Les microbes intestinaux des rongeurs pourraient aider les astronautes, affirme une étude
© Photo Pixabay / skeeze / AstronauteUn astronaute
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Confrontés à des pertes de masse musculaire dans l’espace, les astronautes pourraient profiter de l’exemple de certains rongeurs, ressort-il d'une récente étude de l'Université Madison.
Les images d’astronautes s’exerçant à faire des pompes ou du vélo dans l’étroitesse de leur station spatiale appartiendront-elles bientôt au passé? Une récente étude publiée dans la revue Science postule qu’il existe d’autres méthodes pour enrayer la perte musculaire induite par la microgravité.
La science lorgne en particulier vers les animaux hibernants, qui doivent trouver un moyen de conserver leur intégrité musculaire, sans ingérer aucune protéine pendant l’hiver. Certains, comme les ours, s’en sortent en amassant des réserves de graisses en prévision de l’hibernation. Mais d’autres ont développé des stratégies plus intrigantes, comme l’explique un communiqué de l’université de Montréal.
This thirteen-lined ground squirrel has a message for all the squirrel haters! These squirrels get a bad reputation for digging up yards, but they can also be helpful, eating garden pests, insects and even mice. #SquirrelAppreciationDay
— U.S. Fish and Wildlife (@USFWS) January 21, 2020
Photo by Grayson Smith/USFWS pic.twitter.com/A9PUAR1FyX
Les scientifiques ont en effet découvert que le spermophile rayé, une espèce de rongeur d’Amérique du Nord, pouvait recycler l’azote présent dans ses urées, pour le transformer en protéines musculaires. Un processus connu sous le nom de "récupération de l'azote uréique". Pour ce faire, les animaux s’appuient sur des microbes intestinaux, comme l’ont prouvé les scientifiques, qui ont fait des expériences sur des spermophiles ayant un microbiote intestinal artificiellement appauvri.
Reste désormais à savoir si les protéines musculaires perdues par les astronautes partagent des similitudes avec celles recréées par la récupération d’azote uréique. Si c’est le cas, le processus métabolique à l’œuvre chez les spermophiles rayés pourrait présenter bien des avantages pour l’homme.
"Parce que nous savons quelles protéines musculaires sont supprimées pendant les vols spatiaux, nous pouvons comparer ces protéines avec celles qui sont améliorées par la récupération d'azote uréique pendant l'hibernation", résume ainsi dans le communiqué Matthew Regan, principal auteur de l’étude.
Lutte contre la sous-nutrition
Au-delà du cas des astronautes, la récupération d’azote uréique pourrait également aider les individus souffrant de fontes musculaires, comme les personnes âgées ou sous-nourries. Une solution serait alors de développer des pilules probiotiques ou prébiotiques, pour créer un microbiome intestinal du même type que celui des hibernants.
"Les mécanismes qu’ont développés certains mammifères, comme le spermophile rayé, pour maintenir leur équilibre protéique dans une situation limitée en azote, peuvent inspirer des stratégies visant à maximiser la santé d'autres animaux aussi limités en azote, y compris les humains", explique ainsi Matthew Regan dans le communiqué.
Plus de 45 millions de personnes sont proches de la famine, en raison notamment des conflits, du changement climatique et du Covid-19, avait rapporté en novembre dernier le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
La situation est particulièrement préoccupante en Éthiopie, au Soudan du Sud et au Nigeria, où près de 17 millions de personnes seront en insécurité alimentaire en 2022, selon l’Onu. La situation en Afghanistan inquiète également, depuis la prise du pouvoir par les talibans* en août 2021.
*Organisation sous sanctions de l'Onu pour activités terroristes