La résistance des bactéries aux antibiotiques pourrait s’avérer réversible
© Photo Pixabay / Myriams-FotosMédicaments
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En pleine pandémie de Covid-19, le problème de la résistance des bactéries aux antibiotiques revient au premier plan. Un chercheur russe aurait trouvé des peptides antimicrobiens naturels de l'Homme et de la perche de mer qui auraient la capacité de lutter contre les pathogènes résistants aux antibiotiques pour les rendre de nouveau vulnérables.
Un scientifique russe a étudié l'efficacité des peptides antimicrobiens naturels de l'Homme et de la perche de mer contre les superbactéries. Ces petites molécules protectrices sont non seulement capables de combattre les agents pathogènes résistants aux antibiotiques, mais sont également susceptibles de restaurer la sensibilité des micro-organismes aux médicaments, a conclu le chercheur. En outre, il s'est avéré que la combinaison de différents peptides peut avoir un effet synergique. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue Antibiotics. Elle a été soutenue par le Fonds scientifique russe (RNF).
"Si aujourd'hui le monde entier sait ce qu'est un nouveau coronavirus, demain tout le monde saura ce qu'est une Klebsiella résistante aux carbapénèmes, responsable de troubles intestinaux, de pneumonies, de septicémies et d'autres maladies, ou Pseudomonas coli, à l'origine des infections dites nosocomiales. Le groupe des antibiotiques carbapénèmes fait partie des médicaments de réserve utilisés pour traiter les maladies bactériennes les plus graves, mais malheureusement les micro-organismes développent aussi des résistances à leur égard", a détaillé le chercheur russe auteur de l’étude en question, Albert Bolatchiev, de l'université médicale d'État de Stavropol, cité par le site Indicator.
Cette recherche paraît alors que la croissance rapide de la résistance aux antimicrobiens marque nos jours et qu’il s’agit de l'un des problèmes les plus importants de la science médicale moderne. À ce jour, plus de 700.000 décès par an ont été attribués à l'augmentation du nombre de souches résistantes aux antibiotiques, selon le site du Fonds scientifique russe. Selon les estimations, au milieu du XXIe siècle, ce chiffre atteindra 10 millions par an. La propagation de souches multirésistantes entraîne non seulement une augmentation de la mortalité, mais aussi la prolongation du traitement et une augmentation des risques d'effets secondaires de l'antibiothérapie.
Une solution?
Une source potentielle de nouveaux médicaments pourrait être les peptides antimicrobiens courts qui sont produits par les organismes vivants pour combattre diverses infections et tumeurs. En raison de leur charge électrique positive, ils se lient aux membranes des agents pathogènes chargées négativement, perturbant leur intégrité, pénétrant et affectant négativement la synthèse de l'ARN et de l'ADN.
Le scientifique a étudié l'activité de deux de ces peptides de l’Homme et de la perche de mer et a élaboré des modèles tridimensionnels des molécules à l’aide de l'intelligence artificielle.
Les expériences ont montré l'efficacité tant des peptides eux-mêmes que de leur combinaison avec des antibiotiques. Dans ce dernier cas, ils étaient trois fois moins nécessaires, ce qui est particulièrement utile compte tenu de leur coût élevé. Le chercheur a testé cette approche dans le traitement de la septicémie chez les souris causée par l'injection de doses létales de bactéries résistantes aux carbapénèmes. Sans surprise, tous les animaux infectés meurent sans traitement. Dans les deux expériences, le traitement avec un seul carbapénème a été totalement inefficace.
Pour les infections provoqué par une Klebsiella, le traitement avec le hBD-3 seul, un peptide humain, a entraîné un taux de survie de 63,3 %, tandis que l'utilisation combinée de deux peptides à la fois, un de l’Homme et l’autre de la perche de mer, a été plus efficace, augmentant le taux de survie jusqu’à 70%.
En outre, l'utilisation d'un carbapénème totalement inefficace dans le traitement des souris contre la septicémie en association avec un peptide humain a permis de porter le taux de survie à 83,7%. Cela peut être dû au fait que le peptide antimicrobien humain transforme en quelque sorte la bactérie résistante aux carbapénèmes en une sensible à ces éléments.
"L'introduction des peptides antimicrobiens comme substitut aux antibiotiques est compliquée en raison de leur coût élevé. L'approche proposée dans cette recherche réduit le prix d'un nouveau médicament grâce à la combinaison. En outre, on peut conclure avec prudence que l'utilisation de peptides antimicrobiens est capable de restaurer la sensibilité des bactéries aux antibiotiques classiques", a résumé l’auteur de l’étude, ajoutant que des recherches supplémentaires seraient toutefois nécessaires pour en tirer des conclusions plus concrètes.