Non vaccinés, ces propriétaires normands préfèrent vendre leur restaurant
© Photo Pexels/Kevin Bidwell / Table de bistrot en acier inoxydableUn bistrot, image d'illustration
© Photo Pexels/Kevin Bidwell / Table de bistrot en acier inoxydable
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Déjà visée par une fermeture administrative à cause du refus de ses propriétaires d’opter pour la vaccination, une brasserie dans l’Eure est désormais à vendre. Une décision radicale pour contrer l’arrivée du pass vaccinal, alors que certains professionnels du secteur déplorent l’obligation de contrôler les papiers des clients.
Alors que le pass vaccinal est entré en vigueur ce 24 janvier au matin et nécessite désormais le contrôle des clients en cas de doute à l’entrée des bars et restaurants, certains professionnels s’opposent à la mesure.
C’est notamment le cas des propriétaires de la Cabane café à Conches-en-Ouche, dans l’Eure, mère et fils. Déjà visé par une fermeture administrative suite au refus de ceux-ci de se vacciner, l’établissement est actuellement à vendre.
"Dictature sanitaire, la Cabane café se meurt. À vendre", indique la banderole sur la brasserie.
Les propriétaires ont décidé d’opter pour cette mesure radicale non seulement parce qu’ils ne veulent pas se vacciner, ce qui est obligatoire pour le personnel des restaurants, mais aussi parce qu’ils ne veulent pas contrôler leurs clients.
"Comment demander aux clients de présenter leur pass vaccinal quand on est soi-même non vacciné et, cerise sur le gâteau, il faudrait aussi demander une pièce d'identité! Au nom de quoi je demanderais un titre officiel alors que je ne suis pas assermentée?", déplore Sylvie Delafenêtre auprès d’Actu.fr.
Pas des "antivax"
Or, ils insistent sur le fait qu’ils ne sont pas "antivax".
"Je suis trop jeune. Il est toujours en phase test, j’attends 2023 pour voir la suite, on ne sait pas ce que ça va faire dans deux ans le vaccin", indique la patronne de 53 ans auprès de l’antenne locale de France Bleu.
Plus tôt, elle avait indiqué à Actu.fr que ses autres enfants étaient vaccinés et qu’elle ne s’y était pas opposée. N’ayant pas confiance en le vaccin et étant fumeuse, elle dit avoir plus peur du cancer des poumons que du Covid.
Son fils Damien ayant obtenu son pass suite à la maladie, le certificat expirera d’ici six mois. L’établissement est ainsi à vendre.
Au départ, l’établissement avait envisagé "un gros concert le 29 janvier", mais a décidé de l’annuler "pour calmer le jeu" et éviter un nouveau contrôle des services de l’État.
"Ce n’est pas notre mission"
Interrogé par Ouest-France sur les nouvelles règles de contrôle des papiers en cas de doute, Hubert Jan, président de la branche restauration de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) a tenu à souligner que "ce n’est pas [leur] tasse de thé".
"Le gouvernement a fait le choix de ne pas mettre la photo d’identité des personnes sur le pass. Cela reporte sur nous la responsabilité d’un éventuel contrôle. Ce n’est pas notre mission."
Et de poursuivre qu’ils ne procéderont aux contrôles qu’"en cas de doute très important".
"Si un homme nous présente le pass d’une femme, par exemple. Mais point barre. Pas question de glisser vers du délit de faciès. Jamais on ne rentrera dans ce système-là. En revanche, on continuera à vérifier les pass", a-t-il précisé.
Rappelant que le secteur est actuellement "en extrême fragilité", le professionnel a précisé que la situation s’est surtout dégradée depuis le mois de décembre, "lorsque le Premier ministre a demandé de limiter les repas au restaurant, de rester au maximum en télétravail".