À une mutation près: des chercheurs de Wuhan tiennent à l'oeil le NeoCoV, un autre coronavirus

© Photo Pixabay/fernandozhiminaicelaUn laboratoire
Un laboratoire - Sputnik Afrique, 1920, 27.01.2022
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Proche du MERS-CoV 2, le coronavirus NeoCov recensé chez les chauves-souris en Afrique du Sud possède un récepteur capable de muter pour s’infiltrer dans les cellules humaines et échapper aux anticorps, indique une étude de chercheurs chinois. Des virologues russes pointent eux l’impossibilité de prédire une voie de transformation.
Des scientifiques chinois mettent en garde contre la menace potentielle d’un coronavirus découvert en Afrique du Sud chez les animaux, capable d’infecter l’homme et d’entraîner une maladie mortelle et transmissible.
Ce coronavirus appelé NeoCov, qui se propage chez les chauves-souris, fait l’objet d’études depuis au moins 10 ans. Selon cette nouvelle étude prépubliée sur le site bioRxiv, le virus dispose d’une enzyme du même type que celle du SARS-CoV-2, notamment le récepteur ACE2, qui permet de pénétrer dans les poumons. Cependant, l’enzyme propre au NeoCov agit uniquement chez les animaux.
Les chercheurs préviennent qu’une seule mutation de son génome suffirait pour que le virus acquière la capacité à s’infiltrer dans les cellules humaines.
De plus, le NeoCov est génétiquement proche d’un autre coronavirus, le MERS-CoV, qui est à l’origine des épidémies meurtrières survenues au Moyen-Orient en 2012 et 2015. Sa mortalité atteint 35% des cas diagnostiqués.
Au moins 85% du génome du NeoCov est identique au MERS-CoV 2 au niveau des nucléotides, souligne une étude publiée en 2014 dans le Journal of Virology, et menée par des chercheurs allemands et africains. De ce fait, le risque de mortalité d’une infection provoquée par le NeoCov est estimé élevé.
Enfin, le danger potentiel du nouveau coronavirus est associé à son échappement aux anticorps en raison des caractéristiques particulières du récepteur ACE2, suggèrent les chercheurs de l’université de Wuhan et de l'Institut de biophysique de l'Académie chinoise des sciences.
Autrement dit, ni l’immunité atteinte grâce aux anticorps formés lors de la maladie ni celle obtenue par la vaccination ne pourraient assurer une protection efficace.
Ce coronavirus avait été évoqué dans une étude menée par un groupe international de chercheurs, publiée en 2020 dans la revue américaine Infectious Diseases: Research and Treatment, sur les ressemblances et les différences entre le NeoCov, le MERS-CoV et le SARS-CoV, responsable de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère qui a sévi de 2002 à 2004. Selon les scientifiques, ce nouveau bêtacoronavirus avait été baptisé NeoCov en 2011.

Évaluation des risques

Commentant les dangers potentiels présentés par les chercheurs chinois, leurs collègues russes ont mis en valeur plusieurs éléments. Interrogé par Sputnik, le Centre national de recherche en virologie et biotechnologie Vektor, qui a mis au point le deuxième vaccin russe contre le Covid-19, EpiVacCorona, note que ce virus est pour l’heure incapable de se propager à la population humaine. Il souligne également la nécessité de mener des études plus approfondies.
Il est toutefois impossible de prédire avec certitude dans quelle direction le nouveau coronavirus pourrait muter, ajoute un virologue du Centre de recherche Gamaleïa d’épidémiologie et de microbiologie, concepteur du Spoutnik V.
"Les mutations peuvent non seulement amener au renforcement du pouvoir pathogène du virus, mais aussi à le diminuer", avance Alexandre Boutenko auprès de Sputnik Radio.
"On arrive parfois à obtenir à partir des souches en provenance de la nature, des variants qui provoquent une belle réponse immunitaire et restant anodins pour les humains". À titre d’exemple, il cite un vaccin contre la fièvre jaune dont l’immunité dure de 10 à 20 ans après une seule injection.
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