Le photographe René Robert est mort de froid à Paris dans l’indifférence terrorisante des passants

© Photo Pixabay / StockSnapParis
Paris - Sputnik Afrique, 1920, 26.01.2022
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Le photographe René Robert, connu pour son travail sur le flamenco, est mort de froid en pleine rue à Paris. D’après son ami, le journaliste Michel Mompontet, il a fait un malaise et aucun passant n’est venu l’aider. Seul un SDF a fini par appeler les secours, trop tard.
Un fait divers qui en dit long sur l’état de notre société. Dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 janvier, le photographe René Robert a laissé derrière lui une carrière artistique de 50 ans dans le monde du flamenco. En se promenant autour de chez lui, rue Turbigo en plein Paris, il aurait fait un malaise, sans pouvoir se relever, et sans qu’aucun passant ne vienne l’aider. Il est mort de froid au petit matin.
"Il est donc resté pendant plus de neuf heures dans le froid, seul, malgré les passants dans un quartier populaire, ignoré de tous", déplore son ami, le journaliste Michel Mompontet, dans une chronique sur Franceinfo.
C’est finalement un SDF qui a prévenu le SAMU, vers 6h30 du matin, évoquant une victime "allongée au sol, avec un traumatisme crânien et du sang".
"Comment a-t-on pu en arriver là?", pose alors M.Mompontet, dénonçant une "humanité si inhumaine". Il invite ensuite à se demander si chacun aurait réagi dans cette situation, alors que lui-même doute être à 100% sûr de s’arrêter s’il voyait une personne allongée au sol dans une rue. "Quand un humain est couché sur le trottoir, aussi pressés que nous soyons, vérifions son état. Arrêtons-nous un instant", exhorte le journaliste sur Twitter.
Il espère finalement retrouver le SDF qui avait appelé les secours pour le remercier de son humanité, même s’il était trop tard.

Effet du témoin

Régulièrement, la presse rapporte des faits divers où des personnes victimes de malaise ou des SDF meurent en pleine rue dans l’indifférence générale. Cela a par exemple été le cas lundi 24 janvier à Avignon, où un sans-abri de 56 ans bien connu des riverains est décédé dans le centre de la ville, pour des raisons encore méconnues.
Être témoin d’un malaise voire d’une agression ne déclenche pas forcément une réaction, et encore moins lorsqu’il y a foule. Ce processus psychologique appelé "effet du témoin" ou "effet spectateur" est en réalité étudié depuis des décennies. En 1968, les psychologues américains John Darley et Bibb Latané ont démontré son existence.
D’après leurs recherches, plus le nombre de témoins est élevé, moins chacun d’entre eux va être enclin à réagir, car ils attendent la réaction de quelqu’un d’autre. Un phénomène expliqué à la fois par la diffusion de la responsabilité (un témoin seul porte toute la responsabilité, mais celle-ci est divisée par 10 s’il y a 10 témoins, etc.) et l’appréhension du jugement. Il serait plus difficile de prendre l’initiative d’aider quelqu’un si d’autres personnes nous regardent.

SDF en France

D’après la fondation Abbé Pierre, la France compte plus de 300.000 personnes sans domicile fixe: 185.000 vivent dans des centres d’hébergement, 100.000 dans des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, 16.000 dans des bidonvilles et 27.000 dans les rues. Ce chiffre a doublé depuis 2012. Pour régler la question, la Fondation réclame la construction de minimum 150.000 logements sociaux par an.
En juillet 2017, peu après avoir accédé à l’Élysée, Emmanuel Macron avait prononcé un discours depuis Orléans, promettant de "loger tout le monde dignement". "Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus", avait-il insisté. Accusé de n’avoir pas tenu sa promesse, d’autant plus qu’il avait baissé de cinq euros l’aide personnalisée au logement (APL), il a assuré deux ans plus tard, le 24 janvier 2019, qu’il ne parlait pas des SDF mais des demandeurs d’asile.
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