine, ils s’en servent pour abonder en allégations, projets de nouvelles sanctions antirusses et pour renforcer la présence militaire dans l’Europe de l’Est et fournir des armes à Kiev, ainsi que pour appeler leurs ressortissants à quitter immédiatement l’Ukraine.
L’Ukraine, quant à elle, ne s’estime pas menacée. Le Président Zelensky a minimisé le danger russe lors de sa conversation téléphonique fin janvier avec Joe Biden qui insistait sur cela. Il a également appelé les Ukrainiens à ne pas paniquer et à distinguer les fausses informations de la situation réelle. Il a même accusé Washington et l’Otan de créer une panique.
"Avons-nous des chars dans nos rues? Non", a-t-il déclaré. "Je suis le Président de l’Ukraine, j’y suis basé et je pense que je connais mieux les détails d’où je suis", a-t-il insisté.
Enfin, le chef de l’État ukrainien a critiqué l’avalanche de prévisions de guerre:
"Il ne faut pas dire que la guerre aura lieu demain ou d’ici fin février ou bien dire que la guerre commencera d’ici la fin de l’année, comme c’était le cas en novembre [2021, ndlr], et ensuite dire qu’elle se déroulera en janvier ou en février", a tranché Volodymyr Zelensky.
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