Zemmour qualifie les HLM d’"antres à kebabs", deux organismes HLM portent plainte

CC BY-SA 2.0 / P.poschadel / HLM of Jardin Frémin, in Survilliers
HLM of Jardin Frémin, in Survilliers - Sputnik Afrique, 1920, 11.02.2022
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Le candidat de Reconquête! s’en est pris avec virulence aux HLM, les qualifiant de "terres d’islamisation" et d’"antres à kebabs et à femmes voilées" favorisant le trafic de drogues. Deux organismes HLM ont dénoncé les propos "stigmatisants et mensongers" d’Éric Zemmour et font appel à la justice.
La Confédération nationale du logement (CNL) portera plainte contre Éric Zemmour suite à ses propos sur les HLM, qu’elle juge "scandaleux".

"Jamais notre organisation n’acceptera que la haine du candidat raciste Éric Zemmour contre les habitant-e-s de logements sociaux, les étrangers et les femmes voilées, puisse être déversée en toute impunité", déclare la CNL dans son communiqué daté du 10 février.

La CNL est ainsi la deuxième organisation ayant décidé d’ester en justice suite aux propos du candidat. Le 7 février, l’Union sociale pour l’habitat (USH) a annoncé qu’elle porte plainte contre les propos "indignes", "stigmatisants et mensongers" du candidat.

"Les 11 millions de locataires HLM qui vivent dans le parc social, les 80.000 salariés et administrateurs qui œuvrent au quotidien pour aider les ménages modestes à faire face à des difficultés économiques et sociales ou de sécurité, sont insultés par ces propos de Monsieur Zemmour, qui ne visent qu’à exacerber les tensions de la société à leur encontre", a fait savoir l’USH dans son communiqué.

"Antres à kebabs"

Invité sur France Inter le 7 février, le candidat a lancé des diatribes contre les HLM:

"Tout le monde sait aujourd'hui, tous les Français savent aujourd'hui, sauf peut-être dans ce studio [de France Inter, que Zemmour a qualifié de "représentants de la pensée de gauche", ndlr] et dans le bureau de Monsieur qui dirige l'Abbé-Pierre, que les HLM sont des terres d'islamisation du pays. Et que tout le monde le sait aujourd'hui, surtout les pauvres gens et les braves gens qui sont restés, qui n'ont pas pu fuir ces HLM devenus des antres à kebabs et à femmes voilées, sans compter les trafics de drogue".

En cas de succès à la présidentielle, le candidat envisage de supprimer la loi SRU qui impose un quota de logements sociaux dans les communes importantes, ainsi que le droit au logement opposable (loi Dalo) et par cela rendre "un immense service aux classes populaires françaises".
Éric Zemmour a tonné que la loi Dalo permet de loger des "clandestins et des demandeurs du droit d’asile déboutés ou pas déboutés".
En promettant de réserver l’accès aux HLM exclusivement aux Français, il a ajouté qu’il expulsera "toutes les familles de jeunes délinquants" des logements sociaux.

Contre-arguments

Les propos du candidat concernant la loi Dalo ont été nuancés par Marianne Louis, directrice générale de l’USH, sur RMC le 8 février. Contrairement aux déclarations de Zemmour, le droit au logement opposable ne permet pas de loger des clandestins, a-t-elle fait savoir:

"Quand Monsieur Zemmour explique que par le droit au logement opposable on accueille des milliers de sans-papiers, des milliers de réfugiés, des milliers de personnes qu'il semble détester, c’est absolument faux, car c’est légalement impossible".

"Les clandestins n'ont aucune chance d'en bénéficier puisque dès qu'ils n'ont pas de papiers, ils ne peuvent pas y prétendre. Il suffit de regarder le texte de loi", a expliqué le 7 février Alain Gaulon, secrétaire confédéral à la CNL auprès de France Inter.

Il a par ailleurs souligné que la suppression de la loi Dalo proposée par Éric Zemmour est "complètement un non-sens par rapport à sa politique de priorisation des Français puisque ce sont énormément de personnes de nationalité française qui en bénéficient".
Un Français sur six vit actuellement dans un logement social et un Français sur deux y a vécu à un moment de sa vie, quelle que soit son origine, selon l’association Consommation logement et cadre de vie (CLCV) qui s’est constituée partie civile dans la plainte déposée contre le candidat par l’USH. Les catégories éligibles aux HLM sont "toutes les personnes qui ont la nationalité française, européenne ou extraeuropéenne, mais qui justifient un titre de séjour longue durée" et qui sont "sous plafond de ressources", a précisé la directrice générale de l’USH.
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